La préservation inconditionnelle est-elle enseignée dans l’épitre aux Hébreux ?

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1. Introduction

Dans le christianisme évangélique, le débat sur la question de savoir si un croyant peut ou non renoncer à sa foi et, par conséquent, perdre son salut fait rage depuis la Réforme.

Il y a une pléthore de passages bibliques pertinents des deux côtés de ce débat et je ne peux pas tous les examiner dans cet article. Au lieu de cela, je me limiterai à examiner deux passages pertinents de l'Épître aux Hébreux. Comme on le verra, ces passages sont des plus controversés du Nouveau Testament car ils semblent donner un témoignage clair du fait que les croyants peuvent s’éloigner de la foi. Les défenseurs de la doctrine de la préservation inconditionnelle (l’idée qu’un croyant authentique ne perdra jamais son salut) proposent certaines lectures particulières de ces passages. Cet article examinera ces lectures en détail et soutiendra qu’elles ne sont pas défendables. La conclusion de l'étude sera qu'Hébreux 6:4-6 et 10:26-29 soutiennent effectivement la doctrine arminienne selon laquelle les chrétiens authentiques peuvent abandonner la foi et perdre leur salut.

2. Préparer le terrain

Le livre des Hébreux est écrit à l'attention de chrétiens d'origine juive. Les destinataires de la lettre semblent faire face à de graves persécutions en raison de leur foi chrétienne et, par conséquent, ils subissent des pressions pour retourner au judaïsme1LANE, William. Hebrews: A Call to Commitment. p. 25. L’un des thèmes majeurs de l’auteur2J'utilise le terme vague « d'auteur » car l'auteur du livre des Hébreux est inconnu. est la supériorité du Christ et son sacrifice en tant que prêtre par rapport au sacerdoce lévitique et les sacrifices effectués sous celui-ci. Ce thème de la supériorité de Christ sert d’argument pour expliquer pourquoi ces chrétiens juifs devaient conserver leur foi chrétienne et ne devaient pas retourner au judaïsme. L’auteur craint que la persécution à laquelle ses lecteurs sont confrontés ne les amène à quitter le Christ, et c’est la raison même de cet écrit. L’affirmation de la préservation inconditionnelle ne constitue donc pas simplement un déni de quelques passages éparpillés dans le livre des Hébreux. En fait, c'est un déni d'une thèse centrale de ce livre, à savoir la possibilité d'apostasie.

Une caractéristique déterminante du livre des Hébreux est la présence constante de nombreux avertissements. Ces avertissements varient en termes de gravité. Certains des avertissements les moins sévères peuvent être trouvés aux versets He 2:1-3, 3:6, 3:12-14 et 4:1. Mais dans cet article, nous allons nous intéresser aux deux avertissements les plus forts que l'on trouve aux versets He 6:4-6 et 10:26-29.

3. Hébreux 6:4-6 dans son contexte

Au chapitre 6, l'auteur propose une solution au problème qu’il explicite depuis le chapitre He 5:11. A partir de ce point, l’auteur explique que Jésus est un souverain sacrificateur « selon l’ordre de Melchisédec ». Soudain, il change de ton et dit que les choses qu’il souhaite transmettre à ses lecteurs au sujet de Jésus sont difficiles à comprendre parce que son public n’est pas encore assez mûr pour les recevoir. Il réprimande gentiment son public pour son immaturité spirituelle dans le reste du chapitre 5. Il dit à ses membres qu’ils devraient maintenant grandir spirituellement. Ils devraient avoir une compréhension plus profonde des choses de Dieu, au point même qu’ils devraient être capables d’en enseigner d’autres. Le chapitre He 6 se poursuit dans cette ligne de pensée. L’auteur dit : « C’est pourquoi, laissant les éléments de la parole de Christ, tendons à ce qui est parfait, sans poser de nouveau le fondement du renoncement aux œuvres mortes, de la foi en Dieu ». C’est, à leur égard une exhortation à grandir en maturité. Cela découle du contexte immédiat et n’est pas sujet à controverse. De même, il exhorte à ne pas reposer le fondement : « de la doctrine des baptêmes, de l’imposition des mains, de la résurrection des morts, et du jugement éternel ».

Ici, l’auteur énumère des doctrines spécifiques que son public devrait avoir compris. En He 6:3, l’auteur poursuit en disant : « C’est ce que nous ferons, si Dieu le permet. » La question qui se pose à ce stade est de savoir pourquoi Dieu ne permettrait pas à quelqu’un d’aller au-delà de ces doctrines rudimentaires. Pourquoi Dieu ne permettrait-il pas à un croyant d’aller jusqu’à la maturité ? L’auteur répond à cette question dans les trois versets suivants. Ces versets sont les plus controversés du livre des Hébreux (si ce n’est de tout le Nouveau Testament) et ce sont ces versets auxquels nous nous intéresserons. L’auteur écrit:

« Car il est impossible que ceux qui ont été une fois éclairés, qui ont goûté le don céleste, qui ont eu part au Saint-Esprit, qui ont goûté la bonne parole de Dieu et les puissances du siècle à venir, et qui sont tombés, soient encore renouvelés et amenés à la repentance, puisqu’ils crucifient pour leur part le Fils de Dieu et l’exposent à l’ignominie. » (He 6:4-6)

4. Les arguments contre la préservation inconditionnelle

Pour qu’Hébreux 6:4-6 apporte des preuves évidentes contre la préservation inconditionnelle, nous devons établir deux choses:

  • Que le passage parle effectivement des croyants.
  • Que la « chute » fait référence à la perte du salut.

4.1. L'avertissement se porte sur les croyants

Répondons d’abord à la question de savoir si ce sont ou non les croyants dont parle ce passage. Comme nous l’avons déjà noté, Hébreux 6:4-6 apparaît au milieu d’une discussion exhortant les lecteurs à grandir en maturité. Ceci est important car cela constitue le contexte de l’avertissement. De manière évidente les incroyants ne sont pas concernés par l’exhortation à grandir en maturité. Il est donc évident que l’avertissement apparaît dans une section qui s’adresse aux chrétiens authentiques. Les défenseurs de la préservation inconditionnelle le reconnaissent, mais ils soulignent qu’il doit y avoir eu des incroyants au sein de la communauté. James White affirme ainsi: « Le livre des Hébreux est écrit à tous ceux qui font partie de cette communauté, y compris les non-croyants, dont certains n’étaient tout simplement pas complètement convaincus de la supériorité de Christ par rapport à la loi et d’autres qui étaient tout simplement hypocrites. Les avertissements qui sont donnés sont nécessaires car nous ne pouvons pas, en tant qu’êtres humains, voir dans le cœur de tous les hommes3WHITE, James R.. God’s Sovereign Grace. p. 156. »

Laissant de côté le fait qu’il n’y a aucun sens d’avertir les gens qui, comme James White le croit, ont été inconditionnellement prédestinés au paradis ou à l’enfer, l’argument de White est insuffisant. S’il est vrai qu’il y avait probablement de faux convertis au sein de l’église, cela ne touche pas à l’argument contre la préservation inconditionnelle. Le fait est que les termes descriptifs spécifiques utilisés en He 6:4-6 ne peuvent être correctement appliqués qu’aux croyants authentiques. Se référer au fait qu’il peut y avoir des incroyants au sein de la congrégation n’explique pas comment on pourrait dire de manière juste que ceux-ci aient été éclairés, qu’ils aient goûtés au don céleste, qu'ils soient devenus participants au Saint-Esprit, et ainsi de suite. Aucune interprétation sérieuse de ce passage peut soutenir que les incroyants sont mis en garde sans s’attaquer à ces descriptions. Examinons donc de plus près ces descriptions et voyons si elles peuvent être raisonnablement appliquées aux incroyants.

4.1.1. Éclairer

Tout d’abord il est dit qu’ils ont été « éclairés ». Si la signification d’un mot dans les Écritures n’est pas claire, il est toujours conseillé de voir comment le mot est utilisé ailleurs par le même auteur. Heureusement, l’auteur utilise à nouveau ce mot en He 10:32-33. Où il est écrit :

« Souvenez-vous de ces premiers jours, où, après avoir été éclairés, vous avez soutenu un grand combat au milieu des souffrances, d’une part, exposés comme en spectacle aux opprobres et aux afflictions, et de l’autre, vous associant à ceux dont la position était la même. » (He 10:32-33)

Les « lumières » décrites ici semblent être une référence à la conversion. Rappelez-vous que l’auteur s’adresse aux chrétiens persécutés (il s’adresse aux destinataires de cette déclaration spécifique en tant que frères en  He10:19). Dans ce passage, il relie directement leur souffrance à ces lumières. Puisque la persécution a eu lieu en conséquence directe de leur foi en Christ, il semble que « éclairés » soit ici un synonyme du salut.

Il a été suggéré que « éclairés » pourrait simplement signifier être sensibilisé à l’Évangile. John Lennox plaide en faveur d’une telle lecture en disant : « Jean parle de la Parole comme de la vraie lumière qui éclaire tout le monde (voir Jn 1:9). Nulle part les Écritures n’enseignent que tout le monde sera sauvé; c'est le contraire en fait. Par conséquent, il s’avère qu’être éclairé n’est pas la même chose que d’être sauvé 4LENNOX, John C.. Determined to Believe?. p. 342. » Il faut tout d’abord noter que l’interprétation de Lennox n’est pas acceptable pour les calvinistes. Les calvinistes soutiennent que les gens sont incapables de comprendre l’évangile avant la régénération sur la base de leur interprétation de 1 Corinthiens 2:14. Néanmoins, est-il possible d’avoir une interprétation également pour le non-calviniste ? Dans ce cas, nous avons deux significations possibles pour le mot « éclairés ». Basé sur Jean 1:9, ce mot pourrait signifier une simple compréhension intellectuelle, et basé sur Hébreux 10:32, ce mot se référerait au salut. Dans leur excellente introduction à l’interprétation biblique, Klein, Blomberg et Hubbard nous rappellent que « le sens donné aux mêmes mots dans des passages plus proches que celui étudié ont plus de poids que celui de passages plus éloignés. Ainsi, le sens que l’auteur donne à ce mot dans le même livre a plus de pertinence que le sens que l’auteur donne à ce même mot dans d’autres livres. De là, nous examinerons comment d’autres auteurs du même testament utilisent ces mots5KLEIN, William W., BLOMBERG, Craig L., HUBBARD, Robert L.. Introduction to Biblical Interpretation. p. 196. » Alors, pourquoi Lennox donne-t-il la priorité au sens donné à ce mot dans l’Évangile de Jean plutôt que le sens donné par l’auteur de l’épître aux Hébreux lui-même pour ce mot ? La seule raison à cela est qu’il a présupposé véridique la préservation inconditionnelle. Pourtant sur une base exégétique, la lecture arminienne est plus probable.

4.1.2. Goûter le don céleste

Deuxièmement, il est dit que ces personnes ont « goûté au don céleste ». Tout d’abord, nous devrions nous demander à quoi fait référence le don céleste ? Il semblerait raisonnable de voir le don céleste comme équivalent au don de Dieu qui est identifié à plusieurs reprises comme le salut dans les Écritures (Ephésiens 2:8-9, Romains 6:23, 2 Corinthiens 9:15, Jean 4:10). Il est difficile de voir quelle autre chose on pourrait appeler à juste titre le don de Dieu.

Parfois, ceux qui croient en la préservation inconditionnelle essaieront de suggérer que le mot « goûté » signifie simplement avoir grignoté ou pris un échantillon. Mais cela semble peu probable compte tenu de la façon dont le même mot est utilisé en Hébreux 2:9 où l’auteur dit que Christ « goûta la mort pour tout. » (DBY) De toute évidence, Jésus ne s’est pas contenté de prendre un échantillon ou de grignoter la mort. Christ a pleinement expérimenté la mort. F. Leroy Forlines dit : « Ma position est que le mot goûté est l’un des mots les plus forts qui auraient pu être utilisés. Dans la dégustation, il y a toujours une conscience de la présence de ce qui a été goûté6FORLINES, F. Leroy. Classical Arminianism. p. 316. Ainsi, nous devrions comprendre l’expression « goûté au don céleste » comme exprimant « a pleinement expérimenté le salut de Dieu ».

4.1.3. Avoir part au Saint-Esprit

Troisièmement, ces personnes sont décrites comme ayant été participantes au Saint-Esprit. C’est sans doute la description la plus difficile à contourner pour les défenseurs de la préservation inconditionnelle. Certains ont essayé de dire que cela signifie simplement que les apostats ont été influencés par le Saint-Esprit. Mais ce n’est pas un sens possible du mot utilisé ici. Le mot grec traduit par « participants » est metochos et signifie être un participant, un associé ou un partenaire.

Tous ces termes exigent une réelle connexion avec le Saint-Esprit. Cette conclusion est encore renforcée par un examen de la façon dont le mot « participants » est utilisé dans l’épître aux Hébreux. Non seulement le terme parle toujours d’une pleine participation, mais il est également exclusivement utilisé pour les croyants.

Examinons les passages suivants :

« C’est pourquoi, frères saints, qui avez part à la vocation céleste, considérez l’apôtre et le souverain sacrificateur de la foi que nous professons, Jésus » (He 3:1). Puisque le terme « frères » est utilisé ici, il est clair que les participants sont des croyants.

« Car nous sommes devenus participants de Christ, pourvu que nous retenions fermement jusqu’à la fin l’assurance que nous avions au commencement » (He 3:14). Ce verset est intéressant. Selon la doctrine de la Trinité, Christ et le Saint-Esprit sont tous deux également Dieu. Il serait extrêmement peu plausible pour le défenseur de la préservation inconditionnelle de suggérer que l’on peut être participant au Saint-Esprit et en même temps ne pas être participant avec le Christ et ne pas être sauvé.

« Supportez le châtiment : c’est comme des fils que Dieu vous traite ; car quel est le fils qu’un père ne châtie pas ? Mais si vous êtes exempts du châtiment auquel tous ont part, vous êtes donc des enfants illégitimes, et non des fils. » (He 12:7-8) Ce dernier exemple est frappant. On dit en fait que de participer à la discipline est la caractéristique distinctive des enfants de Dieu.

Et comme si tout cela ne suffisait pas, le fait que des incroyants ne peuvent pas participer au Saint-Esprit est le coup de grâce pour quiconque cherche à prouver que cette phrase décrit les incroyants. Romains 8:9 dit :

« Pour vous, vous ne vivez pas selon la chair, mais selon l’Esprit, si du moins l’Esprit de Dieu habite en vous. Si quelqu’un n’a pas l’Esprit de Christ, il ne lui appartient pas. »

Jean 14:17 est encore plus explicite en disant :

« l’Esprit de vérité, que le monde ne peut recevoir, parce qu’il ne le voit point et ne le connaît point; mais vous, vous le connaissez, car il demeure avec vous, et il sera en vous. »

Ces versets font qu’il est impossible de considérer un participant au Saint-Esprit comme une personne non sauvée. Les incroyants ne peuvent pas recevoir le Saint-Esprit et Il ne peut pas demeurer en eux. En effet, ces passages indiquent que l’incroyant est totalement étranger au Saint-Esprit. B. J. Oropeza enfonce le clou : « Ils ont aussi "partagé l’Esprit Saint" [...] une pensée qui se rapproche de l’union mystique d’un partage en relation avec le Christ (cf. He 3:1, 14). Ici, l’accent est mis sur la relation, la communion et la solidarité de l’Esprit avec les croyants, une caractéristique chrétienne primitive pour caractériser le commencement de la conversion, la vie nouvelle et la sanctification. Il n’y a en fait aucun passage dans le Nouveau Testament qui affirme que les incroyants ou les faux chrétiens ont une part dans le Saint-Esprit7OROPEZA, B. J.. Churches Under Siege of Persecution and Assimilation. p. 35-36. »

4.1.5. Goûter la bonne parole de Dieu

Bien que moins concluante que les trois premières descriptions, la déclaration « ont goûté le don céleste, qui ont eu part au Saint-Esprit » semble également décrire les croyants authentiques. Comme nous l’avons vu, « goûté » fait référence à une expérience complète. La bonne parole de Dieu est probablement une référence à l’évangile, bien qu’elle puisse aussi se référer à Christ (Jn 1:1). Les puissances du siècle à venir sont vraisemblablement une référence aux dons spirituels. Si c’est le cas, cela renforce la conclusion que ce sont les croyants qui sont décrits puisque les dons spirituels ont été accordés aux croyants. Mis à part les preuves que nous avons déjà examinées, tous les termes descriptifs sont conjugués au temps aoriste et désignent des actions achevées. Le fait que l’auteur ait choisi de décrire ces apostats à l'aoriste suggère qu’il avait l’intention de décrire une expérience complète plutôt qu’une en devenir. Plus significatif encore est le fait que l’auteur ne donne absolument aucune indication qu'il entendrait que ces personnes n'étaient pas sauvées. À un moment donné, nous devons nous poser la question, pourquoi l’auteur ne dit-il pas simplement que ces apostats étaient sur le point d’être sauvés si c’est ce qu’il avait voulu dire ?

Il semble beaucoup plus probable que la vraie raison pour laquelle les théoriciens de la préservation inconditionnelle s’efforcent de prouver que ces termes ne décrivent pas de manière concluante le salut est parce que leur théologie l’exige. L’auteur de l’épître aux Hébreux lui-même n’offre certainement pas un tel qualificatif. Oropeza nous rappelle qu' « il y a peu de raisons pour l’auteur de se donner la peine de compiler une liste complète des bénédictions salvifiques décrites en He 6:1-4 s’il avait l’intention de communiquer à son public que ces gens n’étaient pas des croyants authentiques. [...] Peut-être l’auteur veut-il affirmer par la compilation de ces participes en He 6:4-6 qu’il ne fait pas référence à ce type de pratiquants sans enthousiasme, mais à ceux qui avaient indubitablement été convertis. [...] Notre auteur présente donc ce passage dans le cadre de son effort pour secouer son public de leur torpeur spirituelle8OROPEZA, B.J.. Churches Under Siege of Persecution and Assimilation. p. 37..

4.2. La chute concerne le salut - Et sont tombés

Je suis d’avis que les preuves contre le fait de considérer ces apostats comme étant « presque sauvés » sont décisives. Alors, passons à la question : à quoi se réfère la chute ? Il y a de multiples raisons de croire que cette chute fait référence à la perte du salut. En premier lieu, la chute semble être parallèle à la déchéance décrite en He 2:1.

« C’est pourquoi nous devons d’autant plus nous attacher aux choses que nous avons entendues, de peur que nous ne soyons emportés loin d’elles. » (He 6:2)

Un examen attentif du langage d'Hebreux 2:1 montrera qu’il s’agit d’une référence à la déchéance du salut. Si les passages sont parallèles, alors il est raisonnable d’en déduire que la chute citée ici est aussi celle du salut. [...]

Wayne Grudem essaie de faire valoir que ce repentir n’amenait pas au salut. Il soutient que le repentir peut simplement se référer à la tristesse pour les péchés. Mais en premier lieu, le simple fait de suggérer possible que le « repentir » peut signifier « tristesse » ne prouve pas que c’est, en fait, ce que l’on veut dire ici. Plus important encore, le contexte réfute cette idée. En He 6:1, l’auteur décrit le type de repentir qu’il avait à l’esprit :

« C’est pourquoi, laissant les éléments de la parole de Christ, tendons à ce qui est parfait, sans poser de nouveau le fondement du renoncement aux œuvres mortes, de la foi en Dieu ». (He 6:1)

Il y a une relation entre la foi et la repentance dans les Écritures. Comme le dit Forlines, « Bien que le repentir comprenne un « de » et un « à », l’accent du repentir est sur le « à » plutôt que sur le « de ». Le repentir est un mot qui va de l’avant [...] Exercer la foi implique un changement de l’incrédulité, quelle qu’elle soit. Le repentir se termine par la foi. Si nous disons à une personne de se repentir, ou si nous lui disons de croire, nous lui disons de faire la même chose. Repentez-vous insiste sur le fait qu’un changement est impliqué. La foi met l’accent sur la fin vers laquelle le changement est dirigé9FORLINES, F. Leroy. The Quest for Truth. p. 254-255. »

Ainsi, contextuellement, le repentir dont ces apostats sont tombés est équivalent à la foi. Ce n’est pas un simple chagrin comme certains voudraient le supposer. Une autre preuve que cette chute était la perte de leur salut est visible au travers de la raison que l’auteur donne pour expliquer l’impossibilité de leur restauration. Il écrit : « Car il est impossible […] qu’ils soient encore renouvelés et amenés à la repentance, puisqu’ils crucifient pour leur part le Fils de Dieu et l’exposent à l’ignominie. » Que signifie crucifier le Fils de Dieu pour soi-même ? Il semble que crucifier quelque chose, dans le Nouveau Testament, se réfère à un rejet total de quelque chose. Considérez les paroles de Paul dans Galates 6:14. « Pour ce qui me concerne, loin de moi la pensée de me glorifier d’autre chose que de la croix de notre Seigneur Jésus-Christ, par qui le monde est crucifié pour moi, comme je le suis pour le monde. » Ici, Paul se réfère au fait de crucifier le monde pour lui-même comme signifiant évidemment une aliénation totale. Ainsi, il serait tout à fait raisonnable de voir la référence à la crucifixion du Christ pour soi-même dans He 6:6 comme une référence à s’aliéner de Dieu.

De plus, notez que l’auteur dit qu’ils crucifient de nouveau le Christ. Le mot « de nouveau » suggère que cela s’était déjà produit une fois. Cela confirme ma thèse selon laquelle ces gens avaient déjà été sauvés puisque, s’ils n’avaient jamais été sauvés au départ, ils auraient toujours été aliénés de Christ et donc la présence du mot « à nouveau » serait inappropriée. Comme le dit Forlines, « Notons qu’il s’agit d’une crucifixion dans la relation, c’est-à-dire à eux-mêmes. [...] La relation du Christ avec les non-sauvés est celle d’un Christ mort ; mais pour les sauvés, il est un Christ vivant. Une personne ne pouvait pas crucifier pour sa part le Fils de Dieu, de nouveau, à moins d’être déjà dans une relation vivante avec Lui. Par conséquent, cela ne pouvait être commis que par une personne sauvée10FORLINES, F. Leroy. Classical Arminianism. p. 316. »

Enfin, la fin de ces apostats est d’être brûlée selon Hébreux 6:8. Cela semble être une référence évidente à l’enfer. Puisque j’ai déjà établi que ces apostats ont été sauvés à un moment donné, pour que leur fin finale soit l’enfer, il faudrait que la chute soit une référence à la perte du salut.

5. Autres objections et hypothèses

5.1. Pourquoi ne dit-il pas qu'ils sont « sauvés » ?

Ayant donc exposé un état détaillé de la position arminienne, répondons à quelques objections des croyants en la préservation inconditionnelle. Il y a un demi-mensonge commun parmi les défenseurs de la préservation inconditionnelle affirmant que l’auteur de l’épître aux Hébreux n’utilise pas réellement le mot « sauvé » pour décrire ces individus. Bien que cela soit vrai, l’objection manque de poids. Le livre des Hébreux, et en fait, tout le Nouveau Testament, utilise une grande variété de termes autre que le mot « sauvé » pour décrire le croyant. Il n’est tout simplement pas raisonnable d’exiger que ce mot précis soit utilisé chaque fois que des croyants sont décrits. Les descriptions que nous avons sont suffisantes pour établir que ce sont des croyants authentiques dont il est fait mention.

Robert Shank le dit de façon plutôt colorée : « Nous devons [...] admettre que nous ne lisons pas ici qu’ils aient dis : « Que dois-je faire pour être sauvé ? » ou qu’ils aient prié : « Que Dieu soit miséricordieux envers moi, pécheur. » Il n’est pas dit non plus d’eux qu’ils avaient invoqué le nom du Seigneur, ou qu’ils avaient cru dans leur cœur, ou qu’ils s’étaient confessés par leur bouche. [...] Nous devons admettre que beaucoup, beaucoup de choses « ne sont pas dites d’eux » dans le passage qui nous est présenté. Mais alors, on ne peut pas tout dire en si peu de place. Ce que l’auteur a dit d’eux ne peut être dit que d'hommes qui ont fait l’expérience de la grâce salvatrice de Dieu en Christ11SHANK, Robert. Life in the Son. p. 228-229. »

5.2. Un avertissement hypothétique ?

Compte tenu de la force des arguments en faveur du fait que ces apostats aient été des personnes sauvées, de nombreux croyants en la préservation inconditionnelle ont essayé de faire valoir que ce passage est simplement hypothétique. Malheureusement, certaines traductions donnent l’impression trompeuse que cela pourrait être hypothétique en traduisant le verset par : « s’ils sont tombés » [en français MAR, KJF, CHU par ex.]. Mais il n’y a pas de « si » en grec. Ce mot est ajouté par les traducteurs. Nous pouvons admettre qu’il est possible que ce passage ne décrive pas des personnes réelles et ne fasse qu’avertir de ce qui se passera si l’on tombe. Mais si tel est le cas, nous devons faire une distinction entre une hypothèse réelle et une simple hypothèse. Rappelez-vous, les hypothèses décrivent souvent ce qui peut vraiment arriver. Et puisque ce passage est donné comme un avertissement, il présuppose que cette hypothèse est une possibilité réelle. Quiconque veut dire que ces versets décrivent une simple hypothèse, c’est-à-dire une hypothèse qui ne pourrait jamais devenir une réalité, doit en apporter la preuve. Mais nous pourrions à juste titre nous demander, est-ce même hypothétique ? Compte tenu de l’utilisation de l’aoriste, qui désigne des actions achevées, il semble plus probable que l’auteur décrive des apostats réels et les utilise comme un exemple.

Comme le note Shank, « Au lieu de supposer que l’apostasie qui « les » a engloutis ne peut pas « vous » atteindre, l’auteur les brandit devant « vous » comme un exemple tragique pour un solennel avertissement et se met sérieusement à exhorter ses lecteurs : « Nous désirons que chacun de vous montre le même zèle pour conserver jusqu’à la fin une pleine espérance, en sorte que vous ne vous relâchiez point et que vous imitiez ceux qui, par la foi et la persévérance, héritent des promesses12SHANK, Robert. Life in the Son. p. 177-178. »

De plus, il y a un problème théologique avec cette interprétation hypothétique. Comme le note Stanley Outlaw, « De tous les points de vue énumérés, cette approche (hypothétique) peut être la pire en ce qui concerne l’intégrité des Écritures. Cela suggère que tous les avertissements de Dieu ne sont pas à prendre au sérieux, qu’Il peut réellement jouer avec nous. Il semble que Dieu opère sur le principe : « Ce qu’ils ne savent pas ne leur fera pas de mal. » Ce point de vue ne mérite rien de plus que d’être étiqueté comme une échappatoire, une explication inventée de toutes pièces pour éviter la vérité évidente de ce passage de l’Écriture13OUTLAW, Stanley. The Randall House Bible Commentary: Hebrews. p. 122. »

Mais les théoriciens de la préservation inconditionnelle protesteront toujours qu’au verset 9, l’auteur exprime sa confiance dans la persévérance de ses lecteurs. Ils pensent que les versets 4-6 ne peuvent pas décrire des croyants authentiques qui perdent leur salut puisque l’auteur n’inclut pas ses lecteurs parmi eux. Cependant, cet argument semble négliger le fait que l’auteur ne compte pas ses lecteurs parmi les apostats seulement après que ceux-ci se soient éloignés. Dire que cette description ne pouvait pas être vraie pour les lecteurs fait que l’on se demande pourquoi l’auteur l’a incluse comme un avertissement. Robert Shank répond à cette question en disant : « Certains font appel au verset 9 [...] prétendant qu’une telle apostasie ne peut pas réellement se produire. Mais ils ne tiennent pas compte de la transition de la troisième personne (« ceux, ils ») dans les versets 4-6 à la deuxième personne (« vous ») au verset 9. L’écrivain attend « pour ce qui vous concerne, des choses meilleures », mais pas pour « eux ». Bien qu’il soit persuadé que « vous » n’avez pas encore apostasié, il déclare qu’« ils » l’ont effectivement fait14SHANK, Robert. Life in the Son. p. 177-178. »

5.3. Perte de récompenses ?

Réalisant la futilité de nier que les apostats avaient été sauvés, certains ont essayé de faire valoir que le passage décrit simplement une perte de récompense. David Allen défend ce point de vue en disant : « Ce sont des croyants authentiques qui risquent de perdre certaines bénédictions de la nouvelle alliance dans cette vie ainsi que des récompenses au siège du jugement de Christ15ALLEN, David L.. New American Commentary: Hebrews. p. 377. » Allen se concentre sur le fait qu’une récompense est visible en He 6:7. Cependant, comme le souligne Frederick Claybrook, « Il ne parle pas de bénédictions (pluriel) ... mais de la bénédiction (singulier), c’est-à-dire la bénédiction de la vie éternelle. Dans la parabole, la terre qui produit des épines et des chardons risque d’être maudite » (v. 8). Ceux qui sont maudits n’hériteront pas la vie éternelle (cf. II P2:14)16CLAYBROOK, Frederick W. Once Saved, Always Saved?, p. 36.

Le point de vue d’Allen selon lequel cette perte se réfère exclusivement aux récompenses ne tient tout simplement pas compte de deux facteurs. Premièrement, comme nous l’avons vu, la chute est celle du repentir salvifique. Bien que cette chute entraine très certainement la perte de toutes les récompenses que l’on aurait pu recevoir, elle entraîne également la perte du salut puisque le repentir est une condition du salut. Deuxièmement, le point de vue d’Allen ne prend tout simplement pas au sérieux les descriptions du jugement. Au verset 8, l’auteur décrit la fin de ces apostats comme étant brûlés, c'est-à dire un terme qui fait très naturellement référence à l’enfer. Comme le note Grant Osborne, « Penser que cela représente simplement une perte de récompenses est pratiquement impossible parce que le langage est beaucoup trop fort17OSBORNE, Grant R.. A Classical Arminian View. In : Four Views on the Warning Passages in Hebrews, p. 127 ». Il est incohérent de prendre littéralement les descriptions claires des croyants dans les versets 4 à 6 tout en ignorant le langage clair de la damnation au verset 8. Il est intéressant de noter qu’Allen ne rejette pas l’idée que ce passage enseigne l’apostasie pour une raison strictement textuelle. Il dit : « La principale faiblesse [de la position de la persévérance conditionnelle], au niveau du Nouveau Testament, est la difficulté d’expliquer la pléthore de passages qui affirment la sécurité éternelle du croyant18ALLEN, David L.. New American Commentary: Hebrews. p. 371. »

Il semble donc que l’interprétation d’Allen soit déterminée par son parti pris pour la préservation inconditionnelle plutôt que par une exégèse saine. Comme le dit Outlaw, « Le repentir est une condition du salut, pas une condition pour les récompenses. Si une personne ne peut se repentir, alors elle ne peut remplir l’une des conditions essentielles du salut [...] L’incapacité de se repentir signifie certainement plus que la perte de récompenses ; Ce ne doit pas être moins que la perte éternelle du salut19OUTLAW, Stanley. The Randall House Bible Commentary: Hebrews. p. 123. »

5.4. Soutien à la préservation inconditionnelle ?

Certains ont essayé de faire valoir que le passage dit simplement qu’il n’est pas nécessaire de se repentir à nouveau parce qu’il est de toute manière impossible de perdre son salut. En d’autres termes, le passage est interprété comme un enseignement qu’un chrétien rétrograde n’a pas besoin de se repentir à nouveau. Norman Geisler explique : « Le fait même qu’il leur soit « impossible » de se repentir à nouveau indique la notion de repentir une fois pour toute. En d’autres termes, ils n’ont pas besoin de se repentir à nouveau puisqu’ils l’ont fait une fois et c’est tout ce qui est nécessaire pour la « rédemption éternelle20GEISLER, Norman. Chosen But Free. p. 130-131 ». L’interprétation de Geisler n'est pas défendable à de nombreux niveaux.

En premier lieu, la raison qu’il donne pour l’impossibilité de se repentir à nouveau ne correspond pas à la raison donnée par l’auteur de l’épître aux Hébreux. Selon Geisler, il n’est pas nécessaire de se repentir à nouveau parce qu’on ne peut pas perdre son salut. Mais selon le verset 6, la raison de cette impossibilité est que les apostats crucifient à nouveau le Fils de Dieu et Lui font honte. Comme nous l’avons vu, crucifier quelque chose pour soi-même signifie le répudier totalement. Ainsi, contrairement à l’interprétation très réconfortante de Geisler, l’auteur de l’épître aux Hébreux relie leur incapacité à se repentir à leur rejet total du Christ.

Deuxièmement, Geisler ignore le contexte antérieur de l’avertissement. Rappelez-vous que les versets 4 à 6 répondent à la question soulevée au verset 3, à savoir pourquoi un croyant n’irait-il pas jusqu’à la maturité ? Dire que les apostats ne peuvent plus se repentir parce qu’il n’est pas nécessaire de se repentir à nouveau expliquerait difficilement pourquoi Dieu ne pourrait pas permettre la maturité.

Troisièmement, Geisler ignore le contexte suivant de l’avertissement. Au verset 9, l’auteur dit qu’il attend de meilleures choses pour ses lecteurs. En d’autres termes, l’auteur ne considère pas que cette chute s’est produite pour son public. Geisler pense-t-il vraiment qu’aucun des lecteurs d’Hébreux n’ait jamais rétrogradé ? Son interprétation semble exiger cette conclusion absurde.

Quatrièmement, le point le plus dommageable de tous, Geisler ignore le fait que ces personnes seraient brûlées à la fin. C’est probablement une référence à l’enfer et cela ne correspond donc pas à sa thèse selon laquelle le passage enseigne simplement qu’un second repentir n’est pas nécessaire.

5.5. Une preuve de trop ?

Presque tous les défenseurs de la préservation inconditionnelle soutiennent que si ce passage prouve que le salut peut être perdu, alors il s’avère trop dur car il semble empêcher un apostat d’être sauvé à nouveau. Charles Stanley dit : « Malheureusement pour ceux qui ne croient pas en la préservation inconditionnelle, ces versets semblent aller au-delà de ce qu’ils croient. Si le sujet de ces versets est le salut, les croyants qui « tombent » ne pourront plus jamais être sauvés ! Il n’y a pas de seconde chance. Selon les mots de l’auteur, « Il est impossible […] qu’ils soient encore renouvelés et amenés à la repentance21STANLEY, Charles. Eternal Security. p. 163. » Cet argument apparaît avec une fréquence inquiétante. Je ne poursuivrai pas sur la question de savoir si l’apostasie est définitive ou non dans cet article. Il y a des chercheurs qualifiés qui défendent les deux positions22Apostasie définitive : Forlines, Picirilli, Claybrook, Oropeza, Marshall, Outlaw ; Apostasie non-définitive : Shank, Abasciano, Cockerill, Wheadon, Dongell, Carter.. [...]

[N.D.L.R. : Nous soutenons la thèse selon laquelle, dans l’Épitre aux hébreux, l'apostasie est présentée comme définitive, pour la raison que l'auteur considère l'état des personnes du point de vue de l'éternité, c'est-à dire après la mort. L'apostasie n'est pas définitive jusqu'à ce point ; passé ce point, l'apostasie est définitive. Pour plus de détails voir : Les passages d’avertissement de l’épître aux Hébreux : Analyse formelle et conclusions théologiques, et aussi Hébreux 6:6 enseigne-t-il que l'apostasie est irrémédiable ?]

5.6. Un contre-exemple ?

Avant de poursuivre, nous devons examiner la parabole du terrain qui suit immédiatement les versets 4-6. Ici, l’auteur écrit :

« Lorsqu’une terre abreuvée par la pluie qui tombe souvent sur elle, produit une herbe utile à ceux pour qui elle est cultivée, elle participe à la bénédiction de Dieu ; mais, si elle produit des épines et des chardons, elle est réprouvée et près d’être maudite, et on finit par y mettre le feu. » (He 6:7-8)

Les théoriciens de la préservation inconditionnelle utiliseront souvent cette illustration pour soutenir l’idée que les apostats décrits dans les versets précédents n’ont jamais été sauvés. Ils soutiennent que parce que le champ a donné des épines et des chardons, les apostats n’ont jamais dû être croyants. Cela pose problème pour de multiples raisons.

Premièrement, nous ne devrions jamais interpréter le clair à travers du flou. Notre interprétation du langage clair en 6:4-6 devrait nous guider dans notre interprétation de la parabole du champ. Essayer d’interpréter les termes descriptifs clairs en 4-6 à travers une parabole n’est pas sage.

Deuxièmement, cet argument semble supposer qu’il y a deux champs décrits dans cette parabole : un qui porte du fruit et un autre qui porte des épines. Mais cela n’est indiqué nulle part dans le texte. Il se lit plus naturellement comme décrivant un seul champ qui, à un moment donné, était fructueux, mais est finalement devenu durci et épineux. Cette interprétation ne fait pas l’hypothèse arbitraire qu’il y a deux champs, et plus important encore, elle coïncide avec la description des croyants apostasiant dans les versets précédents. Il coïncide également bien avec les avertissements contre l’endurcissement du cœur que l’on trouve tout au long du livre (He 3:7, 8, 13, 15 ; He 4:7).

Enfin, la parabole du « juste » décrite en He 10:35-38 est parallèle à la parabole du champ. Le passage dit :

« N’abandonnez donc pas votre assurance, à laquelle est attachée une grande rémunération. Car vous avez besoin de persévérance, afin qu’après avoir accompli la volonté de Dieu, vous obteniez ce qui vous est promis. Encore un peu, un peu de temps : celui qui doit venir viendra, et il ne tardera pas. Et mon juste vivra par la foi ; mais s’il se retire, mon âme ne prend pas plaisir en lui. »

Il est clair que celui qui rétrograde est le même que le juste. Ainsi, nous avons toutes les raisons de croire que le champ fécond est le même que celui qui finit par faire pousser des épines.

6. Hébreux 10:26-29

Alors qu'Hébreux 6:4-6 est probablement l’avertissement le plus controversé dans les débats sur la préservation inconditionnelle, je suis d’avis qu'Hébreux 10:26-29 est beaucoup plus concluant. Le passage se lit comme suit.

« Car, si nous péchons volontairement après avoir reçu la connaissance de la vérité, il ne reste plus de sacrifice pour les péchés, mais une attente terrible du jugement et l’ardeur d’un feu qui dévorera les rebelles. Celui qui a violé la loi de Moïse meurt sans miséricorde, sur la déposition de deux ou de trois témoins ; de quel pire châtiment pensez-vous que sera jugé digne celui qui aura foulé aux pieds le Fils de Dieu, qui aura tenu pour profane le sang de l’alliance, par lequel il a été sanctifié, et qui aura outragé l’Esprit de la grâce ? »

Nous devrions nous demander 1) À qui s’adresse ces versets ? et 2) Qu'arrive-t-il à ces personne ? Le texte semble décrire clairement des personnes sauvées. Tout d’abord, l’auteur s’inclut lui-même parmi ceux auxquels il s’adresse en disant « si nous continuons à pécher ». Cela suggère qu’il se considérait capable de commettre ce péché volontaire. Le péché volontaire ici est généralement compris comme étant le même sujet abordé tout au long du livre. Donc, il peut être vu comme la même chose que la déchéance ou la chute dans les chapitres 2 et 6.

Il est dit que ce péché se produit après la réception de la connaissance de la vérité. Wayne Grudem essaie de faire valoir qu’il s’agit simplement d’une référence à l’écoute de l’Évangile en affirmant : « Recevoir la connaissance de la vérité » signifie simplement entendre et comprendre l’Évangile, et probablement lui donner une approbation ou un accord mental23GRUDEM, Wayne. Perseverance of the Saints: A Case Study from the Warning Passages in Hebrews. In : Still Sovereign. p. 176 ». Cependant, le mot traduit ici par « connaissance » est epignosis et signifie avoir une pleine ou complète connaissance de quelque chose. Ceci est significatif à la fois parce que le Nouveau Testament l’utilise comme synonyme de salut (1 Timothée 2:4) et aussi parce que l’auteur aurait facilement pu utiliser le mot grec plus faible gnōsis s’il avait voulu transmettre des connaissances purement intellectuelles. La thèse de Grudem est donc peu probable compte tenu du choix des mots de l’auteur.

6.1. Sanctifié par le Sang du Christ

Le problème majeur pour les défenseurs de la préservation inconditionnelle est que l’apostat est décrit comme ayant été sanctifié par le sang de l’alliance. Certains essaient de dire que c’est une référence aux sacrifices de l’ancienne alliance, toutefois le contexte ne le permet pas. En effet, l’auteur compare le jugement que ces apostats méritent avec le jugement que méritaient les violateurs de l’ancienne alliance. Comme le dit Oropeza, « Il n’y a pas d’autre sacrifice pour le péché en dehors du sacrifice du Christ une fois pour toutes [...] L’apostasie est considérée comme une violation d’une alliance plus grande que celle de Moïse, et le transfuge ne peut s’attendre qu’à une terrible rétribution de Dieu24OROPEZA, B. J. Churches Under Siege of Persecution and Assimilation. p. 69. »

La plupart des partisans de la préservation inconditionnelle voient cela comme une sanctification d’alliance ou de cérémonie, mais pas comme une sanctification salvifique. Mais il est difficile d’obtenir une définition précise de ce que cela signifie réellement, et encore moins du rôle que joue le sang du Christ dans cette sanctification. Grudem dit : « Le mot sanctification n’a pas besoin de se référer à la purification morale interne qui vient avec le salut car le mot hagiazō [sanctifié] a une portée plus large que cela dans Hébreux et dans le Nouveau Testament en général25GRUDEM, Wayne.  Perseverance of the Saints : A Case Study from the Warning Passages in Hebrews. In : Still Sovereign. p. 177. » Ce que dit Grudem est vrai. La sanctification peut se référer à autre chose que le salut (1 Corinthiens 7:14 par exemple). Cependant, ce n’est qu’un rappel à la variété sémantique de ce mot. Bien que ce mot ne se réfère pas toujours à la sanctification salvifique, c’est normalement le cas. Grudem doit faire mieux que simplement faire appel à un autre sens possible. Il doit démontrer que c’est ce sens qui est utilisé. Le fait que l’auteur dise que cette sanctification a été faite par le sang du Christ rend la suggestion de Grudem difficile à prendre au sérieux.

Grudem poursuit en disant : « L’auteur parle du fait que l’assemblé en général a une « voie nouvelle et vivante » (He 10:20) disponible par le sang du Christ, et peut donc « entrer dans le sanctuaire » (He 10:19) et « s’approcher » (He 10:22) dans la présence de Dieu26Ibid., p. 177-178.. » Une fois que le langage décoratif est coupé, la suggestion de Grudem semble être que cette sanctification cérémonielle ne signifie guère plus que d’aller à l’église et peut-être de faire vaguement l’expérience de la présence de Dieu. Le seul rôle que le sang du Christ semble jouer dans cette sanctification est qu’il rend une telle expérience possible. Cette thèse est incroyablement faible rien qu’à première vue. Elle ne tient pas compte ni de la façon dont l’auteur utilise le terme « sanctification » ni de la gravité de la transgression.

Premièrement, bien que Grudem ait raison de dire que les versets qu’il cite parlent de se rassembler à l’église pour entrer dans la présence de Dieu, il ignore le contexte précédent. En effet, il est dit :

« Voici l’alliance que je ferai avec eux […] Je ne me souviendrai plus de leurs péchés ni de leurs iniquités. Or, là où il y a pardon des péchés, il n’y a plus d’offrande pour le péché. Ainsi donc, frères, nous avons, au moyen du sang de Jésus […] approchons-nous donc avec un cœur sincère, dans la plénitude de la foi. » (He 10:16-22)

Notez que la capacité d’entrer dans la présence de Dieu est directement liée au fait que les péchés de ces personnes ont été pardonnés. Puisque Grudem considère les apostats comme n’ayant jamais été sauvés, il ne peut pas dire qu’ils ont été sanctifiés de sorte qu’ils puissent entrer dans la présence de Dieu, mais de telle manière que leurs péchés n’ont pas été pardonnés. Le but de l’auteur dans ces versets est de montrer que parce que leurs péchés ont été pardonnés, ils peuvent entrer dans la présence de Dieu. Il semble donc que l’auteur ait à l’esprit la sanctification salvifique.

Cette conclusion est renforcée en considérant les versets 4 et 10. En He 10:4, nous lisons : « Car il est impossible que le sang des taureaux et des boucs ôte les péchés. » Par contre concernant l’œuvre du Christ il est dit : « C’est en vertu de cette volonté que nous sommes sanctifiés, par l’offrande du corps de Jésus-Christ, une fois pour toutes. » (He 10:10) Le point d’orgue de ce passage est de montrer que si le sang des animaux ne peut pas enlever les péchés, le sang de Christ le peut. De ce fait, l’auteur utilise le mot « sanctifié » pour décrire cet événement. Cela nous donne toutes les raisons de voir la sanctification du verset 29 comme salvifique.

L’auteur ne reconnaît que deux types de sanctification. La sanctification de l’Ancienne Alliance qui ne pouvait pas enlever les péchés et la sanctification de la Nouvelle Alliance qui "en est capable. Il n’y a aucune raison d’évoquer un troisième type de sanctification comme le veut Grudem. Forlines nous rappelle : « Les autres références dans l’épître dans laquelle le mot sanctifié est utilisé sont : He 2:11 ;  9:13 ; 10:10-14 ; 13:12. Si le lecteur examine ces versets, il constatera que chacun d’eux, à l’exception de He 9:13, fait référence à la sanctification qui accompagne le salut dans le Nouveau Testament. Si l’auteur de l’épître avait utilisé le mot sanctification dans un sens entièrement différent ici, ne semble-t-il pas raisonnable qu’il aurait apporté une précision claire avant de l’utiliser pour un avertissement aussi drastique27FORLINES, F. Leroy. Classical Arminianism. p. 320? »

Deuxièmement, la thèse de Grudem ne rend pas justice à la sévérité du langage utilisé ici. Comment le simple fait d’aller à l’église, d’être considéré extérieurement comme chrétien, puis de décider de partir, peut vouloir dire fouler aux pieds le Fils de Dieu ? Et pourquoi cela devrait-il être considéré comme insulter le Saint-Esprit ? N’est-ce pas exactement ce qu’un calviniste comme Grudem attend d’un faux converti ? Pourquoi le simple fait d’aller à l’église, puis de partir, mérite-t-il un châtiment pire que de violer la loi de Moïse ? L’hypothèse de Grudem n’a aucun sens et n’existe que parce que son parti pris pour la thèse de la préservation inconditionnelle l’exige. Il y aura toujours une impasse ici pour quiconque désire défendre la préservation inconditionnelle. S’il est admis que ces gens ont été sauvés, alors nous avons des preuves claires que quelqu’un peut perdre son salut en raison du langage clair du jugement dans les flammes. S’il est nié qu’ils ont été sauvés, alors la gravité de leur péché et la sévérité de leur jugement resteront inexplicables.

6.2. Jésus a-t-il été sanctifié ?

Réalisant la futilité de nier que la sanctification est salvifique, certains calvinistes postulent que Jésus-Christ Lui-même est Celui qui a été sanctifié par Son propre sang. Stanley Outlaw qualifie cette théorie d’« indigne de considération28OUTLAW, Stanley. The Randall House Bible Commentary: Hebrews. p. 257. « Quelques commentateurs ont essayé de faire en sorte que "il a été sanctifié" se réfère au Christ [...] mais ce point de vue est indigne de considération. ». » Même les calvinistes Robert Peterson et Michael Williams considère qu'il s'agit là d'un argument « artificiel »29PETERSON, Robert A.. WILLIAMS, Michael D.. Why I am not an Arminian. p. 86. « Nous rejetons comme artificielle l'idée de John Owen selon laquelle [cette sanctification] se réfère au Christ. ». Néanmoins, quelques apologistes calvinistes éminents ont mis en avant ce point de vue comme une alternative sérieuse à l’idée que ce passage décrit simplement la destruction d’authentiques apostats. James White adopte ce point de vue, en disant : « L’erreur qui est souvent commise en ce qui concerne ce passage est de comprendre « par lequel il a été sanctifié » comme se référant à la personne qui continue de pécher volontairement contre le sang du Christ [...] Mais en nous souvenant encore une fois de l’argument de l’écrivain, nous voyons que l’auteur se réfère au Christ comme celui qui est sanctifié, mis à part, montré comme saint, par son propre sacrifice30WHITE, James R.. The Potter’s Freedom. p. 244-245. »

Observons d’abord que l’Écriture en général, et l'Epître aux Hébreux en particulier, présentent presque invariablement les pécheurs comme étant sanctifiés par le sang de Christ (Hébreux 10:14, 19, 22; 13:2; 2 Thessaloniciens 2:13; 1 Jean 1:7; 1 Pierre 1:1-2). Mais y a-t-il un mérite à l’idée que Christ Lui-même ait été sanctifié par Son propre sang ? Il n’y a que deux versets qui pourraient être utilisés pour soutenir cette idée.

Le premier est Hébreux 9:11-12. « Mais Christ est venu comme souverain sacrificateur des biens à venir ; il a traversé le tabernacle plus grand et plus parfait, qui n’est pas construit de main d’homme, c’est-à-dire qui n’est pas de cette création ; et il est entré une fois pour toutes dans le lieu très saint, non avec le sang des boucs et des veaux, mais avec son propre sang, ayant obtenu une rédemption éternelle ». C’est au travers de l’expression « par son propre sang » que l’on voudrait voir la preuve que Christ a été sanctifié par son propre sang. Mais il est clair que le texte ne dit pas cela. Il dit seulement que Son propre sang était le moyen par lequel il entrait dans le lieu saint et achetait ainsi la rédemption.

Dire que Jésus a été en quelque sorte sanctifié par ce rachat, c’est dire plus que ce que ce texte dit. De plus, cette interprétation devient impossible lorsque l’on considère le contexte. Le verset 7 indique clairement que l’auteur oppose l’œuvre de Jésus en tant que prêtre à l’œuvre du souverain sacrificateur lévitique. Les prêtres sous l’ancienne alliance devaient offrir un sacrifice pour se purifier et purifier le peuple. Mais Christ n’avait pas besoin d’une purification personnelle. Plutôt que d’entrer dans le Saint des Saints avec le sang des animaux, Il entre avec Son propre sang. Hébreux 9:14 est clair sur le fait que le sang est pour la purification des pécheurs. De plus, il est dit que Christ était « sans défaut » avant la crucifixion, indiquant que Lui-même n’avait pas besoin de purification. Hébreux 7:26-27 est particulièrement difficile pour quiconque veut suggérer que Christ devait être sanctifié : « Il nous convenait, en effet, d’avoir un souverain sacrificateur comme lui, saint, innocent, sans tache, séparé des pécheurs, et plus élevé que les cieux, qui n’a pas besoin, comme les souverains sacrificateurs, d’offrir chaque jour des sacrifices, d’abord pour ses propres péchés, ensuite pour ceux du peuple, car ceci il l’a fait une fois pour toutes en s’offrant lui-même. » Suggérer que Jésus avait besoin d’une sanctification personnelle avant Son expiation pour les péchés violerait le message très important de ce texte, à savoir que Jésus était un meilleur grand prêtre parce qu’il n’avait pas besoin de sanctification.

L’autre verset qui pourrait potentiellement être utilisé pour soutenir cette idée est Jean 17:19. Le verset dit : « Et je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu’eux aussi soient sanctifiés par la vérité. » C’est la seule référence à la sanctification de Jésus dans le Nouveau Testament. Mais cela ne soutient pas la thèse de White parce que Jésus ne dit pas avoir été sanctifié par Son propre sang. En effet, cette sanctification n’a rien à voir avec le type de sanctification discuté dans Hébreux. Le contexte du passage montre clairement que cette sanctification ou mise à part, avait pour but de faire des témoins de l’Évangile. Il s’agit d’être mis à part du monde et consacré pour une mission. Cela n’a rien à voir avec le pouvoir purificateur du sang de Christ. En effet, l’idée même qu’une personne puisse être sanctifiée par son propre sang sape la logique même de la sanctification. La raison pour laquelle on a besoin d’être sanctifié par le sang d’un autre est parce que l’on est pécheur et donc inacceptable. Pour que quelqu’un puisse être sanctifié par son propre sang, cela impliquerait que cette personne était déjà impure et son propre sang serait donc incapable purifier n’importe qui. Puisque Christ a toujours été saint, quel besoin y a-t-il pour Lui d’être sanctifié ? Ben Henshaw observe à juste titre : « Nous pouvons trouver troublant d’accepter la possibilité qu’une personne vraiment purifiée par le sang du Christ puisse encore apostasier et périr éternellement, mais nous devrions être beaucoup plus troublés par toute interprétation qui présenterait l’Agneau de Dieu saint et irréprochable comme ayant besoin d’être purifié par Son propre sang ».31HENSHAW, Ben. Perseverance of the Saints Part 7: Who is Sanctified in Hebrews 10:29? . In : Arminian Perspectives. [en ligne], 2008-04-03. Disponible à l’adresse : https://arminianperspectives.wordpress.com/2008/04/03/perseverance-of-the-saints-part-7-who-is-sanctified-in-hebrews-1029/

7. Conclusion

En conclusion, les avertissements de l’Épitre aux Hébreux sont forts et puissants. Les tentatives de dire qu’ils ne sont pas dirigés vers des croyants en danger de perdre leur salut ne peuvent pas être soutenues par une exégèse saine. Sur la base d’Hébreux 6:4-6 et 10:26-29, il semble raisonnable de conclure que l’auteur croyait que l’apostasie d’un croyant authentique était un danger réel et toujours présent. Par conséquent, cela doit rester un danger pour ceux qui désirent prendre les Écritures au sérieux. En tant que croyants, nous ferions bien de prendre au sérieux de tels avertissements en les utilisant comme une motivation pour maintenir fermement notre conviction et aller toujours de l’avant dans notre maturité spirituelle.

[Pour une étude exégétique plus approfondie du sujet, voir : Les passages d’avertissement de l’épître aux Hébreux : Analyse formelle et conclusions théologiques
Sur l'assurance du salut, voir : https://arminianisme-evangelique.fr/comment-un-chretien-peut-il-avoir-une-quelconque-assurance/]


Article original : PALLMANN, David. The Case Against Eternal Security: Hebrews 6:4-6 and 10:26-29. In : The Church Split. [En ligne]. 2021-08-18. [consulté le 2023-03-08] Disponible à l’adresse : https://thechurchsplit.com/index.php/2021/08/18/the-case-against-eternal-security-hebrews-64-6-and-1026-29/

Source des citations bibliques : La Sainte Bible : nouvelle édition de Genève 1979. Genève : Société Biblique de Genève, 1979.

Références

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  • 2
    J'utilise le terme vague « d'auteur » car l'auteur du livre des Hébreux est inconnu.
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    WHITE, James R.. God’s Sovereign Grace. p. 156
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    KLEIN, William W., BLOMBERG, Craig L., HUBBARD, Robert L.. Introduction to Biblical Interpretation. p. 196
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    FORLINES, F. Leroy. Classical Arminianism. p. 316
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    FORLINES, F. Leroy. Classical Arminianism. p. 316
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    SHANK, Robert. Life in the Son. p. 228-229
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    OSBORNE, Grant R.. A Classical Arminian View. In : Four Views on the Warning Passages in Hebrews, p. 127
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    ALLEN, David L.. New American Commentary: Hebrews. p. 371
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    OUTLAW, Stanley. The Randall House Bible Commentary: Hebrews. p. 123
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    GEISLER, Norman. Chosen But Free. p. 130-131
  • 21
    STANLEY, Charles. Eternal Security. p. 163
  • 22
    Apostasie définitive : Forlines, Picirilli, Claybrook, Oropeza, Marshall, Outlaw ; Apostasie non-définitive : Shank, Abasciano, Cockerill, Wheadon, Dongell, Carter.
  • 23
    GRUDEM, Wayne. Perseverance of the Saints: A Case Study from the Warning Passages in Hebrews. In : Still Sovereign. p. 176
  • 24
    OROPEZA, B. J. Churches Under Siege of Persecution and Assimilation. p. 69
  • 25
    GRUDEM, Wayne.  Perseverance of the Saints : A Case Study from the Warning Passages in Hebrews. In : Still Sovereign. p. 177
  • 26
    Ibid., p. 177-178.
  • 27
    FORLINES, F. Leroy. Classical Arminianism. p. 320
  • 28
    OUTLAW, Stanley. The Randall House Bible Commentary: Hebrews. p. 257. « Quelques commentateurs ont essayé de faire en sorte que "il a été sanctifié" se réfère au Christ [...] mais ce point de vue est indigne de considération. »
  • 29
    PETERSON, Robert A.. WILLIAMS, Michael D.. Why I am not an Arminian. p. 86. « Nous rejetons comme artificielle l'idée de John Owen selon laquelle [cette sanctification] se réfère au Christ. »
  • 30
    WHITE, James R.. The Potter’s Freedom. p. 244-245
  • 31
    HENSHAW, Ben. Perseverance of the Saints Part 7: Who is Sanctified in Hebrews 10:29? . In : Arminian Perspectives. [en ligne], 2008-04-03. Disponible à l’adresse : https://arminianperspectives.wordpress.com/2008/04/03/perseverance-of-the-saints-part-7-who-is-sanctified-in-hebrews-1029/