Commentaire de Romains 9

Abraham, Ismael et Isaac

Romains 9 est certainement le passage biblique le plus important dans l’argumentaire du calvinisme. Il est donc important de comprendre comment les calvinistes le comprennent. De même qu’il est nécessaire de comprendre comment les non-calvinistes l’interprètent. Cet article va tenter d'exposer verset par verset une interprétation arminienne équilibrée.

À quoi ou à qui Paul répond-il ?

Tout au long de ce chapitre, nous voyons Paul s’opposer à quelque chose. Pour comprendre ce que veut dire Paul dans Romains 9, il est impératif de comprendre contre quoi (ou qui) il argumente. Qui sont les opposants que combat Paul dans Romains 9, et que soutiennent-ils ?

Il y plusieurs raisons laissant penser que, dans l'ensemble du livre de Romains, Paul fait face à l'opposition des juifs non chrétiens. Tout d'abord, le contexte conduisant au chapitre 9 se réfère à des juifs opposés à l’œuvre de Christ (Rm 3:1 ; Rm 3:3 ; Rm 3:5 ; Rm 3:8 ; Rm 3:31 ; Rm 4:1-25 ; Rm 6:1, etc.). Deuxièmement, le chapitre de Romains 9 lui-même traite d'Israël du début (Rm 9:1-5) à la fin (Rm 9:24-33). Troisièmement, Paul cite à plusieurs reprises les Écritures de l'Ancien Testament dans son argumentation, ce qui fait sens dans le cas où l'opposition qu'il combat est juive.

Si nous ne comprenons pas ce point crucial, Romains 9 n'aura pas de sens véritable pour nous chrétiens contemporains. Nous devons éviter les interprétations totalement anachroniques supposant que Paul voulait fournir une réponse à une opposition d’athées contemporains ou d’arminiens ! Les opposants auxquels Paul répondait dans le livre des Romains étaient des juifs, le chapitre 9 n’échappe pas à cette ligne directrice. Nous devons donc réaliser ce contre quoi Paul s'oppose pour pouvoir identifier ce qu'il défend.

Romains 9:1-2

Je dis la vérité en Christ, je ne mens point, ma conscience m’en rend témoignage par le Saint-Esprit : J’éprouve une grande tristesse, et j’ai dans le cœur un chagrin continuel.

Paul a connu de nombreuses tristesses, mais celle-ci semble pire que les précédentes ! Quelle est la cause de cette tristesse presque inconsolable que ressent Paul ? Le verset Rm 9:3 nous apprend qu'il est affligé par le fait que ses frères juifs rejettent le glorieux évangile que Paul évoque dans les chapitres précédents Rm 1-8.

Après avoir partagé une réflexion sur l'amour de Dieu transmis par le Christ, Paul pense à sa famille et à ses amis juifs qui ont rejeté cet incroyable don. Sa réflexion concernant l'œuvre du Christ a suscité en lui l’envie d'être comme Christ : se sacrifier pour le bien des autres.

Romains 9:3

Car je voudrais moi-même être anathème et séparé de Christ pour mes frères, mes parents selon la chair,

Du point de vue calviniste à 5 points, Jésus (Dieu) ne désire pas que tous les Juifs soient sauvés. Ce passage signifierait-il que Paul émet le désir de faire quelque chose que Dieu lui-même ne désire pas ? Leighton Flowers écrit : « Il faut supposer avec de telles interprétations que Paul était plus miséricordieux et plus sacrificiel que le Sauveur qui lui a inspiré ses paroles. Il est incompréhensible, étant donné l'appel à l'amour sacrificiel de Paul, de promouvoir une doctrine qui enseigne que Jésus n'avait pas l'intention de se sacrifier pour ces juifs endurcis1FLOWERS, Leighton. The Potter’s Promise: A Biblical Defense of Traditional Soteriology. Evansville, IN : Trinity Academic Press, 2017, p. 99.. »

Paul affirme qu'il « dit la vérité en Christ » et que ses paroles proviennent de « l'Esprit Saint ». Bien sûr, toute l'Écriture est inspirée de Dieu (2Tm 3:16), mais Paul s'évertue particulièrement dans ce passage à affirmer que ce désir de mourir pour ses frères juifs provient de « la vérité ». Le théologien réformé John Stott commente : « Il sait que la conscience humaine est faillible et culturellement conditionnée, mais il affirme que la sienne est illuminée par l'Esprit de vérité lui-même2STOTT, John R. W.. The message of Romans: God’s good news for the world. Downers Grove, IL : InterVarsity Press, 2001, p. 264. ». Par conséquent, nous ne pouvons pas considérer ce passage comme faisant référence au seul souhait personnel de Paul qui pourrait être contraire au désir de Dieu. Dieu et Paul désirent tous deux que tous les hommes soient sauvés.

Romains 9:4-5

Qui sont les Israélites, à qui appartiennent l’adoption, la gloire, les alliances, la loi, le culte, les promesses, et les patriarches, et de qui est issu, selon la chair, le Christ, qui est au-dessus de toutes choses, Dieu béni éternellement. Amen !

Paul décrit toutes les bénédictions qui appartiennent au peuple juif : l'adoption3Il va de soi que l'adoption de la nation juive (Ex 4:22) est différente de l'adoption chrétienne (Rm 8:15 ; Rm 8:23). L'adoption dont parle tout l'Ancien Testament fait référence à la nation d'Israël dans son ensemble (Ex 4:22 ; Dt 14:1-2 ; Es 63:16 ; Es 64:8 ; Jr 31:9-20 ; Os 11:1 ; Ml 2:10)., la gloire, les alliances, la loi, le culte, les promesses, les patriarches et même le Messie. Dieu a donné toutes ces choses au peuple juif alors que celui-ci rejette catégoriquement son Messie.

Paul a déjà enseigné que c’est au peuple juif que « les oracles [la parole] de Dieu [...] ont été confiés » (Rm 3:2). Ces bienfaits leur avaient été confiés, mais à cause de l'incrédulité et de leur système de justice basé sur les œuvres, ils n'ont pas voulu croire en Jésus.

Le « Amen ! » ne signifie pas que Paul a fini de traiter son sujet pour pouvoir en traiter un nouveau au verset suivant. Rm 9:6 est la continuation de la pensée que Paul a mentionnée dans les versets 1 à 5. Leighton Flowers écrit : « Paul poursuit son raisonnement malgré le saut de paragraphe et le nouveau titre ajouté dans certaines traductions modernes. En fait, la conjonction (« ce », « toutefois » ou « mais » selon la traduction) qui commence la phrase [verset 6] confirme clairement que la réflexion de Paul est en lien avec les versets précédents4FLOWERS, Leighton. The Potter’s Promise: A Biblical Defense of Traditional Soteriology. Evansville, IN : Trinity Academic Press, 2017, p. 102. ».

Romains 9:6

Ce n’est point à dire que la parole de Dieu soit restée sans effet. Car tous ceux qui descendent d’Israël ne sont pas Israël,

« Ce n’est point à dire que la parole de Dieu soit restée sans effet [...] » C’est aux juifs que la parole de Dieu a été confiée (Rm 3:2), et ils étaient le « peuple élu » originel de Dieu. Leur « incrédulité » avait-elle annulé cette promesse (Rm 3:3) ?

Les lecteurs de Paul ont dû être troublés par ce paradoxe : les Écritures étaient juives, Jésus était juif et les apôtres étaient juifs. Toutes les promesses mentionnées dans les versets 4 et 5 ont été adressées au peuple juif. Alors pourquoi la plupart des membres de l'église étaient-ils des païens ? Est-ce que quelque chose avait mal tourné ? La parole de Dieu avait-t-elle failli ? Un juif lisant cette lettre se demanderait certainement si la parole de Dieu adressée au peuple juif ne doit pas être considérée comme défaillante.

Le peuple juif pensait être le peuple de Dieu du fait de leur ethnicité juive (cf. Rm 2:17-3:9) qui pouvait être considérée comme supérieure à cause de la Loi. Cependant, comme Paul l'a longuement soutenu (Romains 1-4), l'ethnicité et l'éthique ne sont pas le chemin qui mène à Dieu, et cela même dans l'Ancien Testament5OSBORNE, Grant R.. Romans. Downers Grove, IL : InterVarsity Press, 2004, p. 242.. Paul enseigne que ce n’est pas l'ascendance qui permet de devenir membre du peuple de Dieu (« tous ceux qui descendent d’Israël ne sont pas Israël »).

Les juifs du temps de Paul pensaient qu'ils étaient (1) sauvés par Dieu et qu'ils étaient (2) au service de Dieu pour répandre sa vérité aux autres peuples, du fait de leur ethnicité et de leur justice. Paul aborde ces deux présupposés dans Romains 9, et non pas l'un sans l'autre. Leighton Flowers écrit :

Malgré ce que certains suggèrent, Paul ne semble pas répondre à la question : « Puisque la plupart des juifs sont incrédules, la parole de Dieu a-t-elle été inefficace pour sauver les juifs ? ». Il est plus probable qu'il demande plutôt : « La Parole de Dieu a-t-elle été inefficace, étant donné que ceux qui ont été choisis pour la transmettre s'y opposent ? »6FLOWERS, Leighton. The Potter’s Promise: A Biblical Defense of Traditional Soteriology. Evansville, IN : Trinity Academic Press, 2017, p. 105..

La question que Paul pose est la suivante : Si Dieu a confié sa Parole aux Israélites (Rm 9:4-5) et que les Israélites s'opposent à sa Parole (Rm 9:2-3), alors la promesse de Dieu de transmettre sa Parole à travers Israël a-t-elle échoué ? (Rm 9:6) La réponse de Paul est double. D’une part, tous les descendants d'Israël ne se voient pas confier la Parole de Dieu, et d’autre part tous ceux qui sont enfants de Dieu ne sont pas rendus enfants exclusivement par le fait d’être un descendant naturel d'Abraham7FLOWERS, Leighton. The Potter’s Promise: A Biblical Defense of Traditional Soteriology. Evansville, IN : Trinity Academic Press, 2017, p. 109..

« tous ceux qui descendent d’Israël ne sont pas Israël » Ce passage n'enseigne pas que l'Église est le nouvel Israël. Paul est en train de distinguer les juifs ethniques des juifs spirituels, et non les juifs ethniques de tous les chrétiens.

Il est manifeste que Paul se focalise sur la nation d'Israël dans ce chapitre. Romains 9-11 se réfère toujours à « Israël » en tant que nation. Alors qu'ailleurs dans l'épître aux Romains, Paul se réfère toujours à ce groupe en parlant des « juifs ». Dans Romains 9, Paul se concentre sur le peuple juif. En fait, Paul ne mentionne pas les « païens » avant le verset 24.

Comme nous venons de le rappeler, les juifs du temps de Paul pensaient qu'ils étaient (1) sauvés par Dieu et étaient (2) au service de Dieu, à cause de leur (1) ethnie et de leur (2) justice. De quelle manière Paul justifie-t-il son affirmation selon laquelle Dieu ne choisit pas toujours de recourir à la notion d’ethnie ou de justice pour sauver ou accomplir son œuvre de salut pour le monde ? Étant donné qu’il s'adresse à un lectorat juif, Paul fait appel aux Écritures hébraïques (l'Ancien Testament) pour défendre son point de vue. Voici les différents arguments que Paul puise dans la Bible hébraïque :

Argument n°1 : Isaac et Ismaël

Romains 9:7-8

Et bien qu’ils soient la postérité d’Abraham, ils ne sont pas tous ses enfants ; mais il est dit : En Isaac tu auras une postérité appelée de ton nom, c’est-à-dire que ce ne sont pas les enfants de la chair qui sont enfants de Dieu, mais que ce sont les enfants de la promesse qui sont regardés comme la postérité.

« et bien qu’ils soient la postérité d’Abraham, ils ne sont pas tous ses enfants [...] » Les lecteurs juifs de Paul pensaient qu'ils étaient enfants de Dieu, en raison de leur appartenance ethnique. Notez le pluriel utilisé ici (« ils », c’est-à-dire les « descendants » ou littéralement la « semence »). Paul a en tête la nation d'Israël, et non des individus.

« En Isaac tu auras une postérité appelée de ton nom [...] » Paul cite Genèse 21:12 afin de montrer que la bénédiction de Dieu ne parvient pas à cause de l'ethnicité. Après tout, Abraham a aussi eu un autre fils, Ismaël, mais Dieu a choisi de ne pas œuvrer par son intermédiaire. Ismaël pouvait légitimement prétendre être le fils d'Abraham, mais Dieu a choisi de ne pas œuvrer à travers lui. Alors que les opposants juifs de Paul affirment que l'ethnicité est à la base de la bénédiction de Dieu, Paul démontre que Dieu a choisi souverainement Isaac en tant qu'héritier de sa promesse, et non Ismaël. Ses opposants devraient lui concéder ce point : l'ascendance n'est pas une garantie pour affirmer être un enfant de Dieu. Leighton Flowers écrit : « Dieu n'a jamais promis de sauver quelqu'un sur la base de son appartenance ethnique, alors comment cette promesse aurait-elle donc pu échouer8FLOWERS, Leighton. The Potter’s Promise: A Biblical Defense of Traditional Soteriology. Evansville, IN : Trinity Academic Press, 2017, p. 99. ? »

Paul ne veut certainement pas laisser sous-entendre qu'Ismaël est en enfer. Dieu n'a pas « haï » Ismaël avant la fondation du monde, au contraire, il l'a continuellement béni (Gn 17:15-23). De plus, Abraham a eu six autres fils après la mort de Saraï. Tous ces fils ont-ils été envoyés en enfer ? Le texte ne le dit pas, mais ce n'est sûrement pas ce que Paul pense. Son point de vue est simplement que les autres fils d'Abraham ne faisaient pas partie de la promesse concernant la transmission de la bénédiction de Dieu au reste du monde. Prenons l'exemple de Lot qui était le neveu d'Abraham. Lot était « juste » (2Pi 2:7), quand bien même il n'avait pas été choisi pour apporter la promesse au monde.

« Ce ne sont pas les enfants de la chair qui sont enfants de Dieu [...] » La promesse n'a pas été faite en rapport aux œuvres d'Abraham, mais en rapport à la foi qu’il avait dans la promesse de Dieu (Ga 4:21). Paul commente ce récit de l'Ancien Testament dans Galates 4, en soutenant précisément que : la foi est la condition pour hériter des promesses de Dieu, et non l’ascendance juive ou ethnique9BRUCE, F. F.. Romans : an introduction and commentary. Downers Grove, IL : InterVarsity Press, 1985, vol. 6, p. 192. Le théologien réformé F. F. Bruce fait également un lien entre la déclaration de Paul sur Ismaël et Isaac et Galates 4. Il écrit : « Les "enfants de la promesse" dans l'exégèse de Paul sont ceux qui, comme Abraham, croient en la promesse de Dieu et sont donc la descendance spirituelle d'Abraham. Il faut comparer Galates 4:11-18 avec "l'allégorie" que Paul tire du récit d'Isaac-Ismaël en Galates 4:22-31 ». . La Bible est la meilleure défense de cette position. Galates 4 donne une interprétation de ce récit de l'Ancien Testament dont l'objectif est de démontrer que c’est la foi, et non les œuvres, que Dieu prend en considération.

Interprétations calvinistes

Jean Calvin : « Or cet oracle est pris de la Genèse (17: 19-21), où le Seigneur répond à Abraham qu'il a exaucé ses prières touchant lsmaël, mais qu'il y en aura un autre sur qui reposera la bénédiction promise. Il s'ensuit donc que, par un privilège singulier, Dieu choisit d'entre le peuple certains hommes en qui l'adoption commune montre son efficacité et soit confirmée10CALVIN, Jean. Epître aux Romains. In : Commentaires de Jean Calvin sur le Nouveau Testament. Aix-en-Provence : Kerygma, 1978, vol. 4, v. 7, p. 219.. »

Calvin voit dans ce passage une référence au fait que l'adoption spirituelle se fait par une élection individuelle de Dieu. Il n'y voit pas une remise en cause de l'autojustification par l’ascendance.

Romains 9:9

Voici, en effet, la parole de la promesse : Je reviendrai à cette même époque, et Sara aura un fils.

Dieu a fait la promesse d'œuvrer par l'intermédiaire de Sarah et non d’Agar (Gn 18:10). Ismaël aurait pu revendiquer autant qu'il voulait le fait qu’il soit un descendant d'Abraham, Dieu n'avait aucune obligation d'œuvrer par son intermédiaire. En effet, sa « promesse » était d’œuvrer par l'intermédiaire de la descendance de Sarah. La promesse de Dieu envers Israël n'avait donc pas failli (Rm 9:6), car Dieu n'avait pas fait la promesse d’œuvrer par l'intermédiaire d'Ismaël !

Là encore, les opposants juifs de Paul devaient concéder ce point : Dieu n'était pas contraint de choisir ou d'utiliser Ismaël, car sa promesse n'était pas fondée sur l'origine ethnique. Une fois de plus, cette lecture correspond à la position selon laquelle ni l’ethnie ni la justice devait être considérée comme une base sur laquelle le choix de Dieu devait s'appuyer concernant ceux qu’ils choisiraient pour son salut et son œuvre.

Argument n°2 : Jacob et Ésaü

Romains 9:10

Et de plus, il en fut ainsi de Rebecca, qui conçut seulement d’Isaac notre père ;

Les juifs s'opposant à Paul pouvaient probablement expliquer pourquoi Dieu n'avait pas choisi Ismaël. Après tout, il était né d'une concubine alors que Dieu avait précisément annoncé que « Sarah aura un fils ». Mais maintenant, dans le passage qui vient, Paul renforce son plaidoyer concernant le fait que Dieu puisse avoir un plan pour un fils bien précis et non un autre. Dans cette nouvelle illustration ce sont des jumeaux qui sont en cause.

Romains 9:11-13

Car les enfants n’étaient pas encore nés et ils n’avaient fait ni bien ni mal (afin que le dessein d’élection de Dieu subsiste, sans dépendre des œuvres, et par la seule volonté de celui qui appelle), quand il fut dit à Rebecca : L’aîné sera assujetti au plus jeune, selon qu’il est écrit : “J’ai aimé Jacob et j’ai haï Esaü”.

Les calvinistes considèrent que ce passage évoque l’idée d’élection inconditionnelle (« le dessein d’élection de Dieu [...] par la seule volonté de celui qui appelle »). Ils soutiennent que Dieu a choisi Jacob pour le salut avant même que celui-ci ne soit né. D'autres vont encore plus loin en déduisant de ce passage l'idée d’une double prédestination, car un des enfants (à naître) est « aimé » alors que l'autre est « haï ». Cependant, de nombreux problèmes se posent face à ces interprétations :

Premièrement, cette interprétation ne prend pas en considération le contexte initial de ces citations de l'AT. Paul cite Genèse 25:23, qui fait référence aux nations et non aux individus : « Et l’Éternel lui dit : Deux nations sont dans ton ventre, et deux peuples se sépareront au sortir de tes entrailles ; un de ces peuples sera plus fort que l’autre, et le plus grand sera assujetti au plus petit. » Dans son contexte initial, ce passage fait référence à la descendance de Jacob et d'Ésaü, et non à ces deux personnes individuellement11FLOWERS, Leighton. The Potter’s Promise: A Biblical Defense of Traditional Soteriology. Evansville, IN : Trinity Academic Press, 2017, p. 118..

Plus loin au verset 13, Paul cite Malachie 1:2-3, qui fait également référence aux nations (et non aux individus) : « Cependant j’ai aimé Jacob, Et j’ai eu de la haine pour Esaü, J’ai fait de ses montagnes une solitude, J’ai livré son héritage aux chacals du désert. » Ce passage dans Malachie se produit environ 1500 ans après la naissance de Jacob et d'Ésaü, et fait clairement référence aux nations d'Israël et d'Édom. Ainsi, la prophétie (Gn 25:23) et son accomplissement (Ml 1:2-3) font tous deux référence aux nations. Le théologien réformé F. F. Bruce, lui-même, voit clairement cela en écrivant : « La prophétie ne se rapporte pas aux individus Ésaü et Jacob (car Ésaü n'a jamais été assujetti à Jacob) mais à leurs descendants. Elle se rapporte aux longues périodes durant lesquelles les Édomites étaient asservis à Israël et Juda12BRUCE, F. F.. Romans: an introduction and commentary. Downers Grove, IL: InterVarsity Press, 1985, vol. 6, p. 192.».

Deuxièmement, Ésaü (l'individu) n'a jamais été assujetti à Jacob durant sa vie terrestre. Si cette citation de l'AT est censée se référer à des individus, alors elle n'a jamais été accomplie durant la vie de Jacob et Ésaü.

Troisièmement, ce passage fait référence à l’assujettissement et non au salut. Les interprétations calvinistes se focalisent sur le « dessein », la « volonté » et l'« élection » de Dieu. C'est juste. Cependant ils s'égarent en considérant que cela fait référence à une élection inconditionnelle de Dieu pour le salut. Le passage indique clairement que cela fait référence à l’assujettissement [d'Édom par Israël et Juda] et non au salut (« l’aîné sera assujetti au plus jeune »).

Quatrièmement, l'élection inconditionnelle de ces enfants à naître ne s'imbrique pas dans la vision calviniste. Les calvinistes considèrent que tous les peuples (bébés inclus) naissent sous la colère de Dieu (Ep 2:1-3). Nous sommes d'accord avec eux. Mais alors comment Dieu pourrait-il aimer Jacob qui n'est pas encore né ? Même si Jacob vient à la foi plus tard dans sa vie, cela n'expliquerait pas pourquoi Dieu l'a aimé dans le ventre de sa mère. En effet, l'amour de Dieu n'est pas émis avant qu'une personne ne vienne à la foi en Christ (Jn 5:24).

Cinquièmement, ce passage souligne également le fait qu’il n’est pas fondé de se baser sur son ascendance pour se considérer légitime pour le salut ou pour l'œuvre de Dieu. Les opposants juifs de Paul soutiennent qu'Israël mérite d'être le « peuple élu » de Dieu, en raison de son ethnie et de sa justice. Dans ce cas, Esaü (et les Edomites) pouvaient prétendre la même chose, en tant que descendants d'Isaac. C’est par cela que Paul démontre que l'ascendance ne garantit rien. Bien que Esaü ait été le « premier-né », il n'a pas été choisi. Cette interprétation fait écho au dilemme de départ mentionné dans les versets 4 et 5. Le peuple ethniquement juif pensait qu'il avait des droits divins en raison de son ascendance, mais Dieu a choisi de ne pas agir à travers eux. Leighton Flowers fait le commentaire suivant : « Esaü était le choix le plus probable entre les deux étant donné ses aptitudes naturelles de chasseur et le fait qu'il soit le premier-né. Jacob était plus faible et certainement pas le plus apte pour mener à bien ce noble objectif. Le fait est que Dieu n'a pas choisi de sauver l'un et de condamner l'autre avant même leur naissance, comme certains tentent de le lire dans ce texte. Il a plutôt choisi de faire connaître sa puissance par le biais du candidat le plus faible et le moins probable (tout comme il l'a fait avec le jeune David, 1Sa 16:7)13FLOWERS, Leighton. The Potter’s Promise: A Biblical Defense of Traditional Soteriology. Evansville, IN : Trinity Academic Press, 2017, p. 115.. »

Alors que le peuple juif estimait qu'il méritait d'être le « peuple élu » de Dieu, il s’avère que Dieu peut choisir les moins susceptibles et les moins méritants pour le salut ou pour son œuvre, sans considération envers l’ethnie ou la justice. Les opposants de Paul étaient d'accord pour dire que Dieu avait le droit de choisir les descendants de Jacob (Israël) plutôt que les descendants d'Ésaü (Édom). Mais que se passerait-il si Dieu voulait maintenant choisir les païens plutôt que les juifs en raison de son choix souverain ? L'argument de Paul fondé sur les Écritures hébraïques réfute pleinement l'argument erroné de ses opposants juifs !

Sixièmement, même si ce passage se référait au salut, cela ne démontrerait en rien une élection inconditionnelle. Les juifs s'opposant à Paul pensaient que les « œuvres » leur permettraient d'être sauvé. Cependant Paul a déjà longuement fait valoir que les « œuvres » ne peuvent amener au salut (Rm 2:17-29). L'argumentation de Paul soutient cela : Jacob n'a pas reçu la bénédiction de Dieu par la justice basée sur les œuvres, parce qu'il n'était même pas né ! Walls et Dongell écrivent : « Paul ne cherche pas à dire que chaque réaction, choix ou acte de foi que l’homme peut avoir est sans effet envers le salut. Il renverse simplement la croyance considérant que le dévouement étroit à l'application de la loi, que Paul lui-même avait appliqué dans son passé pré-chrétien, était le moyen permettant d'être sauvé [...] Dieu a choisi un enfant plutôt qu'un autre avant même que l'un et l'autre n'ait eu la possibilité de s'engager dans les œuvres de la loi. Il précise que la justice ne peut jamais être atteinte par l'intermédiaire de telles œuvres14WALLS, Jerry, DONGELL, Joseph. Why I Am not a Calvinist. Downers Grove, IL, InterVarsity, 2004, p. 93, 94. ». Dans cette optique, Paul utilise cet exemple « comme une représentation du choix de Dieu de sauver ceux qui sont sous l'alliance de la foi plutôt que sous l'alliance de la loi15FLOWERS, Leighton. The Potter’s Promise: A Biblical Defense of Traditional Soteriology. Evansville, IN : Trinity Academic Press, 2017, p. 116-117. ».

Interprétations calvinistes

Jean Calvin : « comme la bénédiction de l’Alliance sépare la nation d’Israël d’avec tous les autres peuples, ainsi l’élection de Dieu discerne et fait la différence [au sein] de ceux[-là] mêmes qui sont de cette nation, en tant qu’il prédestine les uns à salut, les autres à damnation éternelle16CALVIN, Jean. Epître aux Romains. In : Commentaires de Jean Calvin sur le Nouveau Testament. Aix-en-Provence : Kerygma, 1978, vol. 4, v. 11, p. 221.. »

Calvin semble comprendre que Paul fait référence aux nations de l'AT. Pourtant, il semble soutenir que la perspective des nations illustre le choix salvifique de Dieu pour les individus. Selon nous, il a mis la charrue avant les bœufs.

John Stott : « Si nous étions responsables de notre propre salut, en totalité ou même en partie, nous pourrions chanter nos propres louanges et sonner notre propre trompette dans le ciel. Mais une telle chose est inconcevable17STOTT, John R. W.. The message of Romans: God’s good news for the world. Downers Grove, IL : InterVarsity Press, 2001, p. 268.. »

Stott considère que ce passage concerne le salut, alors que le texte fait clairement référence à l’assujettissement (« L’aîné sera assujetti au plus jeune »).

Romains 9:14

Que dirons-nous donc ? Y a-t-il en Dieu de l’injustice ? Loin de là !

Dieu a-t-il fait preuve d’injustice en choisissant le peuple juif (c'est-à-dire Jacob) plutôt que les Édomites (c'est-à-dire Ésaü) ? Les objecteurs de l'enseignement de Paul devaient être du même avis que lui sur ce point. S’il était « juste » de la part de Dieu de choisir les Israélites (plutôt que les Édomites), alors pourquoi ne serait-il pas également juste que Dieu choisisse les païens (plutôt que les Israélites). En effet, si un juif considérait cela comme une « injustice », alors par cohérence il devrait penser que Dieu devrait s'excuser auprès des Edomites ! Flowers écrit : « Paul a utilisé leur propre Écriture pour démontrer qu'un descendant d'Abraham, ou même d'Isaac : (1) pouvait ne pas être choisi pour le noble but d'apporter la Parole de Dieu, et (2) pouvait être maudit s'il s'opposait à ceux choisis pour apporter Sa Parole18FLOWERS, Leighton. The Potter’s Promise: A Biblical Defense of Traditional Soteriology. Evansville, IN : Trinity Academic Press, 2017, p. 124-125.. » Walls et Dongell écrivent : « Considérer que les accusations envers Dieu en Romains 9:14 proviennent de l'opposition juive envers Paul influence complètement l'interprétation de ce passage. La justice que les juifs exigeaient de Dieu n'était pas un traitement d'égalité envers tous les êtres humains (comme cela peut être le cas au sein des libéraux ou humanistes modernes) ; ils exigeaient plutôt la garantie du salut pour tous les israélites19WALLS, Jerry, DONGELL, Joseph. Why I Am not a Calvinist. Downers Grove, IL, InterVarsity, 2004, p. 91.. »

Interprétations calvinistes

John Stott : « Choisir les uns pour le salut tout en laissant les autres à leur perte semble violer les principes de justice élémentaires. Est-ce le cas ? Que devrions-nous dire alors ? Dieu est-il injuste ? La réponse instantanée de Paul est : "Pas du tout !"20STOTT, John R. W.. The message of Romans: God’s good news for the world. Downers Grove, IL : InterVarsity Press, 2001, p. 268.. »

Une fois de plus, Stott considère que ce passage fait référence au salut individuel. Cependant, l'injustice fait, en réalité, référence au fait que Dieu élargit son champ pour inclure les païens à son service et dans son salut. Loin de restreindre l'élection de Dieu, Romains 9 enseigne que Dieu élargit son élection pour y inclure les païens et ainsi elle n'est plus restreinte à la nation d'Israël.

Argument n°3 : Moïse

Romains 9:15

Car il dit à Moïse : Je ferai miséricorde à qui je fais miséricorde et j’aurai compassion de qui j’ai compassion.

Paul cite Exode 33:19 afin de montrer que Dieu est libre de dispenser sa grâce comme bon lui semble. Le contexte d'Exode 33 concerne la révélation que Dieu fait de lui-même (et de sa gloire) à Moïse. Pourquoi Paul cite-t-il ce passage ?

Premièrement, les deux expressions parlent de l'amour de Dieu et non de sa justice. Witherington observe que « les deux expressions parlent de miséricorde21WITHERINGTON III, Ben. Paul’s Letter to the Romans: A Socio-Rhetorical Commentary. Grand Rapids, MI: William B. Eerdmans Publishing Co., 2004, p. 255. », et non de jugement. Dieu est libre de faire preuve de miséricorde envers qui il veut.

Deuxièmement, ce passage ne fait pas référence au salut de Moïse. Dans le contexte de l'Ancien Testament, ce passage ne parle pas du fait que Moïse aille au paradis ou en enfer. Il est question de Moïse voyant la gloire de Dieu (Ex 33:18).

Troisièmement, Dieu a donné ces paroles à Moïse dans un contexte où le peuple juif était en proie à l'idolâtrie. L'infidélité d'Israël avec le veau d'or (Ex 32) n'a pas empêché Dieu d’accomplir sa promesse. Flowers écrit : « Dieu peut choisir de faire preuve de miséricorde même envers ceux qui pratiquent l'idolâtrie s'il le souhaite. Lorsqu'il s'agit d'accomplir ses promesses relatives au salut pour le monde, il fait ce qui est nécessaire par l'intermédiaire d'Israélites choisis, que ce soit en endurcissant certains ou en "faisant miséricorde" à d'autres. Par conséquent, l'accomplissement de la promesse du potier à Israël ne repose pas sur l'effort ou les désirs des vases israélites infidèles (Rm 3:1-8)22FLOWERS, Leighton. The Potter’s Promise: A Biblical Defense of Traditional Soteriology. Evansville, IN : Trinity Academic Press, 2017, p. 127-128.. »

Cela confirme le message principal de Paul, à savoir que la justice d'une nation n'est pas la base sur laquelle repose l'élection de Dieu pour le salut ou le service. Les païens étaient certes moins justes que les juifs, mais Dieu peut faire preuve de « miséricorde » envers les païens dans le temps présent tout comme il avait fait preuve de « miséricorde » envers le peuple juif lors de la crise du veau d'or. On pourrait dire que Paul disait : « Ne méprisez pas les païens parce qu'ils sont des adorateurs d’idoles… Votre propre peuple était également adorateur d'idoles ! »

Interprétations calvinistes

Jean Calvin : « Certes en parlant ainsi, il allègue son décret volontaire et suprême de ce qu’il fait grâce, et en même temps donne à entendre qu’il a spécialement destiné sa miséricorde à certaines personnes. Car d'un côté cette façon de parler avec précision, et qui tranche ainsi court, exclut toutes causes venant d'ailleurs; comme quand, voulant nous attribuer la puissance de disposer de quelque chose, nous disons : « Je ferai ce que je ferai ! »  D'autre part, ces mots à qui expriment clairment que la miséricorde ne sera point commune indifféremment à tous. C'est ôter à Dieu cette liberté, que d'en venir à lier son élection aux causes externes23CALVIN, Jean. Epître aux Romains. In : Commentaires de Jean Calvin sur le Nouveau Testament. Aix-en-Provence : Kerygma, 1978, vol. 4, v. 15, p. 226.. »

Nous convenons que la grâce ne se mérite pas et ne se fonde pas sur les œuvres de justice du pécheur. Mais pourquoi ne pourrait-elle pas être fondée sur « la foi », comme Paul l'a déjà fait valoir ? (Rm 3:21-31). Au lieu de cela, Calvin affirme que Dieu ne dispense la grâce qu'à « certains » et « pas à tous ». Nous continuons à soutenir que Paul ne répond pas à la question de savoir comment un individu parvient à la foi qui sauve, mais à comment Dieu a choisi de donner sa miséricorde au-delà de la nation d'Israël.

Romains 9:16

Ainsi donc, cela ne dépend ni de celui qui veut, ni de celui qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde.

A quoi fait référence « cela » ? Les interprétations calvinistes considèrent que « cela » fait référence à l'élection inconditionnelle de Dieu. Les arminiens considèrent que « cela » fait référence au choix de Dieu de conférer le salut par grâce, sans égard envers une justice basée sur les œuvres ou une ascendance ethnique (qui veut […] qui court). Paul vient de citer des passages de l'AT pour montrer que Dieu a choisi des personnes pour l'accomplissement dans sa parole sans que celles-ci n'aient un quelconque mérite. Ceux qui ont été choisis par Dieu étaient infidèles, mais cela n’a pas empêché Dieu d’accomplir sa promesse (Rm 9:6). Le « cela » renvoie à « l’objectif de l'élection de Dieu (Rm 9:11), qui est d'accomplir la promesse de Dieu (Rm 9:6) en réalisant son plan rédempteur par le biais d'une nation inconditionnellement choisie composée d'individus terriblement infidèles24FLOWERS, Leighton. The Potter’s Promise: A Biblical Defense of Traditional Soteriology. Evansville, IN : Trinity Academic Press, 2017, p. 128.. »

Interprétations calvinistes

John Stott : « Le salut ne dépend pas [...] du désir ou de l'effort de l'homme, c'est-à-dire de tout ce qu’il pourrait vouloir ou faire, mais de la miséricorde de Dieu25STOTT, John R. W.. The message of Romans: God’s good news for the world. Downers Grove, IL : InterVarsity Press, 2001, p. 269.. »

 

Jean Calvin : « le salut de ceux qu'il plait à Dieu de sauver, est attribué à la miséricorde de Dieu, de telle sorte que rien n'est laissé de reste à l'industrie de l'homme26CALVIN, Jean. Epître aux Romains. In : Commentaires de Jean Calvin sur le Nouveau Testament. Aix-en-Provence : Kerygma, 1978, vol. 4, v. 16, p. 227.. »

Les auteurs calvinistes comprennent le « cela » comme se référençant au salut. Nous soutenons de notre côté que le contexte mène à comprendre que « cela » fait référence au choix de Dieu de sélectionner ses serviteurs en fonction de sa souveraineté et non de leur justice ou de leur ascendance.

Argument n°4 : Pharaon

Romains 9:17-18

Car l’Écriture dit à Pharaon : Je t’ai suscité à dessein pour montrer en toi ma puissance, et afin que mon nom soit publié par toute la terre. Ainsi, il fait miséricorde à qui il veut, et il endurcit qui il veut.

Pharaon avait vu d'innombrables miracles, et il s’entretenait avec le plus grand prophète de Dieu, Moïse. Pourtant, il persista dans sa non-repentance, et resta un infâme propriétaire d'esclaves  ! Citant Exode 9:16, Paul pose la question : « Est-ce que Dieu a eu tort d'endurcir Pharaon ? »

Les opposants juifs de Paul auraient probablement répondu : « Pas du tout ! Dieu a endurci le Pharaon avec justice ! Pharaon a reçu une révélation incroyable de Dieu, et il est resté totalement et complètement mauvais malgré cela. De plus, Dieu a utilisé l'endurcissement de Pharaon comme un moyen pour secourir le peuple juif et pour répandre son nom à tous les païens de la terre ».

Paul est en train de préparer le terrain pour la conclusion à laquelle il veut arriver : Si Dieu a été juste en endurcissant un païen pour sauver les Israélites, alors pourquoi Dieu ne pourrait-il pas endurcir les Israélites pour sauver les païens ? Si Dieu a été juste en jugeant le Pharaon en raison du fait que Pharaon a méprisé la révélation de Dieu à travers les miracles accomplis par le biais de Moïse, alors pourquoi Dieu ne pourrait-il pas endurcir les Israélites en raison de leur mépris du ministère miraculeux de Jésus ? Les théologiens calvinistes se focalisent sur le fait que Dieu a endurci Pharaon (un individu), mais ils passent à côté du fait que Paul se focalisait plutôt sur la conséquence de cet endurcissement : le salut de la nation d'Israël (un groupe). Le but de cet endurcissement n'était pas la damnation du Pharaon. Dieu a effectivement endurci Pharaon afin de le juger, mais ce n'est pas cela que Paul cherche à démontrer. Paul se focalise sur l’objectif de ce jugement de Pharaon qui était « que mon nom [le nom de Dieu] soit publié par toute la terre ».

Voyez-vous le lien ? Dieu a endurci un homme entêté et non repentant, afin de faire rayonner son nom sur « toute la terre ». Les opposants juifs de Paul ne voyaient aucun problème à ce que Dieu ait fait preuve de miséricorde envers le peuple juif, et même que cela ait nécessité l’endurcissement de Pharaon. Eh bien, comme Pharaon, le peuple juif s'est endurci lui-même envers l'Évangile (en continuant à s'appuyer sur sa ascendance et sa propre justice). Par conséquent, Dieu a accentué son endurcissement initial dans un but rédempteur, à savoir, atteindre d'innombrables païens.

Interprétations calvinistes

Leon Morris : « Ni ici ni ailleurs, il n'est dit que Dieu endurcisse quelqu’un ne s'étant pas endurci lui-même préalablement27MORRIS, Leon. The Epistle to the Romans. Grand Rapids, MI : William B. Eerdmans Publishing, 1988, p. 361.. »

John Stott : « Le fait que Pharaon ait endurci son cœur vis-à-vis de Dieu et refusé de s'humilier est mis en exergue dans le récit. L'endurcissement à son égard provenant de Dieu était donc un acte de jugement, l'abandonnant à son propre entêtement, tout comme la colère de Dieu contre les impies s'exprime en les "livrant" à leur propre dépravation (Rm 1:24 ; Rm 1:26 ; Rm 1:28)28STOTT, John R. W.. The message of Romans: God’s good news for the world. Downers Grove, IL : InterVarsity Press, 2001, p. 269.. »

John Stott : « Ce qui est étonnant, ce n'est pas que certains soient sauvés et d'autres non, mais que quelqu’un soit sauvé. Car nous ne méritons rien d'autre que le jugement de Dieu. Si nous recevons ce que nous méritons (le jugement), ou si nous recevons ce que nous ne méritons pas (la miséricorde), dans aucun des deux cas, Dieu serait injuste. Donc, si quelqu'un est perdu, le tort lui revient, mais si quelqu'un est sauvé, le mérite revient à Dieu29STOTT, John R. W.. The message of Romans: God’s good news for the world. Downers Grove, IL : InterVarsity Press, 2001, p. 269-270.. »

Nous sommes d'accord sur le fait que personne ne mérite le salut sinon celui-ci ne serait plus fondé sur la grâce. Cependant, nous estimons que le salut individuel n'est pas le sujet de Paul dans ce passage. Paul se focalise plutôt sur la manière dont Dieu utilise des individus pour son œuvre, même ceux qui le rejettent. Dans le cas de Pharaon, Dieu a utilisé l'entêtement de cet homme pour secourir la nation d'Israël et répandre son nom sur toute la terre.

John Stott : « Cette antinomie contient un mystère que nos connaissances actuelles ne peuvent résoudre ; mais elle est conforme à l'Écriture, à l'histoire et à l'expérience30STOTT, John R. W.. The message of Romans: God’s good news for the world. Downers Grove, IL : InterVarsity Press, 2001, p. 270.. »

Les auteurs réformés font souvent référence au contrôle souverain méticuleux de Dieu sur le monde et à notre responsabilité humaine comme une « antinomie » ou un « mystère ».

Jean Calvin : «[...] il a plu ainsi à Dieu d'illuminer les uns à salut, et aveugler les autres à mort, et qu'il ne désire point de savoir une autre cause plus haute que sa volonté. Car il faut nous arrêter sur ces mots : qu'il veut, au delà desquels il ne nous permet pas de passer plus avant31CALVIN, Jean. Epître aux Romains. In : Commentaires de Jean Calvin sur le Nouveau Testament. Aix-en-Provence : Kerygma, 1978, vol. 4, v. 18, p. 228-229.. »

Pourquoi Dieu aurait-il besoin d'« aveugler » des personnes qui ont dès le départ une incapacité totale à venir à lui ? Comme Flowers l'a fait remarquer, cela reviendrait à bander les yeux d’un cadavre !

Jean Calvin : « Car S. Paul ne dit point ici que la ruine des méchants est prévue par le Seigneur, mais ordonnée par son conseil et sa volonté. Comme aussi Salomon ne dit pas seulement que la perdition des iniques a été de tout temps connue de Dieu : mais que les iniques mêmes ont été créés par lui à dessein, afin qu'ils périssent (Prov. 16:4)32CALVIN, Jean. Epître aux Romains. In : Commentaires de Jean Calvin sur le Nouveau Testament. Aix-en-Provence : Kerygma, 1978, vol. 4, v. 18, p. 229.

Il s'agit là de la double prédestination. Dieu ne fait pas seulement savoir que les personnes le rejetteront, mais il détermine leur rejet. Bien que cela soit surprenant, il s’agit d’une lecture de Romains 9 particulièrement cohérente pour la position calviniste, malgré le fait que peu de calvinistes fassent preuve de courage en affirmant cela aussi clairement que Calvin.

Argument n°5 : Le plan de Dieu pour les nations

Romains 9:19

Tu me diras : Pourquoi blâme-t-il encore ? Car qui est-ce qui résiste à sa volonté ?

Les calvinistes considèrent souvent que les opposants de Paul dans cette épître étaient semblables à des arminiens. C’est-à-dire que leur divergence aurait été sur le fait de savoir comment Dieu peut nous tenir pour responsables si nous ne pouvons pas résister à sa volonté. Mais Paul nous a déjà indiqués qui étaient ses opposants : des juifs endurcis et non-repentants. Rappelez-vous, dans Romains 3, Paul pense à une personne juive qui s'oppose au message de grâce : « Mais si notre injustice établit la justice de Dieu, que dirons-nous ? Dieu est-il injuste quand il déchaîne sa colère ? (Je parle à la manière des hommes.) Loin de là ! Autrement, comment Dieu jugerait-il le monde ? » (Rm 3:5-6). Les opposants juifs de Paul sont comme Pharaon, insensibles et endurcis. Ils étaient déjà endurcis à un haut degré de par leur rejet de l'œuvre miraculeuse de Dieu opérée par le Christ et le Saint Esprit. Dans ce passage, ils essaient de blâmer Dieu en raison de leur état d'endurcissement, alors qu'en réalité, ce sont eux les responsables.

Interprétations calvinistes

Jean Calvin : « Voilà donc comment il nous est décrit ici que parlent les iniques : « Quelle occasion a-t-il de se courroucer contre nous, puisqu'il nous a faits tels, et qu'il nous pousse selon son plaisir où il veut ? En nous damnant, que fait-il d'autre que de se venger de son œuvre en nous ? Car il n'est pas en nous de batailler contre lui ! Et quand bien même nous lui résisterions, il l'emportera toutefois sur nous. C'est pourquoi ce sera un jugement inique s'il nous détruit ; et c'est une puissance déréglée, que celle dont il abuse maintenant à l'encontre de nous33CALVIN, Jean. Epître aux Romains. In : Commentaires de Jean Calvin sur le Nouveau Testament. Aix-en-Provence : Kerygma, 1978, vol. 4, v. 19, p. 229-230.. »

Romains 9:20

O homme, toi plutôt, qui es-tu pour contester avec Dieu ? Le vase d’argile dira-t-il à celui qui l’a formé : Pourquoi m’as-tu fait ainsi ?

Cette illustration de l'argile et du potier est tirée de l'Ancien Testament. Encore une fois, cela fait référence à la souveraineté de Dieu sur les nations. Jérémie écrit : « Ne puis-je pas agir envers vous comme ce potier, maison d’Israël ? Dit l’Éternel. Voici, comme l’argile est dans la main du potier, Ainsi vous êtes dans ma main, maison d’Israël ! Soudain je parle, sur une nation, sur un royaume, d’arracher, d’abattre et de détruire ; [...] Et soudain je parle, sur une nation, sur un royaume, de bâtir et de planter ; » (Jr 18:6-7 ; Jr 18:9). Ici, Dieu dit aux juifs de ne pas s'étonner s'il décide d'utiliser une nation ou une autre, car il est le Créateur et ils ne sont que l'argile. Ésaïe écrit : « Malheur à qui conteste avec son créateur ! Vase parmi des vases de terre ! L’argile dit-elle à celui qui la façonne : Que fais-tu ? Et l’œuvre dit-elle à l’ouvrier : Tu n’as point de mains ? » (Ésaïe 45:9). Dans ce passage d'Ésaïe, les juifs ont été surpris d'entendre Dieu parler du roi persan Cyrus en tant qu’« oint » de Dieu (Ésaïe 44:28-45:1) ! Dieu dit à Israël qu'il peut choisir d’œuvrer à travers qui il veut, même un païen. La référence de Paul à ces passages de l'Ancien Testament continue à soutenir l'idée que Dieu peut sauver les païens pour qu'ils soient ses serviteurs, indépendamment de leur ascendance ou de leur droiture.

Interprétations calvinistes

John Stott (citant Hodge) : « Il n'est nulle part suggéré que Dieu revendique son droit de "créer des êtres pécheurs dans le but de les punir", mais plutôt qu'il revendique son droit de "traiter les êtres pécheurs selon son bon plaisir", que ce soit par le pardon ou la condamnation34STOTT, John R. W.. The message of Romans: God’s good news for the world. Downers Grove, IL : InterVarsity Press, 2001, p. 272.. »

F. F. Bruce : « Dieu n'est pas tenu de nous rendre des comptes concernant ce qu'il fait. Pourtant, on peut compter sur lui pour agir en cohérence avec son caractère, qui a été révélé de manière suprême en Christ. Avec un tel Dieu en qui on peut avoir confiance, pourquoi l'un des siens devrait-il remettre en question ses voies35BRUCE, F. F.. Romans: an introduction and commentary. Downers Grove, IL : InterVarsity Press, 1985, vol. 6, p. 184.. »

Jean Calvin : « Les iniques objectent que les hommes sont hors de coulpe et blâme, si leur salut ou leur damnation dépend en souverain degré de la volonté de Dieu. S. Paul le nie-il pour autant ? Non ; mais au contraire il confirme, par sa réponse, que Dieu ordonne et dispose des hommes ainsi qu'il lui plait, et que toutefois c'est folie et rage quand les hommes s'élèvent pour plaider à l'encontre, parce que Dieu a le droit d'ordonner à ses créatures telle condition qu'il lui plaît36CALVIN, Jean. Epître aux Romains. In : Commentaires de Jean Calvin sur le Nouveau Testament. Aix-en-Provence : Kerygma, 1978, vol. 4, v. 20, p. 230.. »

Jean Calvin : « [...] comme si le Saint-Esprit se taisait par faute de raison, et en se taisant, ne nous rappelait pas plutôt que notre devoir est d'adorer en révérence ce mystère que nos esprits ne peuvent comprendre, et par ce moyen réprimait l'intempérance de la curiosité humaine. Sachons donc que ce n'est point à autre fin que Dieu s'abstient de parler, sinon parce qu'il voit que notre petite portée ne pourrait pas comprendre sa sagesse infinie; et c'est pourquoi, en épargnant notre infirmité, il nous invite à tenir modestie et sobriété37CALVIN, Jean. Epître aux Romains. In : Commentaires de Jean Calvin sur le Nouveau Testament. Aix-en-Provence : Kerygma, 1978, vol. 4, v. 20, p. 231.. »

Calvin fait appel au « mystère » pour expliquer pourquoi Dieu est amour, alors que pourtant il crée des personnes pour la damnation. Mais pourquoi ne ferions-nous pas plutôt appel au mystère concernant la prescience de Dieu et la liberté humaine ?

Romains 9:21

Le potier n’est-il pas maître de l’argile, pour faire avec la même masse un vase d’honneur et un vase d’un usage vil ?

Cette illustration fait-elle référence à l'incapacité totale de l'humanité, dès sa naissance, à répondre par la foi à l'Évangile ? Pas du tout. Dans le contexte de l'Ancien Testament, la masse d'argile était Israël en tant que nation. C'est la ligne directrice de Romains 9, et rien ne change ici. Walls et Dongell écrivent : « La référence de Paul à deux vases différents fabriqués à partir de la même masse (Rm 9:19-24) fait référence aux deux sous-groupes différents qui forment la nation d'Israël : les juifs croyants et les juifs non-croyants38WALLS, Jerry, DONGELL, Joseph. Why I Am not a Calvinist. Downers Grove, IL : InterVarsity, 2004, p. 92.. »

Paul utilise cette illustration pour parler du service et non du salut. Il faut bien noter que ce passage parle d'un « usage honorable » ou d'un « usage vil ».

L'utilisation que fait Paul de cette illustration dans 2 Timothée démontre bien qu’il ne s’agit pas pour lui de dire que nous sommes divinement déterminés à être un type de vase en particulier. Paul écrit : « Dans une grande maison, il n'y a pas seulement des ustensiles d'or et d'argent, mais il y en a aussi en bois et en terre. Les uns sont d'un usage noble, les autres d'un usage méprisable. Si donc quelqu'un se purifie de ces choses, il sera un vase d'usage noble, saint, utile à son maître, prêt pour toute œuvre bonne. » (2Tm 2:20-21 S21). Notez que l'individu peut agir pour devenir un vase d’usage noble (« Si donc quelqu'un se purifie de ces choses [...] il sera un vase d'usage noble »). Même des théologiens réformés admettent un parallèle entre ces deux illustrations39BRUCE, F. F.. Romans: an introduction and commentary. Downers Grove, IL : InterVarsity Press, 1985, vol. 6, p. 194. Citant 2 Timothée 2:20, Bruce écrit : « Les vases sont faits de divers matériaux, et ceux qui sont destinés à un usage "méprisable" sont destinés à des fins moins honorifiques (mais pas nécessairement moins utiles) que ceux qui sont destinés à un usage "noble". ».

Les calvinistes contestent généralement les critiques prétendant que leur conception a pour effet de faire des humains des « marionnettes » ou des « robots » programmés par Dieu. Mais en même temps, ils font référence à l'analogie du bloc d’argile de Paul pour appuyer leur rejet du libre arbitre libertarien ! Mais quelle est la différence fondamentale entre une « marionnette », un « robot » et un « bloc d’argile » ? Flowers écrit : « Certains calvinistes veulent avoir le beurre et l'argent du beurre sur ce sujet. S'ils veulent interpréter ces analogies bibliques d’une manière à déresponsabiliser l'humanité, alors ils ne peuvent pas s'opposer à des analogies similaires fournissant exactement la même conclusion. Après tout, d'un point de vue calviniste, quelle différence de responsabilité existe-t-il entre une marionnette et son marionnettiste et un morceau d'argile et son potier ? Si l'on veut interpréter l'analogie de Paul entre le potier et l'argile dans un sens littéral signifiant que l'homme n'a pas son mot à dire sur la façon dont il croit et réagit, alors il faut se l'approprier avec cohérence. Ne vous opposez donc pas à des analogies similaires fournissant exactement les mêmes conséquences, à moins que vous ne soyez pas prêt à vivre avec ces conséquences40FLOWERS, Leighton. The Potter’s Promise: A Biblical Defense of Traditional Soteriology. Evansville, IN : Trinity Academic Press, 2017, p. 133-134.. »

Le but de l'endurcissement de Dieu

Romains 9:22-23

Et que dire, si Dieu, voulant montrer sa colère et faire connaître sa puissance, a supporté avec une grande patience des vases de colère prêts pour la perdition, et s’il a voulu faire connaître la richesse de sa gloire envers des vases de miséricorde qu’il a d’avance préparés pour la gloire ?

[Voir en complément : Dieu crée-t-il des personnes pour en faire des vases de colère ? (Romains 9:22-23)]

Interprétations calvinistes

F. F. Bruce : « Comme il a été souligné précédemment (Rm 2:4), la miséricorde et la patience de Dieu ont pour objectif de donner aux hommes le temps pour se repentir ; mais si, au contraire, ils endurcissent de plus en plus leur cœur, comme l'a fait Pharaon à plusieurs reprises, ils ne font qu’alourdir le poids de leur fautes pour le jour du jugement41BRUCE, F. F.. Romans: an introduction and commentary. Downers Grove, IL : InterVarsity Press, 1985, vol. 6, p. 190.. »

Nous saluons le fait que Bruce soit disposé à reconnaître que ce passage ne sous-entend pas un fatalisme.

Jean Calvin : « Il est vrai qu'il ne rend pas raison de l'élection de Dieu de façon à assigner une cause pour laquelle celui-ci est élu et l'autre réprouvé. Car en premier lieu il ne fallait pas que les choses cachées au conseil secret de Dieu fussent assujetties à la censure de l'homme; de plus aussi il n'eût point été possible de trouver des termes pour expliquer un tel mystère. Ainsi donc il nous défend de nous enquérir avec curiosité des choses auxquelles l'entendement humain ne peut atteindre; cependant il montre qu'en tant que la prédestination de Dieu se découvre, en celle-ci n'apparaît que pure et naïve justice42CALVIN, Jean. Epître aux Romains. In : Commentaires de Jean Calvin sur le Nouveau Testament. Aix-en-Provence : Kerygma, 1978, vol. 4, v. 22, p. 232.. »

Une fois de plus, Calvin fait appel au « mystère ». Et une fois de plus, nous nous demandons pourquoi privilégier de placer le mystère au niveau de la relation entre la souveraineté et la bonté de Dieu, plutôt qu'au niveau de la relation entre son omniscience et notre libre arbitre.

Jean Calvin : « il y a des vases préparés pour la perdition, c'est-à-dire faits et formés pour qu'ils soient un exemple de la vengeance et de la fureur de Dieu. [...] Au reste, s'il n'exprime point d'où cela vient qu'il y a des vases préparés pour la perdition, il ne s'en faut pas ébahir. Car, par ce qu'il a dit ci-dessus, il présuppose que la cause en est cachée au conseil éternel et incompréhensible de Dieu, dont il nous faut plutôt adorer la justice, que la sonder ou chercher avec curiosité43CALVIN, Jean. Epître aux Romains. In : Commentaires de Jean Calvin sur le Nouveau Testament. Aix-en-Provence : Kerygma, 1978, vol. 4, v. 22, p. 232-233.. »

Là encore, il s'agit de la double prédestination. Un point de vue auquel la plupart des auteurs réformés n'adhèrent pas, mais qui semble devoir découler d'une lecture calviniste cohérente de ce texte.

Argument n°6 : Les prophètes

Paul ne commente pas beaucoup les citations qu’il fait des prophètes. Il doit considérer que ces passages parlent d'eux-mêmes. Il est clair que la problématique que Paul veut éclairer concerne le fait que Dieu sauve les païens pour en faire ses serviteurs, sans égard à leur ascendance ou leur droiture. Pour cela, il cite plusieurs passages de l'AT.

Romains 9:24

Ainsi il nous a appelés, non seulement d’entre les Juifs, mais encore d’entre les païens,

Dieu peut permettre que certains groupes soient endurcis au nom de son plan dans l'histoire. Il est manifeste qu'il fait référence aux juifs et aux païens tout au long de ce chapitre, et pas simplement aux croyants et aux incroyants. En fait, c'est la première fois dans ce chapitre que Paul fait référence aux « païens ». Jusqu'à présent, il avait uniquement abordé l'incrédulité de ses frères juifs.

Interprétations calvinistes

Tim Keller soutient que Paul s'est écarté de sa question initiale relative à l'élection des Juifs avant le verset 2444KELLER, Timothy. Romans 8-16 For You. Epsom : The Good Book Company, 2015, p. 69.. Selon nous, Paul a répondu à cette question tout au long : Dieu peut décider d’œuvrer à travers les juifs ou les païens.

Romains 9:25

Selon qu’il le dit dans Osée : J’appellerai mon peuple celui qui n’était pas mon peuple, et bien-aimée celle qui n’était pas la bien-aimée ;

Citation d'Osée 2:23. Il ne s'agissait pas d'une rupture définitive avec Israël.

Romains 9:26

Et là où on leur disait : Vous n’êtes pas mon peuple ! Ils seront appelés fils du Dieu vivant.

Citation d'Osée 1:10.

Romains 9:27-28

Ésaïe, de son côté, s’écrie au sujet d’Israël : « Quand le nombre des fils d’Israël serait comme le sable de la mer, un reste seulement sera sauvé. Car le Seigneur exécutera pleinement et promptement sur la terre ce qu’il a résolu. »

Citation d'Ésaïe 10:22-23. Cela renvoie au verset 6 (c'est-à-dire l'accomplissement de la parole de Dieu). Paul cite ce passage pour montrer que Dieu « exécutera pleinement et promptement » ce qu’il a résolu, quand bien même beaucoup de juifs étaient déjà endurcis envers la vérité.

Romains 9:29

Et comme Ésaïe l’avait dit auparavant : « Si le Seigneur des armées, ne nous avait laissé une postérité, nous serions devenus comme Sodome, nous aurions été semblables à Gomorrhe. »

Citation d'Ésaïe 1:9.

Conclusion : Commentaire de Paul sur Romains 9

Ne serait-il pas bienvenu que Paul nous donne lui-même un commentaire sur Romains 9 pour dissiper toute confusion concernant ce qu'il vient d'écrire ? En fait, c'est ce qu'il a fait ! Il est surprenant que très peu de théologiens prennent en considération le commentaire de Paul aux versets 30 et suivants. Dans ce passage, Paul nous explique pourquoi la nation d'Israël a perdu si grandement son salut : elle a refusé de croire !

Romains 9:30

Que dirons-nous donc ? Les païens, qui ne cherchaient pas la justice, ont obtenu la justice, la justice qui vient de la foi,

Les païens ont choisi de croire en Jésus. Nous ne pouvons pas être sauvés en atteignant la justice par les œuvres de la loi (Rm 3:10-20). Cependant, Paul écrit que nous pouvons l'atteindre par la foi. Flowers écrit : « Cela répond à l’idée commune mais erronée selon laquelle le fait d'être un enfant d'Abraham garantissait le salut (Rm 9:7), ou le fait de ne pas faire parti l'Israël par naissance excluait du salut (Rm 9:24)45FLOWERS, Leighton. The Potter’s Promise: A Biblical Defense of Traditional Soteriology. Evansville, IN : Trinity Academic Press, 2017, p. 146.. »

« Obtenu la justice » Ce terme (katalambano) signifie « saisir quelque chose comme pour en faire son propre bien, s'approprier » ou « faire une saisie, prendre possession de » (Strong).

Interprétations calvinistes

Jean Calvin : « Car si quelqu'un voulait dire que les païens ont été justifiés, parce que par foi ils ont obtenu l'esprit de régénération, celui-là s'éloignerait bien fort de l'intention de S. Paul. Car ce qu'il dit, qu'ils ont saisi ce qu'ils ne cherchaient point, ne serait pas vrai, si ce n'était qu'eux, étant vagabonds et errants, Dieu les a gratuitement embrassés et recueillis avec soi, et leur a offert la justice, pour laquelle ils ne pouvaient avoir aucune affection, ne la connaissant point. En outre, il faut aussi noter que le fait que les paiens ont obtenu la justice par la foi, ne se prend point autrement, sinon que Dieu a prévenu leur foi par sa grâce. Car si le commencement ne fût venu de Dieu, mais qu'ils eussent les premiers aspiré à justice, cela déjà eût eté la suivre, ce que S. Paul nie qu'ils aient fait. Ainsi donc, la foi même a eté une partie de la grâce de Dieu envers eux46CALVIN, Jean. Epître aux Romains. In : Commentaires de Jean Calvin sur le Nouveau Testament. Aix-en-Provence : Kerygma, 1978, vol. 4, v. 30, p. 239.. »

Nous sommes d'accord sur le fait que personne ne peut avoir la foi si Dieu ne l'attirait à travers la conviction du Saint-Esprit.

Romains 9:31

Tandis qu’Israël, qui cherchait une loi de justice, n’est pas parvenu à cette loi.

Pourquoi tant de Juifs n'ont-ils pas été élus ? Ce n'est pas compliqué : ils ont choisi de ne pas croire.

Romains 9:32

Pourquoi ? Parce qu’Israël l’a cherchée, non par la foi, mais comme provenant des œuvres. Ils se sont heurtés contre la pierre d’achoppement,

Une fois de plus, de nombreux Juifs ont refusé de croire et ont choisi de s'approcher de Dieu par les œuvres.

Interprétations calvinistes

John Stott : « L'acceptation des païens est attribuée à la miséricorde souveraine de Dieu, et le rejet d'Israël à leur propre rébellion47STOTT, John R. W.. The message of Romans: God’s good news for the world. Downers Grove, IL : InterVarsity Press, 2001, p. 264.. »

John Stott : « Antinomie est le terme approprié, et non pas contradiction48STOTT, John R. W.. The message of Romans: God’s good news for the world. Downers Grove, IL : InterVarsity Press, 2001, p. 278.. »

Selon Stott, les versets 6 à 29 montrent comment les hommes sont sauvés, et les versets 30 à 33 comment ils sont perdus.

Thomas Schreiner : « Romains 9 enseigne que Dieu élit des individus et des groupes pour le salut, et qu'il détermine qui aura la foi. Néanmoins, Romains 9:30-10:21 nous enseigne que ceux qui refusent la foi en sont responsables et auraient dû recevoir la foi. Comment ces deux affirmations peuvent-elles être logiquement vraies ? Nous ne pouvons pas saisir pleinement la réponse à cette question, car comme pour d'autres mystères de l'Écriture, nous affirmons que notre esprit humain ne peut pas saisir correctement la pleine portée de la révélation divine49SCHREINER, Thomas. Does Romans 9 Teach Individual Salvation Unto Election?. The Journal of the Evangelical Theological Society, Mars 1993, vol. 36, n°1, p. 39-40.. »

Jean Calvin : « Or nous voyons ici comment il est fait comparaison de la foi avec les mérites des œuvres, ainsi que de choses tout à fait contraires l'une à l'autre. Comme donc la confiance dans les œuvres est un bien grand empêchement, par lequel le chemin d'obtenir la justice nous est fermé, il faut nécessairement que nous y renoncions et que nous nous reposions sur la seule bonté de Dieu. Car à bon droit cet exemple des Juifs doit bien faire peur à tous ceux qui tâchent d'obtenir le royaume de Dieu par leurs œuvres; car, comme il a été montré ci-dessus, par les œuvres de la Loi il n'entend pas l'observation des cérémonies, mais les mérites des œuvres, auxquels la foi est opposée qui, par manière de dire, a les deux yeux fichés en la seule clémence de Dieu, sans considération aucune de quelque dignité qui soit en l'homme50CALVIN, Jean. Epître aux Romains. In : Commentaires de Jean Calvin sur le Nouveau Testament. Aix-en-Provence : Kerygma, 1978, vol. 4, v. 32, p. 239.. »

Nous sommes d'accord avec Calvin, mais nous aurions aimé qu'il ait identifié que ce point est traité tout au long de Romains 9, et non uniquement à la fin.

Romains 9:33

Selon qu’il est écrit : « Voici, je mets en Sion une pierre d’achoppement et un rocher de scandale, et celui qui croit en lui ne sera point confus. »

Citation d'Ésaïe 28:16. Vous pouvez soit trébucher sur ce rocher, soit construire votre vie sur Lui51KELLER, Timothy. Romans 8-16 For You. Epsom : The Good Book Company, 2015, p. 73..

Questions à se poser dans une perspective calviniste de Romains 9

Qui sont les opposants auxquels Paul répond dans Romains 9, et quelles étaient leurs objections ? Il y a plusieurs raisons permettant de penser que les opposants de Paul dans le livre des Romains sont des juifs non croyants. Premièrement, différents éléments contextuels laissent entendre que les opposants sont des juifs (Rm 3:1 ; Rm 3:3 ; Rm 3:5 ; Rm 3:8 ; Rm 3:31 ; Rm 4:1-25 ; Rm 6:1, etc.). Deuxièmement, le contexte de Romains 9 fait référence à Israël, du début (Rm 9:1-5) à la fin (Rm 9:24-33). Nous considérons que ce chapitre concerne Israël de bout en bout. Troisièmement, dans Romains 9 Paul, pour étayer son argumentation, cite à plusieurs reprises les écritures de l'Ancien Testament. Cette stratégie fait sens si les objections proviennent de juifs.

Pourquoi Paul parle d'« Israël » (la nation) uniquement dans Romains 9-11 ? Paul ne fait pas référence à Israël en tant que nation en dehors de ces trois chapitres. Quelle signification (s'il y en a une) cela peut-il avoir dans la lecture de Romains 9-11 ?

Pourquoi Paul voudrait-il être « anathème » (Rm 9:3) pour des juifs non croyants, si Jésus lui-même n'a pas choisi de les sauver ? Paul se situait-il hors de la volonté de Dieu lorsqu'il a écrit cela ? Paul aime-t-il (de façon salvatrice !) les personnes que Dieu « déteste » ?

Pourquoi Dieu « endurcirait-il » des personnes spirituellement mortes (depuis leur naissance) ? Cela ne reviendrait-il pas à bander les yeux de morts ?

Pourquoi Paul cite-t-il constamment des passages de l'AT faisant référence à des nations et non à des individus ? Paul cite-t-il l'AT pour plaider en faveur d'une élection individuelle et inconditionnelle ?

Dans Romains 10:21, que veut dire Paul lorsqu'il écrit : « Mais au sujet d’Israël, il dit : J’ai tendu mes mains tout le jour vers un peuple rebelle et contredisant » ? Dieu désire-t-il que ce peuple soit sauvé ou non ?

Pourquoi Paul interprète-t-il et résume-t-il sa propre réflexion de Romains 9 en soulignant la responsabilité personnelle des hommes concernant le choix de la foi ? (Rm 9:30-33) Pourquoi n'interpréterions pas Romains 9 à la lumière du commentaire de conclusion que Paul fait lui-même ?


Article original : ROCHFORD, James M.. Romans 9: An Arminian Interpretation. In : Evidence Unseen [en ligne]. [consulté le 2020-09-08]. Disponible à l’adresse : https://www.evidenceunseen.com/bible-difficulties-2/nt-difficulties/romans-2/romans-9-an-arminian-interpretation/

Source des citations bibliques : La Sainte Bible : nouvelle édition de Genève 1979. Genève : Société Biblique de Genève, 1979.

Références

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