Je suis né d'une mère de confession protestante réformée. Nous ne parlions que très peu de la prédestination calviniste, ni au catéchisme et encore moins à la maison. Pourtant j'ai hérité en moi de cette doctrine véhiculée de génération en génération.
Comme tout homme sans Christ, j'étais pécheur, englué et prisonnier dans le péché. Mais à cause du péché et de l'héritage de cette doctrine, je me croyais damné, prédestiné à l'enfer. Notons que c'était plus qu'un sentiment de condamnation à cause du péché, mais le sentiment que quoique je puisse faire, croire, rien n’aurait pu changer ma destinée vers l’enfer.
Toutefois, ce n'est pas ce que le calvinisme enseigne : bien que l'homme soit naturellement sous la condamnation divine du fait de sa dépravation, il peut devenir bénéficiaire de la grâce divine pour sortir de cet état, par l'élection inconditionnelle.
Mais comme je n'avais jamais eu l'enseignement de la grâce et de la vie éternelle offerte à tous, j'étais donc lié au salut par la prédestination. Et comme de surcroît, je n'avais pas goûté à l'amour de Dieu, je ressentais une damnation et cela m'a enfermé sans avoir de clé pour ouvrir.
Jusqu'au jour où, par une parole d'une chrétienne charismatique, j'ai cru que Dieu m'aimait tel que j'étais, et qu'il y avait donc une espérance pour moi.
Certains diront que ce qui m'a enfermé ce n'est pas la doctrine calviniste de la prédestination, mais le manque de l'enseignement de la grâce. En analysant mon expérience avec du recul, ça ne tombe pas sous l'évidence :
Premièrement, est-ce vraiment le message calviniste de la grâce qui m'aurait sorti de là ? Je savais déjà que Dieu pardonne. Mais je n'avais jamais saisi l'amour de Dieu pour moi. À l'église réformée, on ne prêchait pas le sacrifice de Christ expiatoire pour les péchés du monde entier et pour chacun de nous personnellement. Car pour les calvinistes, la grâce n'est accessible qu’au travers de l'élection inconditionnelle de Dieu. Il m'était donc difficile de saisir la grâce pour moi au vu de l'incertitude concernant mon élection !
Deuxièmement, alors même que j’avais saisi la grâce, l'assurance du salut coexistait avec un doute sur mon élection. En effet, pour les calvinistes, vous pouvez dire que vous avez la foi, mais si un jour vous perdez cette foi, cela révèle que ce n'était pas une foi authentique et que vous n’étiez pas élu. Il réside donc toujours une incertitude quant à votre foi, votre élection, votre prédestination que finalement Dieu seul connaît, comme un secret caché à l'homme et dont il ne possède aucun témoin infaillible durant sa vie.
C’est l’enseignement de l’arminianisme, enseignement attesté aussi dans la Bible, qui a affermi mon assurance. On a souvent reproché à l'arminianisme (à cinq points) d'enlever l'assurance du salut, mais c'est le contraire ! La foi en Christ, que j'ai actuellement, et qui me maintient sur le chemin de la sanctification, est authentique de façon certaine, en accord avec la première épître de Jean.
Ainsi le fait de savoir que je suis dans la foi en Christ et sur le chemin de la sanctification me donne d'être sûr de mon élection et de son affermissement, loin de toute peur liée à une décision arbitraire de Dieu qui m'échappe, ou de toute fausse sécurité.
Il n'y a pas de plan secret où serait déterminé arbitrairement qui va au paradis et qui va en enfer, et où chacun serait programmé en fonction de ce plan. Cette doctrine laisse un malaise, un sentiment que nous ne serions que des pions d'un jeu, et donc manipulés par un Dieu qui, d’autre part se dit Amour.
Je ne suis pas un cas unique. Des personnes ont hérité du calvinisme sans avoir été enseignées sur la grâce offerte à tous ceux qui croient et à l'amour personnel de Dieu. Ce n'est donc pas étonnant au vu de ce caractère divin double et manipulateur, que certains calvinistes quittent la foi. Ou alors, à l'inverse, que d'autres se leurrent dans une fausse sécurité en se permettant de vivre dans le péché, s'appuyant uniquement sur une conversion passée et sur la croyance que ce salut acquis ne dépend aucunement d'eux.
Certains encore perdent peu à peu l'assurance du salut face à des échecs, des découragements ou l'incertitude grandissante vis-à-vis du soi-disant plan secret de Dieu quant à leur élection.
Tous les calvinistes ne terminent pas mal pour autant. Et ce n'est pas l'ignorance de leur erreur qui va leur faire perdre leur salut final. Mais ils passent selon moi à côté de certaines dimensions de la vie chrétienne, notamment l'affirmation de leur identité de fils et fille de Dieu, l'assurance grandissante du salut au travers d’une interaction spécifique avec le Saint-Esprit.
Au contraire, ma croyance en l'arminianisme va me connecter plus profondément avec le cœur du Père, qui n'est pas double, mais véritablement Amour. Je peux alors mieux entendre le témoignage de son Esprit qui me dit « Tu es mon fils ».
[En complément, consulter l'article suivant : L'assurance du salut dans l'arminianisme et le calvinisme.]