Les calvinistes affirment que les arminiens enseignent que l'homme doit agir en même temps que Dieu pour obtenir son salut. L’idée exprimée est que sous condition que l'homme fasse un pas vers Dieu, alors Dieu fera un pas vers lui. [Il s'agit là d'un synergisme initié par l'homme qui caractérise le semi-pélagianisme]. Mais est-ce l'enseignement des arminiens ? Jacobus Arminius croyait-il cela ?
La réponse est non. Les arminiens croient que l'œuvre du salut est initiée et achevée par Dieu. La Bible dit que l'homme ne vient à Dieu que parce que Dieu l'attire à lui (Jean 6:44). Les arminiens croient donc que l'œuvre initiale du salut est accomplie par Dieu. Dieu seul peut le faire, car la foi de l'homme est empêchée du fait du péché. Ce n'est que lorsque Dieu accorde à l’homme une liberté de penser sur le plan spirituel que celui-ci peut prendre la décision d'accepter ou non le don de la grâce.
C’est l'œuvre du Saint-Esprit dans le cœur de l’homme sous l'effet de la grâce de Dieu. Cela se fait par l'écoute de l'Évangile (Romains 10:17). C’est pourquoi Dieu a déclaré que la responsabilité de ses enfants est de répandre son évangile (Matthieu 28:19). Lors de l’écoute de la parole, l'Esprit de Dieu appelle le pécheur à se repentir de ses péchés, l'invite à accepter Christ, permet au pécheur d'accepter Christ et convainc le pécheur de ses péchés et de son besoin de Christ. Ce n’est que parce que l'Esprit de Dieu a rendu possible cette prise de conscience, que le pécheur peut répondre à l’appel de Dieu. L’homme doit alors cesser de résister, se repentir de ses péchés et placer sa foi en Christ. Ce cadeau, comme tout cadeau, n'est pas irrésistible. Le pécheur doit accepter le don immérité de Dieu. Une fois cela fait suivant le plan du Père, l'Esprit autorise le début d'une relation du pécheur avec son Sauveur.
Dans l'arminianisme, l'acceptation du don du salut est la part que l'on pourrait dire synergique. Le processus du salut quant à lui est monergique. En effet, Le monergisme divin ne requiert pas d'action de l’homme.
C’est Dieu seul qui permet, convainc, attire et appelle. Puis, une fois que le pécheur place sa foi en Dieu, c'est Dieu seul qui justifie, sanctifie et glorifie le pécheur (Romains 8:29-30). C'est là l'œuvre de l'expiation accomplie par Christ sur la croix. Les calvinistes ne semblent pas pouvoir accepter cet aspect synergique, mais c'est la vision biblique du salut. (Actes 16:30-31, Éphésiens 2:8-9, etc.).
[Forlines explique :
« La participation active à la foi par le croyant signifie qu'elle doit être synergique. La réponse humaine ne peut pas être exclue de la foi. La justification et la régénération sont monergiques. Chacun est un acte de Dieu, pas de l'homme. La foi est un acte humain par habilitation divine et ne peut donc pas être monergique1FORLINES, Leroy. The Quest For Truth. Nashville, TN : Randall House, 2001, p. 160.. »]
Le don du salut vient entièrement de Dieu. Lorsque qu’un homme accepte ce cadeau, cela ne signifie pas qu'il a mérité ce cadeau. Dieu nous commande de croire en son Fils pour le salut. Obéir au commandement ne nous permet pas de gagner le salut qui en résulte, mais c'est le moyen de recevoir le salut.
Dieu a voulu que ce don soit offert à tous les hommes (Jean 3:16) et il a décidé d'attirer tous les hommes à Lui (Jean 12:32). Si vous placez votre foi en Jésus-Christ et que vous vous détournez de vos péchés, vous serez sauvé. Cette démarche est accessible à tous.
Arminius a écrit :
« Dans cet état [déchu], le libre-arbitre de l'homme envers le véritable bien n'est pas seulement estropié, infirme, tordu et affaibli ; mais il est aussi captif, détruit et perdu. Et ses forces ne sont pas seulement affaiblies et inutiles à moins qu’elles ne soient assistées par la grâce, mais il n’a aucune sorte de forces à l’exception de celles suscitées par la grâce divine2ARMINIUS, James. Twenty-five Public Disputations. In : The Works of James Arminius. Grand Rapids : Baker, 1996, vol. 2, p. 192.. »
Et également :
« J'affirme donc que cette grâce est simplement et absolument nécessaire pour illuminer l'esprit, ordonner les affections et incliner la volonté vers le bien. C'est cette grâce qui opère sur l'esprit, les affections et la volonté, qui infuse les bonnes pensées dans l'esprit, inspire les bons désirs dans les affections et courbe la volonté pour qu'elle exécute les bonnes pensées et les bons désirs. Cette grâce [...] précède, accompagne et suit ; elle excite, assiste, opère notre volonté, et coopère de peur que nous ne voulions en vain. Elle prévient les tentations, aide et secourt au milieu des tentations, soutient l'homme contre la chair, le monde et Satan, et dans ce grand combat, elle accorde à l'homme la jouissance de la victoire. Elle relève ceux qui ont été vaincus et qui sont tombés, elle leur donne de nouvelles forces et les rend plus prudents. Cette grâce commence le salut, le favorise, le perfectionne et le consomme3ARMINIUS, James. The Works of James Arminius. Grand Rapids : Baker, 1996, vol. 2, p. 700–701.. »
« J'avoue que l'esprit d'un homme naturel et charnel est obscur et sombre, que ses affections sont corrompues et excessives, que sa volonté est rebelle et désobéissante, et que l'homme lui-même est mort dans ses péchés4ARMINIUS, James. The Works of James Arminius. Grand Rapids : Baker, 1996, vol. 2, p. 700–701.. »
Donc, comme nous pouvons le voir, Arminius n'a pas enseigné que l'homme rencontre Dieu à mi-chemin d'une démarche qu'il initie [semi-pélagianisme]. Arminius pensait clairement que l'œuvre du salut est entièrement divine, et que le seul choix de l’homme est d'accepter ce don ou de le rejeter.
Conclusion
La synergie arminienne donne toute la gloire à Celui qui la mérite, à savoir Dieu. D'un autre côté, elle ne nie pas la responsabilité que Dieu donné à l'homme qui consiste à accepter le don qui lui est offert.
Article original : HARTSHORN, Brennon. Monergism, Synergism, and Arminianism. In : Society of Evangelical Arminians [en ligne]. 2009-08-27 [consulté le 2022-01-06]. Disponible à l’adresse : http://evangelicalarminians.org/monergism-synergism-and-arminianism/