Les particularités du calvinisme classique

Livre et loupe

Chaque fois que j'écris sur le calvinisme, au moins une personne qui se considère comme calviniste me contacte pour m'accuser d'avoir créé un « homme de paille » pour ensuite l'abattre. Ou d'autres encore prétendent que ce que j’entends par calvinisme ne s'applique pas à leur calvinisme. Que faire alors ?

Lorsque j'écris sur le calvinisme, sauf indication contraire, je parle du calvinisme classique, historique et cohérent tel qu'il est défini par Calvin, Owen, Edwards, Hodge, Boettner, Sproul et Piper et tel qu'il est exprimé dans les Canons de Dordrecht et la Confession de foi de Westminster. Je parle en fait de la position consensuelle qui est résumé par l'acronyme « TULIP » et qui comprend à la fois la providence méticuleuse (que j'appelle le « déterminisme divin ») et la double prédestination.

Bien sûr (!), n'importe qui peut se dire calviniste. Il n'y a aucune loi contre cela. Mais quand je plaide contre le « calvinisme », comme je le précise dans mon livre Against Calvinism [Contre le calvinisme], je me réfère au calvinisme classique, « fédéral » ou à ce que certains théologiens réformés appellent aussi la « decretal theologie » [théologie du décret], qui considère que tout ce qui se passe sans exception est décrété par Dieu et relève de sa volonté antécédente (et non de sa volonté conséquente).

Si vous pensez que ce n'est pas le « vrai calvinisme », vous devez lire Against Calvinism dans lequel je mentionne de nombreuses citations, provenant de la plupart des théologiens mentionnés précédemment, prouvant qu'il s'agit bien du « calvinisme consensuel » et non d’un calvinisme révisé.

Une question qui surgit de ce calvinisme classique et s’impose à quiconque l'adopte est « Est-il vraiment possible que Dieu veuille que tout le monde soit sauvé ? » Un vrai calviniste issu du modèle originel (paléo-calviniste) ne peut affirmer cela sans tomber dans une contradiction.

Quant aux calvinistes qui affirment que cela est possible, je leur réponds : N’oubliez pas votre doctrine de la providence divine !

Lorsqu’ils cherchent à adoucir la sotériologie calviniste ou à l'expliquer d'une manière susceptible de préserver la bonté de Dieu, de nombreux calvinistes ont tendance à oublier leur doctrine de la providence. Cette doctrine qui revendique une souveraineté déterminante de Dieu sur toute l'histoire. N'oubliez pas que selon le calvinisme classique, Dieu a prédestiné la chute : la chute et toutes ses conséquences se déroulent selon le dessein divin. Tous ces événements ce sont produits parce que Dieu voulait qu'ils se produisent. Lorsque les théologiens calvinistes classiques utilisent le terme « permission », ils veulent dire « permission efficace », c'est-à-dire que Dieu a voulu que la chute (par exemple) se produise et qu'il a ainsi créé une situation dans laquelle Il savait qu'elle se produirait exactement comme Il le voulait. Donc, ce qu'ils entendent par « permission » est que Dieu n'a pas directement causé la chute, mais en aucun cas, ils ne veulent dire que Dieu a permis ces choses avec une certaine peine, (ce qu'affirme l'arminianisme).

Vous ne pouvez donc pas m'accuser d'établir un « homme de paille » lorsque je décris le calvinisme puis propose une critique argumentée à son encontre. À moins que vous soyez capable de démontrer que ma description ne correspond pas au calvinisme classique et historique tel qu'enseigné par Calvin et les autres théologiens que j'ai cités précédemment. Si ma description ne correspond pas à vos croyances, eh bien, tant mieux. Mais n'appelez pas votre croyance « calvinisme » et n'attendez pas de moi que je la reconnaisse comme telle. Je l'appellerai « calvinisme révisé » ou « calvinisme révisionniste » et je le critiquerai probablement pour son manque de cohérence interne.

[Pour en savoir plus, voir : Étude sur le déterminisme théologique dans le calvinisme]


Article original : OLSON, Roger E.. When I Say "Calvinism". In : Roger E. Olson: My Evangelical, Arminian Theological Musings [en ligne]. Patheos, 2014-11-24 [consulté le 2020-05-30]. Disponible à l’adresse : https://www.patheos.com/blogs/rogereolson/2014/11/when-i-say-calvinism/