Est-ce que la possibilité de la perte du salut devrait légitimement amener le chrétien à vivre dans une peur constante?

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Selon nous, cette idée ne peut provenir que d'une confusion entre la persévérance conditionnelle et le salut par les œuvres. Les arminiens (5 points) considèrent toutes les formes de salut par les œuvres comme des doctrines gravement erronées et toxiques.

Tous les arminiens croient que par la foi en Christ nous nous trouvons dans une pleine sécurité. Cependant, rien empêche de sortir consciemment de cette zone de sécurité, c'est-à-dire de renier sa foi. Néanmoins, cette triste possibilité n'enlève en rien la paix qu'une personne peut trouver tant qu'elle demeure en Christ.

Nous proposons une analogie que nous trouvons utile pour appuyer nos propos :

Tout mortel peut, par exemple, se noyer. Toutefois, malgré la réalité de cette possibilité, nous ne ressentons aucune peur lorsque nous nous trouvons sur une plage ou à un endroit peu profond au sein d'une mer paisible.
Pour quelle raison ? Car la possibilité de se noyer n'est présente que dans des circonstances précises qui ne peuvent être réunies qu'à travers des décisions volontaires. Par exemple, nager dans les profondeurs d'une mer agitée seul et sans surveillance.
Tant qu'une personne ne se met pas dans ces situations, la possibilité de se noyer ne génère aucun sentiment particulier en elle.

Il s'agit d'une simple connaissance. Cependant, si par ses décisions, elle réunit petit à petit les différentes circonstances, une crainte grandira au fur et à mesure que les probabilités de cette possibilité augmentent. Il s'agit d'une peur salutaire qui pousse à ne pas persister dans des mauvaises décisions et exhorte à revenir dans des circonstances où la possibilité de noyade est impossible.
Il en est de même pour le salut.

Tant que nous sommes en Christ, la possibilité de perdre le salut n'affecte pas la paix que Dieu nous procure. Pourtant, si nous nous mettons dans des circonstances dangereuses (nous éloignant de Christ) en y persistant, nous serons encouragés, à travers une crainte proportionnée, à retourner près de Christ.

De plus, les promesses de Dieu et la connaissance de qui il est, nous protègent de tout désespoir fataliste. Tant que nous vivons, nous savons que le désir de Dieu est de nous sauver. De même, nous savons que Dieu ne permettra jamais que des forces extérieures nous contraignent à nous mettre dans des circonstances à l'encontre desquelles nous n'aurions pas la force divine d'en sortir. (Du moins, pour ceux qui tiennent à une conception arminienne de ce sujet.)

Nous croyons d'ailleurs que même les adhérents à la persévérance inconditionnelle (impossibilité de la perte du salut) enseignent généralement un principe semblable. Dans leur cas, le croyant doit vivre « comme si » il pouvait perdre le salut. Dans cette conception, la crainte générée devrait toujours être efficace pour que les personnes, de leur vivant, retournent à Dieu. Malgré tout, cette position semble être un non-sens : Nous ne pouvons avoir la crainte envers une chose que nous savons impossible.
La seule crainte cohérente que le croyant pourrait légitimement ressentir, concernerait son élection dans une perspective calviniste. Dans une telle perspective, le croyant n'a aucun moyen d'interférer sur son devenir étant donné que l'élection inconditionnelle ne dépend de rien le concernant.

Dans le cadre de la persévérance conditionnelle, il pourrait bien sûr malheureusement arriver qu'une personne comprenne mal cette doctrine et se retrouve dans une peur empoisonnante, de même que certaines personnes ont la phobie de se noyer. Une telle situation ne doit pas se résoudre par la négation de ce que nous considérons être la réalité, mais par un accompagnement permettant d'exposer les points d'incompréhension qui sont les causes de la peur infondée (phobie).

Conclusion

L'expérience humaine et le fait que les adversaires de la position de la persévérance conditionnelle appellent à vivre à l'inverse de ce qu'ils prônent (vivre comme si la perte du salut était possible) nous semblent être des preuves convaincantes que la possibilité de la perte du salut ne sape en rien la paix que chaque personne en Christ est amenée à vivre.