Comparaison des doctrines de la justification : perspectives catholique, réformée et arminienne

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La question de la justification, c’est-à-dire la manière dont l’être humain accède à la justice devant Dieu, occupe une place centrale dans la théologie chrétienne. Dès les premiers siècles, des divergences ont émergé concernant la relation entre la grâce divine et l’engagement de la volonté humaine dans l’œuvre du salut.

Le présent article s’attache à retracer les principaux développements de la sotériologie chrétienne liés à la justification et à l’assurance qui en découle. Il examine les positions du catholicisme ainsi que deux traditions majeures du protestantisme : la théologie réformée et l’arminianisme. Cette analyse vise à mettre en lumière les fondements théologiques et les implications concrètes des doctrines en présence.

1. Développements initiaux des sotériologies chrétiennes

En guise d’introduction, il convient de rappeler les premiers développements des conceptions sotériologiques dans le christianisme, auxquelles il sera fait référence par la suite. Au cours des premiers siècles, la conception dominante en matière de sotériologie était le synergisme, un concept théologique selon lequel la grâce divine agit de concert avec l'activité humaine. Augustin (354–430) lui-même enseigna cette position pendant vingt-six ans, jusqu’à sa controverse avec les pélagiens1WILEY, Henry Orton. Christian theology. Kansas City, MO : Beacon Hill Press, 1941, vol. 2, p. 234-235. Disponible à l’adresse : https://whdl.org/en/browse/resources/6496. « Augustin lui-même a d’abord défendu clairement cette position [synergique], mais, dans sa controverse avec les Pélagiens, il a adopté un système strictement monergiste. Il soutenait l’incapacité totale de l’homme à accomplir de bonnes œuvres et, par conséquent, jusqu’à ce que l’individu soit régénéré, il n’avait aucun pouvoir pour exercer la foi. La grâce, dès lors, était accordée uniquement aux élus par l’appel efficace, et l’expiation limitée à ceux pour qui elle était réellement efficace. Avant cette époque, le synergisme avait été la théorie dominante, c’est-à-dire que l’individu, dans sa restauration après le péché, coopère avec Dieu au moyen d’une grâce universellement offerte comme un don gratuit, de telle manière que cette coopération conditionne le résultat. ». Pélage (c. 354–418) soutenait que les humains pouvaient obéir parfaitement à Dieu par leur propre volonté, une perspective parfois qualifiée de « monergisme humain »2WILEY, Henry Orton. Christian theology. Kansas City, MO : Beacon Hill Press, 1941, vol. 2, p. 102. Disponible à l’adresse : https://whdl.org/en/browse/resources/6496. « Pélage mettait un accent extrême sur l'autodétermination de l'individu au bien ou au mal, et niait que le péché d'Adam ait affecté quiconque d'autre que lui-même. »3BARRETT, Matthew. Salvation by Grace: The Case for Effectual Calling and Regeneration. Phillipsburg : P & R Publishing, 2013, p. xxvii. « Le monergisme humain est la vision de Pélage et du pélagianisme »..

En réponse, Augustin abandonna ses premiers enseignements et élabora une doctrine selon laquelle Dieu est la cause première de tout acte humain, s’inscrivant ainsi dans une forme de déterminisme théologique compatibiliste4CRISP, Oliver D.. Deviant Calvinism: Broadening Reformed Theology. Minneapolis, MN : Fortress Press, 2014, chap. Traditional Augustinianism. « Il me semble que la plupart des augustiniens traditionnels s’alignent sur les doctrines de l’élection et du déterminisme théologique dans une forme compatibiliste. ». Cette perspective fut qualifiée de « monergisme divin »5BARRETT, Matthew. Salvation by Grace: The Case for Effectual Calling and Regeneration. Phillipsburg : P & R Publishing, 2013, p. xxvii. « Le monergisme divin est la vision d’Augustin et des Augustiniens ».. Sa nouvelle position impliquait la double prédestination, c’est-à-dire à la fois à la félicité et à la damnation ; une position condamnée par le concile d'Arles (475)6JAMES, Frank A. Peter Martyr Vermigli and Predestination: The Augustinian Inheritance of an Italian Reformer. Oxford : Clarendon, 1998, p. 103. « Si l’on demande si la double prédestination est une implication logique ou un développement de la doctrine d’Augustin, la réponse doit être affirmative. »7LEVERING, Matthew. Predestination: Biblical and Theological Paths. New York : Oxford University Press, 2011, p. 37..

Parallèlement, émergea une forme atténuée du pélagianisme : le semi-pélagianisme, selon lequel la volonté humaine pouvait initier le salut sans le secours préalable de la grâce, laquelle restait néanmoins nécessaire pour l’achever8OLSON, Roger E. The Story of Christian Theology : Twenty Centuries of Tradition & Reform, Downers Grove, IL, InterVarsity Press, 2009, p. 281. « Deux moines théologiens qui collaborèrent avec Cassien pour réfuter [la vision fortement monergiste du salut d’Augustin] furent Vincent de Lérins et Fauste de Riez. Tous trois constituèrent le noyau de l’opposition catholique fidèle, notamment contre la croyance d’Augustin et de ses disciples en la prédestination divine. Ils ont été qualifiés de semi-pélagiens par les générations postérieures. À l’époque de la controverse (cinquième et début du sixième siècle), ils se considéraient comme des théologiens orthodoxes de la Grande Église, qui ne souhaitaient que repousser cette innovation augustinienne du monergisme. »9WILEY, Henry Orton. Christian theology. Kansas City, MO : Beacon Hill Press, 1941, vol. 2, p. 103. Disponible à l’adresse : https://whdl.org/en/browse/resources/6496. « [Le semi-pélagianisme] affirmait qu’il restait dans la volonté déchue une puissance suffisante pour initier ou mettre en mouvement les débuts du salut, mais non pour les mener à leur accomplissement. Cela devait être accompli par la grâce divine. ». Cette position est décrite comme un « synergisme initié par l’homme »10BARRETT, Matthew. Salvation by Grace: The Case for Effectual Calling and Regeneration. Phillipsburg : P & R Publishing, 2013, p. xxvii. « [L]e synergisme initié par l'homme est le point de vue du semi-pélagianisme ».. Le second concile d’Orange (529) intervint pour statuer sur cette controverse : il déclara que la foi, même à ses débuts, procède de la grâce prévenante de Dieu11OLSON, Roger E.. Arminian Theology : Myths and Realities. Downers Grove : InterVarsity Press, 2009, p. 81. « Le semi-pélagianisme a été condamné par le deuxième concile d’Orange en 529 apr. J.-C., car il affirmait que l’être humain avait la capacité d’exercer une bonne volonté envers Dieu sans l’aide spéciale de la grâce divine. »12BOUNDS, Christopher T.. How are People Saved? The Major Views of Salvation with a Focus on Wesleyan Perspectives and their Implications. Wesley and Methodist Studies, 2011, vol. 3, p. 39-43. « Les semi-augustiniens enseignent que Dieu prend l'initiative en accordant à l'humanité une grâce prévenante ». . Cette position, souvent appelée « semi-augustinienne », rejetait la prédestination au mal et affirmait ainsi un « synergisme initié par Dieu »13BARRETT, Matthew. Salvation by Grace: The Case for Effectual Calling and Regeneration. Phillipsburg : P & R Publishing, 2013, p. xxvii. « Le synergisme initié par Dieu est le point de vue des semi-augustiniens ».14DENZINGER, Heinrich. Symboles et définitions de la foi catholique, [Édition 37]. Paris : Cerf, 1996. Disponible à l'adresse : http://catho.org/9.php?d=bv5#crd. .

Enfin, en ce qui concerne la persévérance du croyant, le consensus de l’Église primitive reconnaissait qu’un chrétien authentique pouvait se détourner de la foi, c’est-à-dire apostasier15BERCOT, David W.. Will the Real Heretics Please Stand Up: A New Look at Today's Evangelical. Tyler, TX: Scroll Publishing Co., 1989, p. 48, 57–65, 93.. Au Ve siècle, Augustin introduisit dans le cadre de son système déterministe, la notion du don irrésistible de « persévérance », réservé aux seuls élus16DAVIS, John Jefferson. The Perseverance of the Saints: A History of the Doctrine. JETS, 1991, vol. 34, n°2, p. 213. Disponible à l’adresse : https://evangelicalarminians.org/wp-content/uploads/2009/12/Davis-History-of-the-Perseverance-of-the-Saints.pdf. Ce don assurait que ses bénéficiaires persévéreraient inévitablement dans la foi jusqu’au salut final, quels que soient les aléas de leur vie17DAVIS, John Jefferson. The Perseverance of the Saints: A History of the Doctrine. JETS, 1991, vol. 34, n°2, p. 213. Disponible à l’adresse : https://evangelicalarminians.org/wp-content/uploads/2009/12/Davis-History-of-the-Perseverance-of-the-Saints.pdf. Néanmoins, ce don n’était pas accordé à tous les régénérés18BURNELL, Peter. The Augustinian Person. Washington, D.C. : The Catholic University of America Press, 2005, p. 85–86., ainsi, selon Augustin, un croyant régénéré ne pouvait avoir l'assurance de son salut19DAVIS, John Jefferson. The Perseverance of the Saints: A History of the Doctrine. JETS, 1991, vol. 34, n°2, p. 213. Disponible à l’adresse : https://evangelicalarminians.org/wp-content/uploads/2009/12/Davis-History-of-the-Perseverance-of-the-Saints.pdf. « […] Augustin ne croit pas que le chrétien puisse dans cette vie savoir avec une certitude infaillible qu’il est en fait parmi les élus et qu’il finira par persévérer. ».

2. Point de vue catholique

2.1. Principes de la justification

Augustin fut le premier à introduire l'idée que la justification est une « infusion de justice » provenant du Rédempteur, englobant les événements salvifiques allant de la justification à la sanctification du chrétien20DEMAREST, Bruce. The Cross and Salvation: The Doctrine of Salvation. Wheaton : Crossway Books, 1997, p. 479. « Augustin (mort en 430), le premier théologien post-biblique à explorer en profondeur le concept de justification, a contribué à façonner la vision romaine. Augustin insistait sur le fait que Dieu insuffle le principe de justice dans l’âme lors du baptême. Ainsi, à la fontaine baptismale, « nous sommes justifiés, mais la justice elle-même croît à mesure que nous avançons ». Peu versé dans le grec, l’évêque interprétait dikaioô comme signifiant « rendre juste », plutôt que « déclarer juste ». « Que signifie donc l’expression “être justifié”, sinon “être rendu juste” ? » […] Augustin englobait dans la justification ce que les protestants comprennent par régénération et sanctification. […] [I]l considérait la justification au sens large comme l’ensemble du mouvement du salut, depuis la régénération jusqu’à la sanctification. Cela se confirme par le fait qu’il employait comme synonymes de justification les termes latins regeneratio, vivificatio, renovatio et sanctificatio. ». Néanmoins, jusqu’au Moyen Âge, elle était considérée comme un simple acte déclaratif de pardon divin. À partir du XIIIᵉ siècle, elle fut comprise comme un changement intérieur dans la nature de l’homme21KIRKPATRICK, Daniel. Monergism or Synergism: Is Salvation Cooperative or the Work of God Alone?. Eugene, OR : Wipf and Stock Publishers, 2018, chap. 6. « Bien que beaucoup, au cours du Moyen Âge, aient compris la justification comme ayant pour source le don divin (plutôt qu’une récompense), une tendance s’est développée au XIIIᵉ siècle consistant à concevoir le mérite comme ce qui oblige Dieu à justifier le pécheur, avec une évolution vers une compréhension de la justification comme un changement ontologique chez l’individu qui accomplit des actes méritoires. ». Elle fut alors redéfinie comme une « infusion de la justice » transformant l’âme22WILEY, Henry Orton. Christian theology. Kansas City, MO : Beacon Hill Press, 1941, vol. 2, p. 387. Disponible à l’adresse : https://whdl.org/en/browse/resources/6496. « Ce manque de distinction nette entre la justification comme un acte déclaratif dans l’esprit de Dieu, et la sanctification comme un changement moral dans l’âme, consécutif à la nouvelle relation issue de la justification, constitue le fondement de toute la théologie tridentine […] La foi en vint aussi à être considérée non seulement comme le principe qui saisit le mérite du Christ pour le pardon, mais aussi comme ce qui unit l’âme au Christ dans l’œuvre intérieure du renouveau. D’où la distinction entre deux types de foi : la fides informis, ou assentiment intellectuel aux articles de la foi ; et la fides formata caritate, qui se manifeste dans l’amour et la vertu. Il fut alors facile de transférer l’imputation de la justice du Christ non plus à l’individu, mais à la foi elle-même, comme portant en elle le germe de tout bien. La foi possédait ainsi une vertu, et donc un mérite — position qui mène directement à l’idée de la justification comme une infusion de justice plutôt que comme une simple rémission des péchés. ». Ainsi le concile de Trente (1545-1563) réaffirma que la justification inclut intrinsèquement la sanctification23WILEY, Henry Orton. Christian theology. Kansas City, MO : Beacon Hill Press, 1941, vol. 2, p. 388. Disponible à l’adresse : https://whdl.org/en/browse/resources/6496. « La justification [...] ne consiste pas seulement dans la rémission des péchés, mais encore dans la sanctification et le renouvellement de l'homme intérieur par la réception volontaire de la grâce et des dons […] [Décrets du Concile de Trente, session 6, chap. 7] ».. Plus récemment, le Catéchisme de l'Église catholique (1992) a confirmé cette compréhension unifiée de la justification24Catéchisme de l'Église catholique : Édition définitive avec guide de lecture. [Paris] : Fleurus-Mame, 2011, par. 1989. « La justification n'est pas seulement la rémission des péchés, mais aussi la sanctification et le renouvellement de l'homme intérieur. ».

Dans cette perspective, la coopération humaine devient nécessaire à la justification, qui s’inscrit dans un processus de « justification progressive »25RUSSELL, Thomas Arthur. Comparative Christianity: A Student's Guide to a Religion and Its Diverse Traditions. Boca Raton, FL : Universal-Publishers, 2010, p. 17. « Le catholicisme romain a sa propre vision de la justification par la foi, et cette vision est différente de celles des Églises orientales ou protestantes. L’Église enseigne que la justification est un processus qui commence par la justification initiale, c’est-à-dire “être purifié du péché”, se poursuit par une justification progressive, c’est-à-dire “être rendu juste”, et s’achève par la justification finale. ». Celle-ci fait intervenir plusieurs sacrements, en commençant par le baptême26KIRKPATRICK, Daniel. Monergism or Synergism: Is Salvation Cooperative or the Work of God Alone?. Eugene, OR : Wipf and Stock Publishers, 2018, chap. 6. « Le premier article sur la justification dans le Catéchisme de l’Église catholique affirme en effet que Dieu justifie une personne en lui communiquant la justice du Christ par la foi et le baptême. Le concile de Trente enseigne que les mérites du Christ, qui conduisent à la justification, sont transmis par la cause instrumentale du sacrement de baptême, bien que ce dernier doive être accompagné de la foi. Trente ajoute cependant que la justice (ou droiture) doit croître, précisant ainsi que le baptême seul ne suffit pas à rendre quelqu’un juste. Il affirme que la foi doit coopérer avec les bonnes œuvres pour que la justice augmente. ». En particulier, Thomas d’Aquin (c. 1225-1274) développa une théorie de l’expiation relative, où la justification personnelle repose à la fois sur l’œuvre du Christ et sur les œuvres du croyant27WILEY, Henry Orton. Christian theology. Kansas City, MO : Beacon Hill Press, 1941, vol. 2, p. 239-240. Disponible à l’adresse : https://whdl.org/en/browse/resources/6496. « Thomas d'Aquin s'écarta de la théorie anselmienne d'une satisfaction absolue, par opposition à une satisfaction relative. Il en résulta une théorie de la justification reposant en partie sur l'œuvre du Christ et en partie sur les œuvres de l'individu. Cette théorie relâchée gagna progressivement du terrain dans l'Église catholique romaine, jusqu'à ce qu'elle obtienne finalement une autorité ecclésiastique dans la sotériologie du concile de Trente. ». Plus tard, le concile de Trente définit la foi justifiante comme incluant nécessairement les œuvres28WILEY, Henry Orton. Christian theology. Kansas City, MO : Beacon Hill Press, 1941, vol. 2, p. 389. Disponible à l’adresse : https://whdl.org/en/browse/resources/6496. « En mortifiant leurs membres charnels, et en les livrant comme des instruments de justice pour la sanctification, par l’observation des commandements de Dieu et de l’Église — leur justice même étant acceptée par la grâce du Christ, et leur foi coopérant avec leurs bonnes œuvres — ils croissent et sont justifiés de plus en plus. [Décrets du Concile de Trente, session 6, chap. 10] ». Ce système coopératif est parfois qualifié de « synergisme catholique »29HINDSON, Edward E. MITCHELL, Daniel R.. The Popular Encyclopedia of Church History: The People, Places, and Events That Shaped Christianity. Eugene, OR : Harvest House Publishers, 2013, p. 44.. Ce processus peut être interrompu, notamment par un acte volontaire ou un « péché mortel »30NOLL, A. Mark, NYSTROM, Carolyn. Is the Reformation Over? Grand Rapids, MI : Baker Academic, 2008, p. 141. « Étant donné que les catholiques considèrent le salut comme un processus, et non comme un événement unique, il existe une possibilité d'interruption (par choix ou par péché mortel) à n'importe quel moment de ce continuum. Cette interruption peut conduire à une séparation du royaume de Dieu, voire à la damnation éternelle en enfer. ».

Par ailleurs, le concile de Trente réaffirma le concept semi-augustinien selon lequel l’homme ne peut accéder à la foi sans la grâce prévenante31DUCHNE, Roger. 1. Le concile de Trente et la doctrine catholique de la justification. In : L’imposture littéraire dans les Provinciales de Pascal. Aix-en-Provence : Presses universitaires de Provence, 1985. Disponible à l’adresse : https://doi.org/10.4000/books.pup.1052. « Can. 3. - Si quelqu'un dit que sans l'inspiration prévenante du Saint-Esprit et sans son secours, l'homme peut croire, espérer et aimer ou se repentir de la façon qu'il faut pour obtenir la grâce de la justification, qu'il soit anathème. ». Pourtant, dans la vision catholique, les œuvres intrinsèquement liées à la foi sont considérées comme méritoires, bien que la foi elle-même soit le fruit de la grâce32Catéchisme de l'Église catholique : Édition définitive avec guide de lecture. [Paris] : Fleurus-Mame, 2011, par. 2010. « Sous la motion de l’Esprit Saint et de la charité, nous pouvons ensuite mériter pour nous-mêmes et pour autrui les grâces utiles pour notre sanctification, pour la croissance de la grâce et de la charité, comme pour l’obtention de la vie éternelle. ». Le semi-pélagianisme, quant à lui, soutient que l’homme peut initier la foi sans l’aide préalable de la grâce. Dans cette logique, les œuvres, bien qu’elles soient issues de la foi, demeurent également méritoires33STUMP, Eleonore. Aquinas. London : Routledge, 2008, p. 381. « Le semi-pélagianisme soutenait que Dieu accorde la grâce en réponse au premier acte méritoire du libre arbitre humain, lequel agit pour demander la grâce. ». Ainsi, dans les deux approches, les œuvres acquièrent une valeur méritoire, ce qui crée une certaine équivalence fonctionnelle entre les deux systèmes. De ce fait, la vision catholique a parfois été qualifiée de « semi-pélagienne », non pas dans son principe théologique, mais dans sa mise en œuvre pratique34OLSON, Roger E.. Arminian Theology : Myths and Realities. Downers Grove : InterVarsity Press, 2009, p. 30. « Le semi-pélagianisme est devenu la théologie populaire de l'Église catholique romaine au cours des siècles qui ont précédé la Réforme protestante ; il a été catégoriquement rejeté par tous les réformateurs, à l'exception des soi-disant rationalistes ou antitrinitaires, comme Faustus Socinus. »35DEMAREST, Bruce. The Cross and Salvation: The Doctrine of Salvation. Wheaton : Crossway Books, 1997, p. 30. « Les réformateurs protestants ont accusé le concile de Trente de promouvoir le semi-pélagianisme, dans le sens où il exaltait les réalisations humaines au-dessus de la grâce divine. ».

2.2. Le purgatoire et les indulgences

La théologie catholique propose plusieurs raffinements concernant la justification, dont le purgatoire constitue une cause notable36KIRKPATRICK, Daniel. Monergism or Synergism: Is Salvation Cooperative or the Work of God Alone?. Eugene, OR : Wipf and Stock Publishers, 2018, chap. 6. « Le purgatoire est, en réalité, une cause instrumentale dans l’acquisition de la justice. ».

Augustin fut le premier, dans le monde chrétien, à enseigner que certaines âmes destinées au salut subissent après la mort une souffrance purificatrice, pouvant être allégée par l’Eucharistie, les aumônes et les prières des vivants37WILEY, Henry Orton. Christian theology. Kansas City, MO : Beacon Hill Press, 1943, vol. 3, p. 241. Disponible à l’adresse : https://whdl.org/en/browse/resources/6496. « Augustin a enseigné, à propos du purgatoire, premièrement que les âmes d’une certaine catégorie d’hommes qui seront finalement sauvés souffrent après la mort ; et deuxièmement qu’elles sont aidées par l’Eucharistie, ainsi que par les aumônes et les prières des fidèles. ». Dès le VIIᵉ siècle, le purgatoire est conceptualisé comme un lieu spirituel distinct, confirmé au VIIIᵉ siècle par des visions mystiques, avant de s’imposer dans l’imaginaire chrétien au Moyen Âge38WILEY, Henry Orton. Christian theology. Kansas City, MO : Beacon Hill Press, 1943, vol. 3, p. 241. Disponible à l’adresse : https://whdl.org/en/browse/resources/6496. « Grégoire le Grand (604) rassembla les vues vagues et contradictoires sur le purgatoire et donna à cette doctrine une forme telle qu’elle devint efficace à la fois pour la discipline et pour les revenus. C’est pourquoi il est couramment désigné comme "l’inventeur du purgatoire". […] À partir du VIIIᵉ siècle et tout au long du Moyen Âge, la doctrine du purgatoire s’imposa fortement dans l’imaginaire populaire et devint l’un des sujets les plus en vue dans les conversations publiques. Les scolastiques comme les mystiques en donnaient des descriptions précises et saisissantes, et la croyance était soutenue par une multitude de rêves et de visions. Parmi celles-ci figuraient les visions de Fursey et de Dryethelm, rapportées par Bède (736). ». Il est alors présenté comme une demeure transitoire pour les baptisés nécessitant encore une purification avant l’entrée au ciel39WILEY, Henry Orton. Christian theology. Kansas City, MO : Beacon Hill Press, 1943, vol. 3, p. 230-231. Disponible à l’adresse : https://whdl.org/en/browse/resources/6496. « Le purgatoire est considéré comme la demeure intermédiaire de ceux qui meurent en paix avec l'Église, mais qui ont encore besoin d'être purifiés avant d'entrer dans l'état final du ciel. […] L'Eucharistie, ou messe, est considérée comme un sacrifice propitiatoire destiné à obtenir le pardon des péchés postérieurs au baptême ; et, comme son efficacité dépend de l'intention du prêtre, celui-ci peut, s'il le souhaite, l'appliquer aux âmes du purgatoire. ».

À partir du XIIᵉ siècle, les indulgences sont d’abord utilisées pour réduire la pénitence imposée. Au XIIIᵉ siècle, elles prennent entre autres la forme d’une remise des peines du purgatoire40CHIRAT, Henri. Les origines et la nature de l'indulgence d'après une publication récente. In : Revue des Sciences Religieuses, 1954, vol. 28, n°1, p. 49, Disponible à l’adresse : https://doi.org/10.3406/rscir.1954.2033. « Au XIIIe siècle deux facteurs ont contribué à assurer la constitution d'une doctrine qui devint, dans une certaine mesure, commune : un changement de perspective dans la conception que l'on se fit de l'effet de l'indulgence et, d'autre part, le recours à la doctrine du « trésor de l'Eglise » (thesaurus ecclesiae) pour expliquer cette efficacité. Au lieu de voir d'abord dans l'indulgence, comme on le faisait au XIIe siècle, une remise de la pénitence imposée, on se mit à l'envisager directement comme une remise des peines du purgatoire : remissio a poena condigna ». Cette notion repose sur la distinction entre satisfaction et mérite, qui permet de concevoir une accumulation transmissible de mérites41WILEY, Henry Orton. Christian theology. Kansas City, MO : Beacon Hill Press, 1941, vol. 2, p. 239-240. « La distinction entre satisfaction et mérite, ainsi que celle entre expiation absolue et expiation relative, ont rendu possible la surabondance du mérite du Christ, ou superabundans satisjactio. Ceci, ajouté à l'idée d'un mérite superflu des saints, a constitué la source du système médiéval des indulgences. ». Au XVIᵉ siècle, le concile de Trente affirme l’existence du « trésor de l’Église » : un surplus de grâces constitué des mérites surabondants du Christ, de la Vierge Marie et des saints. Ce trésor peut être redistribué aux croyants, notamment pour leur justification, par le biais des indulgences42DEMAREST, Bruce. The Cross and Salvation: The Doctrine of Salvation. Wheaton : Crossway Books, 1997, p. 72 « [Le concile de Trente affirme] qu’une grâce supplémentaire peut être accordée par la vie exemplaire de Marie, sa souffrance lors de la mort de Jésus, et ses prières adressées à son Fils au ciel. Une grâce additionnelle provient aussi du surplus de mérites accumulés par les saints. ».

Le concile réaffirme également la doctrine du purgatoire et le rôle du suffrage des vivants (prières, messes, œuvres) pour abréger les souffrances des défunts43WILEY, Henry Orton. Christian theology. Kansas City, MO : Beacon Hill Press, 1943, vol. 3, p. 230-231. Disponible à l’adresse : https://whdl.org/en/browse/resources/6496. « L'Eucharistie, ou messe, est considérée comme un sacrifice propitiatoire destiné à obtenir le pardon des péchés postérieurs au baptême ; et, comme son efficacité dépend de l'intention du prêtre, celui-ci peut, s'il le souhaite, l'appliquer aux âmes du purgatoire. »44WILEY, Henry Orton. Christian theology. Kansas City, MO : Beacon Hill Press, 1943, vol. 3, p. 231. Disponible à l’adresse : https://whdl.org/en/browse/resources/6496. « Je tiens fermement qu’il existe un purgatoire, et que les âmes qui y sont retenues sont aidées par les suffrages des fidèles. (Catech. Trident. Chap. VI). ». La pratique de la vente d'indulgences, apparue dès le XIIᵉ siècle, fut abolie au XVIᵉ45DUGGAN, L. G.. indulgence. In : Encyclopedia Britannica [en ligne]. 2025. Disponible à l’adresse : https://www.britannica.com/topic/indulgence. Le Catéchisme (1992) maintient l’existence du purgatoire, désormais décrit non comme un lieu, mais comme une purification. Il conserve également les doctrines du trésor de l’Église, des indulgences et du suffrage pour les morts46Catéchisme de l'Église catholique : Édition définitive avec guide de lecture. [Paris] : Fleurus-Mame, 2011, par. 1031 : « L’Église appelle Purgatoire cette purification finale des élus qui est tout à fait distincte du châtiment des damnés. »47Catéchisme de l'Église catholique : Édition définitive avec guide de lecture. [Paris] : Fleurus-Mame, 2011, par. 1032 : « L’Église recommande aussi les aumônes, les indulgences et les œuvres de pénitence en faveur des défunts. »48Catéchisme de l'Église catholique : Édition définitive avec guide de lecture. [Paris] : Fleurus-Mame, 2011, par. 1471. « L’indulgence est la rémission devant Dieu de la peine temporelle due pour les péchés […] ».49Catéchisme de l'Église catholique : Édition définitive avec guide de lecture. [Paris] : Fleurus-Mame, 2011, par. 1476-1477. « Le trésor de l’Église [est constitué] des mérites du Christ, […] [des] prières et les bonnes œuvres de la bienheureuse Vierge Marie et de tous les saints. [...] [ceux-ci] ont coopéré également au salut de leurs frères. ».

2.3. Assurance de la justification

Le concile de Trente a affirmé qu’il est impossible d’avoir l’assurance d’être justifié à l’instant présent50WILEY, Henry Orton. Christian theology. Kansas City, MO : Beacon Hill Press, 1941, vol. 2, p. 389. Disponible à l’adresse : https://whdl.org/en/browse/resources/6496 « [B]ien que l’on doive croire que les péchés ne sont remis que par la miséricorde de Dieu à cause du Christ, nul ne peut affirmer avec une certitude de foi qu’il a obtenu la rémission de ses péchés, à moins qu’il n’ait reçu une révélation spéciale [Décrets du Concile de Trente, session 6, chap. 9] ». Le Catéchisme (1992) quant à lui affirme la possibilité de se savoir en état de grâce, c'est-à-dire de se savoir sur le chemin de la justification51Catéchisme de l'Église catholique : Édition définitive avec guide de lecture. [Paris] : Fleurus-Mame, 2011, par. 2005. « Puisque la grâce est de l’ordre surnaturel, elle échappe à notre expérience et ne peut être connue que par la foi. Nous ne pouvons pas nous fonder sur nos sentiments ni sur nos œuvres pour en tirer la certitude de notre justification ou de notre salut. ». Néanmoins, dans la théologie catholique, la justification est progressive : elle débute au baptême et peut être interrompue, notamment par le péché mortel. Ce cheminement vise à atteindre, durant la vie ou après celle-ci, un degré de justice suffisant pour entrer au paradis. Ainsi, même un croyant vivant en état de grâce ne peut savoir avec certitude où il en est, à un moment donné, dans ce processus de justification52KEATHLEY, Kenneth. Salvation and Sovereignty: A Molinist Approach. Nashville : B&H Publishing Group. 2010, p. 168. « Si le salut est un processus qui dure toute la vie et qui peut ou non être mené à bien, alors l’assurance du salut n’est pas possible. Suivant Augustin, la doctrine catholique officielle considère la justification comme un processus qui se déroule à l’intérieur du chrétien au cours de sa vie, et qui peut même se poursuivre après la mort. Nul ne peut savoir avec certitude où il en est sur le chemin de la foi, ni s’il poursuivra la tâche difficile de marcher dans la Voie. ».

3. Divergences protestantes importantes concernant les vues catholiques sur la justification

Le catholicisme conçoit la foi comme impliquant nécessairement les œuvres, ou, en d'autres termes, affirme que « la justification inclut intrinséquement la sanctification ». À l’inverse, les protestants ont historiquement défendu une distinction claire entre justification et sanctification53WILEY, Henry Orton. Christian theology. Kansas City, MO : Beacon Hill Press, 1941, vol. 2, p. 387. Disponible à l’adresse : https://whdl.org/en/browse/resources/6496. « Le protestantisme a toujours soutenu que le premier acte de Dieu dans le salut de l’homme doit être la justification, c’est-à-dire un changement de relation passant de la condamnation à la justice. Il affirme aussi que, conjointement à l’acte de justification, s’opère un changement intérieur [de nature morale] qu’est la sanctification, ou l’impartation de la justice. ». Des déclarations conjointes telles que la Déclaration commune sur la justification par la foi (1999) entretiennent une certaine ambiguïté, masquant des divergences théologiques persistantes54SCHREINER, Thomas, BARRETT, Matthew. Faith Alone---The Doctrine of Justification. Grand Rapids, MI : Zondervan Academic, 2015, p. 218. « Certes, des progrès ont été réalisés, mais la Déclaration commune n'accomplit pas autant que ce qui est annoncé. Le problème fondamental de nombreux documents œcuméniques réside dans leur ambiguïté. Les deux parties interprètent l'accord d'une manière conforme à leur tradition théologique. En d'autres termes, tant les catholiques que les luthériens ont pu approuver la Déclaration commune sans modifier de manière significative leur théologie. ». Néanmoins, une grande partie des protestants reconnaît, à l’instar des catholiques, l’importance essentielle de la sanctification comme suite logique de la justification55McCALL, H. Thomas, FRIEDEMAN, T. Caleb, Friedeman, and T. Matt. The Doctrine of Good Works. Grand Rapids, MI : Baker Academic, 2023, p. 24. « [C]e serait également une erreur d’ignorer ou de minimiser l’important terrain commun partagé par les conceptions luthérienne, réformée, anglicane et wesleyenne de la sanctification. Toutes rejettent l’idée que la sanctification serait une sorte d’option facultative du salut — comme si être véritablement sauvé se réduisait à être justifié. Toutes affirment que lorsque Dieu sauve une personne, non seulement son statut légal est changé, mais la personne elle-même l’est aussi. Toutes rejettent les conceptions qui réduisent le salut à la justification, et toutes affirment que le salut produit une transformation décisive. Toutes croient que le salut transforme les pécheurs en saints. ».

S’agissant du purgatoire, les protestants le rejettent généralement, estimant qu’il reporte dans l’au-delà une part des exigences de la vie chrétienne56WALLS, Jerry L. Purgatory: The Logic of Total Transformation. Oxford: Oxford University Press, 2011, p. 41. « [L]e "purgatoire" […] n’est tout au plus qu’une réalité partielle selon la théologie luthérienne. La sanctification reste incomplète dans cette vie, de sorte que la perfection requise par le ciel doit encore s’accomplir au moment de la mort ou après celle-ci. ». En particulier, l’exigence de la libre repentance y est remplacée par une souffrance purificatrice imposée57KIRKPATRICK, Daniel. Monergism or Synergism: Is Salvation Cooperative or the Work of God Alone?. Eugene, OR : Wipf and Stock Publishers, 2018, chap. 6. « La souffrance dans le purgatoire, en tant que purification des péchés, est entièrement passive (et non active) de la part de l’individu. C’est une observation intéressante, car […] Dieu (dans cette tradition) souhaite que chaque personne exerce son libre arbitre pour acquérir la justice. Dieu n’agit pas de manière passive (selon Küng) lorsqu’il s’agit de justifier les individus en vue du paradis. ». Ce déplacement de la nature des exigences divines risque d’amener le croyant à penser qu’il peut différer sa repentance et en être dispensé durant sa vie58GRIDER, J. Kenneth. A Wesleyan Holiness Theology. Kansas City, MO : Beacon Hill Press of Kansas City, 1994, chap. 21. « De nombreux « abus », selon Luther, surgirent en lien avec la doctrine du purgatoire. L'achat d'indulgences permettait de raccourcir le séjour d'une personne au purgatoire, et les acheteurs n'étaient pas tenus de véritablement se repentir. ».

4. Le point de vue réformé

4.1. Principes de la justification

Au XVIe siècle, des théologiens de la réforme, tels que Luther et Calvin, adoptèrent une version radicale de l’augustinisme59BOUNDS, Christopher T.. How are People Saved? The Major Views of Salvation with a Focus on Wesleyan Perspectives and their Implications. Wesley and Methodist Studies, 2011, vol. 3, p. 43-45. « L'augustinisme existe principalement dans la tradition protestante réformée, avec des racines dans la théologie de Martin Luther et de Jean Calvin. ». Le calvinisme affirme la notion de « semi-compatibilisme », qui soutient la compatibilité entre le déterminisme théologique et la responsabilité morale humaine60HELM, Paul. Calvin at the Centre. Oxford : Oxford University Press, 2010, p. 230. « [Calvin] considère que sa vision déterministe est compatible avec la responsabilité humaine. »61FISHER, John M.. Semicompatibilism. In : TIMPE, Kevin [ed.], GRIFFITH, Meghan [ed.], LEVY, Neil [ed.]. The Routledge Companion to Free Will. New York, NY : Routledge Taylor & Francis, 2017, p. 5. « En ce qui concerne le déterminisme causal, le semi-compatibilisme est l'opinion selon laquelle le déterminisme causal est compatible avec la responsabilité morale, indépendamment de la question de savoir si le déterminisme causal exclut la liberté de faire autrement. Là encore, le semi-compatibilisme ne prend pas position sur la question de savoir si le déterminisme causal exclut la liberté de faire autrement ; il est donc compatible à la fois avec le compatibilisme classique [...] et le rejet du compatibilisme classique. ».. Selon cette perspective, Dieu aurait prédéterminé le salut ou la perdition de chaque individu62CALVIN, Jean. Institution de la religion chrétienne. Aix-en-Provence : Kerygma, 2009, 3.2.7, p. 864. « Nous disons donc, comme l’Écriture le montre avec clarté, que Dieu a décrété une fois, en son conseil éternel et immuable, qui il voulait recevoir en son salut et qui il voulait vouer à la perdition. ». Tous les actes humains, y compris les péchés, feraient partie intégrante de son dessein éternel63JAMES, Frank A. III. Neglected Sources of the Reformation Doctrine of Predestination Ulrich Zwingli and Peter Martyr Vermigli. Modern Reformation. 1998, vol. 7. « [...] Dieu est absous de toute culpabilité personnelle, ainsi Zwingli peut affirmer que Dieu est "l'auteur, le moteur et l'instigateur" du péché humain. »64CLARK, Gordon H. Religion, Reason, and Revelation. Philadelphia : Presbyterian and Reformed, 1961, p. 237-238. « Qu'il soit dit sans équivoque que cette vision [du déterminisme théologique calviniste] fait certainement de Dieu la cause du péché. Dieu est la seule cause ultime de tout. Il n'y a absolument rien qui soit indépendant de lui. Lui seul est l'être éternel. Lui seul est tout-puissant. Lui seul est souverain. ».

Dans ce système, l’acceptation du don de la foi, permettant la justification, n’est plus un acte ultimement causé par l’homme, mais par Dieu65KIRKPATRICK, Daniel. Monergism or Synergism: Is Salvation Cooperative or the Work of God Alone?. Eugene, OR : Wipf and Stock Publishers, 2018, p. 136, 148. « Parce que la régénération (un aspect passif) est l’œuvre de Dieu seul, une telle cause instrumentale rend la conversion (son effet) passive. […] Sans la cause de la régénération, l’effet de la conversion n’aurait pas lieu. Ainsi, il n’y a aucune notion de synergisme dans le point de vue réformé sur la conversion. ». Par conséquent, l’« imputation de la justice du Christ » est accordée à l’homme de manière inconditionnelle66OLSON, Roger. Against Calvinism. Grand Rapids : Zondervan, 2011, p. 156. « Ainsi, le Saint-Esprit doit transformer la personne intérieurement de manière efficace, ce qu’on appelle la régénération. Ensuite, la personne née de nouveau désire venir à Christ ; c’est alors qu’elle reçoit la repentance et la foi (la conversion), ainsi que la justification (le pardon et l’imputation de la justice du Christ). ». Pourtant, Dieu tient pour responsables ceux qui acceptent d'avoir la foi autant que ceux qui ne l'acceptent pas. Cette conception entre ainsi en tension avec les principes généralement admis de la responsabilité morale, selon lesquels l’auteur ultime d’un acte en est également le véritable responsable67EVANS, Jeremy A.. Reflections on Determinism and Human Freedom. In : ALLEN, David L.., LEMKE, Steve W. [ed.]. Whosoever Will: A Biblical-Theological Critique of Five-Point Calvinism. Nashville, TN : B&H, 2010, p. 263. « La responsabilité ultime […] réside là où se trouve la cause ultime. ».

4.2. L’assurance de la justification

Plusieurs réformateurs reprirent presque intégralement la doctrine de la persévérance augustinienne, notamment Luther, qui n’admettait pas qu’un croyant puisse avoir la certitude de son salut, puisque que l’élection à la persévérance demeure cachée68DAVIS, John Jefferson. The Perseverance of the Saints: A History of the Doctrine. JETS, 1991, vol. 34, n°2, p. 216. Disponible à l’adresse : https://evangelicalarminians.org/wp-content/uploads/2009/12/Davis-History-of-the-Perseverance-of-the-Saints.pdf « La question de savoir si le croyant, maintenant en état de grâce, resterait en grâce jusqu’à la fin était pour Luther une question ouverte. ».

Calvin reprit également la doctrine augustinienne de la persévérance dans sa propre sotériologie. Pour expliquer les cas d’apostasie, c’est-à-dire ceux de personnes qui semblent croire pendant un temps avant de renier définitivement la foi, il introduisit la notion de « grâce évanescente »69CALVIN, Jean. De la Prédestination éternelle de Dieu. Genève : Jean Crespin, 1552, p. 170. Disponible à l’adresse : https://books.google.fr/books?id=SQPsWRpZBIsC. « [Citant Augustin] Pendant qu'ils vivent bien, on les nomme enfants de Dieu : mais pour ce que leur fin doit être mauvaise, la prescience de Dieu ne les nomme pas ainsi. Car il y a des enfants de Dieu, qui sont tels quant à lui, et ne le sont pas encore quant à nous. Et il y en a d'autres, que nous appelons ainsi, pour la grâce temporelle qui est en eux : mais Dieu ne les tient point pour tels. » (Adapté de l’ancien français, gras ajouté)70CALVIN, Jean. Institution de la religion chrétienne. Aix-en-Provence : Kerygma, 2009, 3.2.11-12, p. 492-497. 71CALVIN, Jean. Commentaire de Jean Calvin sur le Nouveau Testament. Paris : Librairie de Ch. Meyrueis, 1855, vol. 4, Hébreux 6:4-5, p. 421. Disponible à l'adresse : http://www.unige.ch/theologie/numerisation/Calvin_NT/volume4.pdf. « Mais je dis que ceci n'empêche point que [Dieu] n'arrose aussi les réprouvés du goût de sa grâce, qu'il n'illumine leurs esprits de quelques étincelles de sa lumière, qu'il ne leur fasse sentir sa bonté, et qu'il ne grave aucunement sa parole en leurs cœurs. Autrement, où serait cette foi temporelle de laquelle S. Marc, IV, 17, fait mention ? Il y a donc quelques connaissances même dans le réprouvé, laquelle s’évanouit peu après, ou parce qu'elle n'avait pas si profondes racines qu'elle devait bien avoir, ou parce qu'étant étouffée, elle flétrit. » (Adapté de l’ancien français, gras ajouté). Celle-ci désigne une œuvre du Saint-Esprit produisant temporairement chez certains des effets apparement identiques à ceux de la véritable grâce irrésistible, accompagnés de « fruits » visibles72CALVIN, Jean. Institution de la religion chrétienne. Aix-en-Provence : Kerygma, 2009, 3.2.11, p. 492-493. « [L]’expérience montre que les réprouvés sont parfois touchés d’un sentiment presque semblable à celui des élus, de sorte qu’à leur avis, ils doivent être rangés parmi les croyants. […] Dieu, afin de les maintenir dans cette position et de leur enlever toute excuse, s’insinue dans leur compréhension dans la mesure où sa bonté peut être goûtée sans l’Esprit d’adoption. […] Cela n'empêche pas que le Saint-Esprit accomplisse des actions de moindre envergure chez les réprouvés. [...] Ainsi tombe l’objection qui pourrait être soulevée : si Dieu montre sa grâce, cela devrait être fait de façon certaine et permanente. Mais rien n’empêche Dieu d’illuminer, pour un temps, le cœur de certains par un sentiment de sa grâce, qui s’évanouit ensuite. »73CALVIN, Jean. Institution de la religion chrétienne. Aix-en-Provence : Kerygma, 2009, 3.2.12, p. 494. « [Le réprouvé sujet à la grâce évanescente est] comme un arbre planté trop peu profond pour avoir des racines vivaces, mais qui, pendant quelques années, produit des fleurs et des feuilles et même quelques fruits, et qui finalement se dessèche et meurt. ». Cette explication fut ensuite reprise par des théologiens calvinistes comme Théodore de Bèze, William Perkins74KEATHLEY, Kenneth. Salvation and Sovereignty: A Molinist Approach. Nashville : B&H Publishing Group. 2010, chap. 6. « La doctrine de la foi temporaire, une notion d'abord formulée par Calvin mais plus tard développée par Bèze et William Perkins, a encore intensifié le problème de l'assurance dans la théologie calviniste et puritaine. Selon eux, Dieu donne aux réprouvés, qu'il n'a jamais eu l'intention de sauver en premier lieu, un "aperçu" de sa grâce. Se basant sur des passages tels que Matt 7:21–23; Héb 6:4–6, et la parabole du Semeur, Bèze et Perkins attribuent cette fausse foi temporaire à une œuvre inefficace du Saint-Esprit. », John Owen75GRIBBEN, Crawford, TWEEDDALE, John W.. T&T Clark Handbook of John Owen, London, T&T Clark, 2022, p. 402. « [...] Owen admet volontiers que l'Esprit induit occasionnellement une illumination partielle de la vérité de l'évangile, qui pourrait produire une certaine conviction de péché et une réforme du comportement. [...] Car, quelle que soit sa ressemblance superficielle avec une véritable conversion, elle est en deçà de cette réalité et explique le phénomène d'une illumination apparemment temporaire décrite en Héb. 6:4. », A. W. Pink76PINK, Arthur W.. Studies on Saving Faith. Zeeland, MI : Reformed church Publications, 2009, p. 18-19. « Les Écritures enseignent également que les individus peuvent posséder une foi inspirée par le Saint-Esprit, mais qui ne conduit pas au salut. Cette foi, à laquelle nous faisons référence, est caractérisée par deux éléments que ni l'éducation ni les efforts personnels ne peuvent susciter : la lumière spirituelle et une puissance divine qui incite l'esprit à donner son assentiment. Ainsi, il est possible qu'une personne bénéficie de cette illumination et de cette inclination divines sans pour autant être régénérée. Un exemple solennel de cette situation est exposé dans Hébreux 6:4-6. » ou Loraine Boettner77BOETTNER, Loraine. The Reformed Doctrine of Predestination. Philadelphia : The Presbyterian and Reformed Publishing Company, 1932, chap. 14, disponible à l’adresse : https://ccel.org/ccel/b/boettner/predest/cache/predest.pdf « [I]l faut admettre que souvent les opérations communes de l'Esprit sur la conscience éclairée conduisent à la réforme et à une vie religieuse extérieure. Ceux qui sont ainsi influencés sont souvent très stricts dans leur conduite et diligents dans leurs devoirs religieux. Au pécheur éveillé, les promesses de l'Évangile et l'exposition du plan de salut contenus dans les Écritures apparaissent non seulement comme vrais, mais aussi adaptées à sa condition. Il les reçoit avec joie et croit avec une foi fondée sur la force morale de la vérité. Cette foi perdure aussi longtemps que perdure l'état d'esprit par lequel elle est produite. Lorsque cela change, il retombe dans son état habituel d'insensibilité et sa foi disparaît. [...] Souvent, il est impossible pour un observateur ou même la personne elle-même de distinguer ces expériences de celles des vraiment régénérés. » (Gras ajoutés) .

Ces doctrines convergent sur un point : aucune expérience spirituelle ou transformation de vie ne permet d'affirmer avec certitude que le don de persévérance a été reçu. Or, dans le cadre calviniste, seul ce don garantit le salut78GRUDEM, Wayne. Systematic Theology: An Introduction to Biblical Doctrine, Leicester, England & Grand Rapids, MI, Inter-Varsity Press & Zondervan, 1994, p. 860. « [C]ette doctrine de la persévérance des saints, si elle est correctement comprise, devrait susciter une réelle inquiétude, voire de la peur, dans le cœur de ceux qui s’éloignent de Christ. De telles personnes doivent clairement être averties que seuls ceux qui persévèrent jusqu’à la fin sont réellement nés de nouveau. ». Il en résulte qu’aucune assurance objective du salut n’est possible durant la vie terrestre79WALLS, Jerry L., DONGELL, Jospeh. Why I am not a Calvinist. Downers Grove, IL : InterVarsity Press, 2004, p. 201-202. « Ce qui est vraiment remarquable ici, c'est que des personnes qui reçoivent cette illumination partielle et temporaire semblent pendant un temps être véritablement élues, mais ne le sont en réalité pas. Elles sont trompées par un faux espoir. Cette possibilité effroyable est ce qui hante les calvinistes qui luttent avec l'assurance et la certitude du salut. ».

Calvin lui-même, demeura ambigu sur la question de l’assurance du salut80CALVIN, Jean. De la Prédestination éternelle de Dieu. Genève : Jean Crespin, 1552, p. 170. « Telles gens demandent en premier lieu comment nous pourrions être assurés de notre salut, qui selon mon dire, est caché dans le conseil étroit de Dieu. J’ai répondu en mon institution, puisque la certitude de salut nous est proposée en Jésus Christ, que tous ceux qui laissent cette fontaine de vie, de laquelle il nous était aisé de puiser, et vont chercher leur salut aux abîmes qui leurs sont cachées pour le tirer de là, pervertissent tout ordre et font grande injure à Jésus Christ ». (Adapté de l’ancien français, gras ajouté).81CALVIN, Jean. Institution de la religion chrétienne. Aix-en-Provence : Kerygma, 2009, 3.24.9, p. 909. « Grégoire a donc très mal parlé en disant que nous sommes au clair sur notre vocation, mais que nous sommes incertains en ce qui concerne notre élection. ». Les calvinistes ont donc souvent cherché à y accéder par une introspection rigoureuse82KEATHLEY, Kenneth. Salvation and Sovereignty: A Molinist Approach. Nashville : B&H Publishing Group. 2010, chap. 6. « Les calvinistes et puritains de l'après-Réforme étaient attachés à un point de vue [...] qui considérait l'assurance comme une grâce donnée après la conversion et discernée par un auto-examen minutieux. ». Ce cheminement, combiné à la doctrine d’une élection inconditionnelle et d’une persévérance assurée, a parfois conduit à une interprétation inversée : celle de la sécurité éternelle, entendue comme une certitude absolue et irrévocable d’être sauvé83STANGLIN, Keith. L'assurance du salut selon le calvinisme : quelles perspectives ?. In : Arminianisme Évangélique [en ligne]. 2018. Disponible à l’adresse : https://arminianisme-evangelique.fr/lassurance-du-salut-selon-le-calvinisme-quelles-perspectives/84KEATHLEY, Kenneth. Salvation and Sovereignty: A Molinist Approach. Nashville : B&H Publishing Group. 2010, chap. 6. « Les calvinistes et puritains ultérieurs ont utilisé deux syllogismes, le syllogisme pratique et le syllogisme mystique, dans leur tentative de déterminer l'assurance par déduction logique. Le syllogisme pratique est le suivant : Prémisse majeure : Si la grâce irrésistible se manifeste en moi par de bonnes œuvres, alors je suis élu. Prémisse mineure (pratique) : Je manifeste de bonnes œuvres. Conclusion : Par conséquent, je suis l'un des élus. Mais comment sait-on que la prémisse mineure du syllogisme pratique est vraie pour lui ? Les puritains ont tenté de répondre à cette question par un auto-examen introspectif en utilisant le syllogisme mystique. Le syllogisme mystique est le suivant : Prémisse majeure : Si j'éprouve la confirmation intérieure de l'Esprit, alors je suis élu. Prémisse mineure (mystique) : J'éprouve la confirmation de l'Esprit. Conclusion : Par conséquent, je suis l'un des élus. ». Cette perspective engendre une tension entre la foi actuelle et l’élection passée85EGBERTS, Egbert. Une « tulipe » peu ordinaire : le calvinisme en question. Olonzac : Éditions l’Oasis, 2016, par. Une réconciliation limitée ? « Il est à craindre que s’opère dans ce genre de Calvinisme ce qui s’est passé dans le Judaïsme : la foi vivante et personnelle est évacuée au profit de l’élection. On n’est plus sauvé par la foi, mais par l’élection. Un tel glissement serait fatal. Je m’empresse de dire qu’il y a des croyants profonds et exemplaires dans le milieu calviniste. Pourtant, cette tendance ne plaide pas en faveur d’une recherche de cette foi sans laquelle il est impossible de plaire à Dieu (Hébreux 11.6). », et tend à reléguer la sanctification et la repentance au second plan86WYNKOOP, Mildred Bangs. Les fondements de la théologie wesleyo-arminienne. Chennevière-sur-Marne : Maison des publications nazaréennes, 1999, p. 115. « C'est le caractère conditionnel même du salut biblique qui conduit à une compréhension très sérieuse et très profonde de la sanctification. L'assurance du salut n'est pas un positionnement statique, amoral ou antinomien. [...] L'antithèse vraie du Calvinisme est la conception wesleyenne (et biblique, croyons-nous) de la sanctification avec ce que cela suppose comme dynamisme et engagement »..

5. Le point de vue arminien

5.1. Principes de la justification

Apparue au XVIIe siècle avec Jacobus Arminius, la théologie arminienne s’oppose au calvinisme tout en s’inscrivant dans la tradition du semi-augustinisme87KEATHELY, Kenneth D. The Work of God: Salvation. In : AKIN, Daniel L. [ed.]. A Theology for the Church. Nashville: B&H Academic, chap. 12.88BOUNDS, Christopher T.. How are People Saved? The Major Views of Salvation with a Focus on Wesleyan Perspectives and their Implications. Wesley and Methodist Studies, 2011, vol. 3, p. 39-43. « […] les théologiens en dehors de la tradition wesleyenne ont utilisé le terme [semi-augustinisme] pour décrire la position arminienne, et de plus en plus, les wesleyens utilisent le terme pour décrire leur position et montrer sa relation avec l’augustinisme. ». Elle repose notamment sur le principe de l’incompatibilisme, selon lequel le déterminisme est inconciliable avec le libre arbitre89OLSON, Roger E. The Classical Free Will Theist Model of God. In : WARE, Bruce. Perspectives on the Doctrine of God: Four Views. Nashville, TN : B&H Publishing Group, 2008, p. 149. « Le théisme classique du libre arbitre est ce modèle trouvé implicitement chez les anciens pères de l’Eglise grecs, la plupart des philosophes et théologiens médiévaux. […] Le théisme classique du libre arbitre décrit le libre arbitre comme incompatible avec le déterminisme. ». Dès lors, l’arminianisme affirme que seul un libre arbitre libertarien permet d’engager véritablement la responsabilité morale : Dieu est responsable des actes qu’il initie, l’homme des siens90MORELAND, J. P., CRAIG, William Lane. Philosophical Foundations for a Christian Worldview: 2nd Edition. Downers Grove, IL : IVP Academic, an imprint of InterVarsity Press, 2017, chap. Free will and determinism..

Dans cette perspective, la foi est rendue possible par la grâce prévenante sans en contraindre la réalisation91OLSON, Roger. Against Calvinism. Grand Rapids : Zondervan, 2011, p. 67. « La théologie arminienne classique, notamment celle de John Wesley (1703–1791), affirme la dépravation totale de l’être humain et son incapacité absolue à tourner sa volonté vers Dieu sans une intervention surnaturelle. Elle enseigne que c’est par l’action de la grâce prévenante — cette œuvre de l’Esprit qui éclaire, convainc, appelle et rend capable — que le pécheur reçoit la possibilité de répondre à l’Évangile par la foi et la repentance. Cette grâce, tout en rendant l’être humain libre intérieurement, peut être acceptée ou refusée. ». La justification en découle : elle est un acte juridique fondé sur une « justice imputée » par la foi seule. La sanctification, quant à elle, s’opère de manière progressive et repose sur une « justice transmise », désormais intériorisée par le croyant92McCALL, H. Thomas, FRIEDEMAN, T. Caleb, Friedeman, and T. Matt. The Doctrine of Good Works. Grand Rapids, MI : Baker Academic, 2023, p. 24. « Tandis que la justification concerne le statut légal et renvoie à une justice forensique qui est imputée, la sanctification concerne la personne et renvoie à une justice réelle ou effective, qui est infusée ou transmise [anglais « impartation »], et qui est donc inhérente au croyant. Alors que la déclaration de justification est instantanée, l’œuvre de sanctification est progressive et continue (quoique marquée par des moments ponctuels particulièrement importants). ».

5.2. L’assurance de la justification

Les arminiens croient en la sécurité du salut conditionnelle, et donc en l’apostasie, généralement considérée comme réversible tant que dure la vie93GANN, Gerald. Arminius on Apostasy. The Arminian Magazine, 2014, vol. 32, n°2, p. 5-6. Disponible à l’adresse : https://evangelicalarminians.org/arminius-on-apostasy/94L’opinion des remontrants. In : Arminianisme Évangélique [en ligne]. 2020, chap. 5, art. 5. Disponible à l’adresse : https://arminianisme-evangelique.fr/lopinion-des-remontrants/. « Cependant, bien que les vrais croyants puissent tomber dans ces graves péchés détruisant leur conscience, nous ne croyons pas qu’ils soient immédiatement privés de tout espoir de repentance ; bien que nous reconnaissions qu’il soit possible que cette situation puisse en arriver là, nous croyons que Dieu, selon la grandeur de sa miséricorde, peut à nouveau les rappeler à la repentance par sa grâce. Nous pensons même que de tels rappels ont souvent lieu, quand bien même les croyants déchus n’en ont pas une « pleine conscience », cela ne signifie pas que cet acte de grâce n’ait pas eu lieu. » (Adapté de l’ancien français)95WESLEY, John. Sérieuses réflexions sur la persévérance des saints. In : Arminianisme Évangélique [en ligne]. 2020. Disponible à l’adresse : https://arminianisme-evangelique.fr/serieuses-reflexions-sur-la-perseverance-des-saints/. « Si un croyant fait naufrage quant à la foi, il n’est plus un enfant de Dieu. Donc il peut aller en enfer, oui, et il ira même certainement en enfer, s’il persiste à ne pas croire. ». L’assurance de la justification repose sur une relation actuelle avec le Christ, vécue dans la foi96PURKISER, W. T.. Concepts contradictoires de la sainteté. Lenexa, KS : Éditions Foi et Sainteté, 2008, p. 106. Disponible à l’adresse : https://www.whdl.org/sites/default/files/resource/book/FR_purkiser_concepts_0.pdf. L’assurance de la justification peut ainsi, associée à un minimum de discernement, légitimement reposer sur une perception positive de son propre état spirituel97HENSHAW, Ben. L'assurance du salut dans l'arminianisme et le calvinisme. In : Arminianisme Évangélique. [En ligne], 2021. Disponible à l’adresse : https://arminianisme-evangelique.fr/lassurance-du-salut-dans-larminianisme-et-le-calvinisme/. Cette position permet d'éviter à la fois l’angoisse d’une élection cachée et la présomption d’une sécurité éternelle inconditionnelle98STANGLIN, Keith. L'assurance du salut selon le calvinisme : quelles perspectives ?. In : Arminianisme Évangélique [en ligne]. 2018. Disponible à l’adresse : https://arminianisme-evangelique.fr/lassurance-du-salut-selon-le-calvinisme-quelles-perspectives/.

6. Conclusion

Dans le catholicisme, la foi découle de la grâce divine, mais ce sont les œuvres qui constituent le fondement de la justification. Autrement dit, la justification inclut la sanctification. Elle s’inscrit dans un processus progressif de transformation intérieure. Ce processus peut être interrompu, notamment par un péché mortel. Par ailleurs, le croyant ignore à quel stade de justification il se trouve à l’instant présent. Le degré requis pour entrer au paradis peut être atteint soit durant cette vie, soit ultérieurement au purgatoire. En conséquence, il n'est pas possible d'avoir une assurance certaine de sa justification complète durant sa vie.

Dans la théologie réformée, la foi découle de la grâce divine, et les œuvres en sont l’expression. Toutefois, l'acceptation humaine de la foi est ultimement causée par Dieu, selon sa décision souveraine de sauver ou de condamner. Bien qu’un croyant puisse se croire justifié, il peut être trompé par une foi illusoire, phénomène que les réformés expliquent notamment par la doctrine de la grâce évanescente : une grâce temporaire, qui produit des signes extérieurs identiques à ceux de la grâce véritable, mais destinée à disparaître. Par conséquent, ce n’est qu’en persévérant jusqu’à la fin que le croyant peut avoir la certitude d'avoir été réellement justifié. Là encore, l’assurance de justification n’est pas possible durant la vie.

Dans la théologie arminienne, la foi découle également de la grâce divine, et les œuvres en sont l’expression. Le croyant est pleinement justifié par la foi, tant qu’il y demeure. Il peut donc avoir une assurance de justification à l’instant présent, plus directement accessible que dans les autres systèmes.

7. Tableau récapitulatif

CatholiquesArminiensRéformés
Vue sotériologiqueSynergisme catholiqueSemi-augustinismeAugustinisme
Justification par :« Infusion de la justice »« Imputation de la justice »« Imputation de la justice »
Sanctification par :« Transmission de la justice »« Transformation »
Temporalité de la JustificationProgressive
(peut finir après la mort)
InstantanéeInstantanée
Temporalité de la sanctificationProgressive
(peut finir après la mort)
ProgressiveProgressive
Révocabilité de la justificationRévocableRévocableIrrévocable
Assurance de la justification durant la vieAssurance de la justification partielle possible

Assurance de la justification complète impossible

Assurance de la justification possible
(à l’instant présent)
Assurance de la justification impossible
(grâce évanescente)

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Références

  • 1
    WILEY, Henry Orton. Christian theology. Kansas City, MO : Beacon Hill Press, 1941, vol. 2, p. 234-235. Disponible à l’adresse : https://whdl.org/en/browse/resources/6496. « Augustin lui-même a d’abord défendu clairement cette position [synergique], mais, dans sa controverse avec les Pélagiens, il a adopté un système strictement monergiste. Il soutenait l’incapacité totale de l’homme à accomplir de bonnes œuvres et, par conséquent, jusqu’à ce que l’individu soit régénéré, il n’avait aucun pouvoir pour exercer la foi. La grâce, dès lors, était accordée uniquement aux élus par l’appel efficace, et l’expiation limitée à ceux pour qui elle était réellement efficace. Avant cette époque, le synergisme avait été la théorie dominante, c’est-à-dire que l’individu, dans sa restauration après le péché, coopère avec Dieu au moyen d’une grâce universellement offerte comme un don gratuit, de telle manière que cette coopération conditionne le résultat. »
  • 2
    WILEY, Henry Orton. Christian theology. Kansas City, MO : Beacon Hill Press, 1941, vol. 2, p. 102. Disponible à l’adresse : https://whdl.org/en/browse/resources/6496. « Pélage mettait un accent extrême sur l'autodétermination de l'individu au bien ou au mal, et niait que le péché d'Adam ait affecté quiconque d'autre que lui-même. »
  • 3
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    BARRETT, Matthew. Salvation by Grace: The Case for Effectual Calling and Regeneration. Phillipsburg : P & R Publishing, 2013, p. xxvii. « Le monergisme divin est la vision d’Augustin et des Augustiniens ».
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  • 9
    WILEY, Henry Orton. Christian theology. Kansas City, MO : Beacon Hill Press, 1941, vol. 2, p. 103. Disponible à l’adresse : https://whdl.org/en/browse/resources/6496. « [Le semi-pélagianisme] affirmait qu’il restait dans la volonté déchue une puissance suffisante pour initier ou mettre en mouvement les débuts du salut, mais non pour les mener à leur accomplissement. Cela devait être accompli par la grâce divine. »
  • 10
    BARRETT, Matthew. Salvation by Grace: The Case for Effectual Calling and Regeneration. Phillipsburg : P & R Publishing, 2013, p. xxvii. « [L]e synergisme initié par l'homme est le point de vue du semi-pélagianisme ».
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    BOUNDS, Christopher T.. How are People Saved? The Major Views of Salvation with a Focus on Wesleyan Perspectives and their Implications. Wesley and Methodist Studies, 2011, vol. 3, p. 39-43. « Les semi-augustiniens enseignent que Dieu prend l'initiative en accordant à l'humanité une grâce prévenante ». 
  • 13
    BARRETT, Matthew. Salvation by Grace: The Case for Effectual Calling and Regeneration. Phillipsburg : P & R Publishing, 2013, p. xxvii. « Le synergisme initié par Dieu est le point de vue des semi-augustiniens ».
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    DAVIS, John Jefferson. The Perseverance of the Saints: A History of the Doctrine. JETS, 1991, vol. 34, n°2, p. 213. Disponible à l’adresse : https://evangelicalarminians.org/wp-content/uploads/2009/12/Davis-History-of-the-Perseverance-of-the-Saints.pdf. « […] Augustin ne croit pas que le chrétien puisse dans cette vie savoir avec une certitude infaillible qu’il est en fait parmi les élus et qu’il finira par persévérer. »
  • 20
    DEMAREST, Bruce. The Cross and Salvation: The Doctrine of Salvation. Wheaton : Crossway Books, 1997, p. 479. « Augustin (mort en 430), le premier théologien post-biblique à explorer en profondeur le concept de justification, a contribué à façonner la vision romaine. Augustin insistait sur le fait que Dieu insuffle le principe de justice dans l’âme lors du baptême. Ainsi, à la fontaine baptismale, « nous sommes justifiés, mais la justice elle-même croît à mesure que nous avançons ». Peu versé dans le grec, l’évêque interprétait dikaioô comme signifiant « rendre juste », plutôt que « déclarer juste ». « Que signifie donc l’expression “être justifié”, sinon “être rendu juste” ? » […] Augustin englobait dans la justification ce que les protestants comprennent par régénération et sanctification. […] [I]l considérait la justification au sens large comme l’ensemble du mouvement du salut, depuis la régénération jusqu’à la sanctification. Cela se confirme par le fait qu’il employait comme synonymes de justification les termes latins regeneratio, vivificatio, renovatio et sanctificatio. »
  • 21
    KIRKPATRICK, Daniel. Monergism or Synergism: Is Salvation Cooperative or the Work of God Alone?. Eugene, OR : Wipf and Stock Publishers, 2018, chap. 6. « Bien que beaucoup, au cours du Moyen Âge, aient compris la justification comme ayant pour source le don divin (plutôt qu’une récompense), une tendance s’est développée au XIIIᵉ siècle consistant à concevoir le mérite comme ce qui oblige Dieu à justifier le pécheur, avec une évolution vers une compréhension de la justification comme un changement ontologique chez l’individu qui accomplit des actes méritoires. »
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    WILEY, Henry Orton. Christian theology. Kansas City, MO : Beacon Hill Press, 1941, vol. 2, p. 387. Disponible à l’adresse : https://whdl.org/en/browse/resources/6496. « Ce manque de distinction nette entre la justification comme un acte déclaratif dans l’esprit de Dieu, et la sanctification comme un changement moral dans l’âme, consécutif à la nouvelle relation issue de la justification, constitue le fondement de toute la théologie tridentine […] La foi en vint aussi à être considérée non seulement comme le principe qui saisit le mérite du Christ pour le pardon, mais aussi comme ce qui unit l’âme au Christ dans l’œuvre intérieure du renouveau. D’où la distinction entre deux types de foi : la fides informis, ou assentiment intellectuel aux articles de la foi ; et la fides formata caritate, qui se manifeste dans l’amour et la vertu. Il fut alors facile de transférer l’imputation de la justice du Christ non plus à l’individu, mais à la foi elle-même, comme portant en elle le germe de tout bien. La foi possédait ainsi une vertu, et donc un mérite — position qui mène directement à l’idée de la justification comme une infusion de justice plutôt que comme une simple rémission des péchés. »
  • 23
    WILEY, Henry Orton. Christian theology. Kansas City, MO : Beacon Hill Press, 1941, vol. 2, p. 388. Disponible à l’adresse : https://whdl.org/en/browse/resources/6496. « La justification [...] ne consiste pas seulement dans la rémission des péchés, mais encore dans la sanctification et le renouvellement de l'homme intérieur par la réception volontaire de la grâce et des dons […] [Décrets du Concile de Trente, session 6, chap. 7] ».
  • 24
    Catéchisme de l'Église catholique : Édition définitive avec guide de lecture. [Paris] : Fleurus-Mame, 2011, par. 1989. « La justification n'est pas seulement la rémission des péchés, mais aussi la sanctification et le renouvellement de l'homme intérieur. »
  • 25
    RUSSELL, Thomas Arthur. Comparative Christianity: A Student's Guide to a Religion and Its Diverse Traditions. Boca Raton, FL : Universal-Publishers, 2010, p. 17. « Le catholicisme romain a sa propre vision de la justification par la foi, et cette vision est différente de celles des Églises orientales ou protestantes. L’Église enseigne que la justification est un processus qui commence par la justification initiale, c’est-à-dire “être purifié du péché”, se poursuit par une justification progressive, c’est-à-dire “être rendu juste”, et s’achève par la justification finale. »
  • 26
    KIRKPATRICK, Daniel. Monergism or Synergism: Is Salvation Cooperative or the Work of God Alone?. Eugene, OR : Wipf and Stock Publishers, 2018, chap. 6. « Le premier article sur la justification dans le Catéchisme de l’Église catholique affirme en effet que Dieu justifie une personne en lui communiquant la justice du Christ par la foi et le baptême. Le concile de Trente enseigne que les mérites du Christ, qui conduisent à la justification, sont transmis par la cause instrumentale du sacrement de baptême, bien que ce dernier doive être accompagné de la foi. Trente ajoute cependant que la justice (ou droiture) doit croître, précisant ainsi que le baptême seul ne suffit pas à rendre quelqu’un juste. Il affirme que la foi doit coopérer avec les bonnes œuvres pour que la justice augmente. »
  • 27
    WILEY, Henry Orton. Christian theology. Kansas City, MO : Beacon Hill Press, 1941, vol. 2, p. 239-240. Disponible à l’adresse : https://whdl.org/en/browse/resources/6496. « Thomas d'Aquin s'écarta de la théorie anselmienne d'une satisfaction absolue, par opposition à une satisfaction relative. Il en résulta une théorie de la justification reposant en partie sur l'œuvre du Christ et en partie sur les œuvres de l'individu. Cette théorie relâchée gagna progressivement du terrain dans l'Église catholique romaine, jusqu'à ce qu'elle obtienne finalement une autorité ecclésiastique dans la sotériologie du concile de Trente. »
  • 28
    WILEY, Henry Orton. Christian theology. Kansas City, MO : Beacon Hill Press, 1941, vol. 2, p. 389. Disponible à l’adresse : https://whdl.org/en/browse/resources/6496. « En mortifiant leurs membres charnels, et en les livrant comme des instruments de justice pour la sanctification, par l’observation des commandements de Dieu et de l’Église — leur justice même étant acceptée par la grâce du Christ, et leur foi coopérant avec leurs bonnes œuvres — ils croissent et sont justifiés de plus en plus. [Décrets du Concile de Trente, session 6, chap. 10] »
  • 29
    HINDSON, Edward E. MITCHELL, Daniel R.. The Popular Encyclopedia of Church History: The People, Places, and Events That Shaped Christianity. Eugene, OR : Harvest House Publishers, 2013, p. 44.
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    NOLL, A. Mark, NYSTROM, Carolyn. Is the Reformation Over? Grand Rapids, MI : Baker Academic, 2008, p. 141. « Étant donné que les catholiques considèrent le salut comme un processus, et non comme un événement unique, il existe une possibilité d'interruption (par choix ou par péché mortel) à n'importe quel moment de ce continuum. Cette interruption peut conduire à une séparation du royaume de Dieu, voire à la damnation éternelle en enfer. »
  • 31
    DUCHNE, Roger. 1. Le concile de Trente et la doctrine catholique de la justification. In : L’imposture littéraire dans les Provinciales de Pascal. Aix-en-Provence : Presses universitaires de Provence, 1985. Disponible à l’adresse : https://doi.org/10.4000/books.pup.1052. « Can. 3. - Si quelqu'un dit que sans l'inspiration prévenante du Saint-Esprit et sans son secours, l'homme peut croire, espérer et aimer ou se repentir de la façon qu'il faut pour obtenir la grâce de la justification, qu'il soit anathème. »
  • 32
    Catéchisme de l'Église catholique : Édition définitive avec guide de lecture. [Paris] : Fleurus-Mame, 2011, par. 2010. « Sous la motion de l’Esprit Saint et de la charité, nous pouvons ensuite mériter pour nous-mêmes et pour autrui les grâces utiles pour notre sanctification, pour la croissance de la grâce et de la charité, comme pour l’obtention de la vie éternelle. »
  • 33
    STUMP, Eleonore. Aquinas. London : Routledge, 2008, p. 381. « Le semi-pélagianisme soutenait que Dieu accorde la grâce en réponse au premier acte méritoire du libre arbitre humain, lequel agit pour demander la grâce. »
  • 34
    OLSON, Roger E.. Arminian Theology : Myths and Realities. Downers Grove : InterVarsity Press, 2009, p. 30. « Le semi-pélagianisme est devenu la théologie populaire de l'Église catholique romaine au cours des siècles qui ont précédé la Réforme protestante ; il a été catégoriquement rejeté par tous les réformateurs, à l'exception des soi-disant rationalistes ou antitrinitaires, comme Faustus Socinus. »
  • 35
    DEMAREST, Bruce. The Cross and Salvation: The Doctrine of Salvation. Wheaton : Crossway Books, 1997, p. 30. « Les réformateurs protestants ont accusé le concile de Trente de promouvoir le semi-pélagianisme, dans le sens où il exaltait les réalisations humaines au-dessus de la grâce divine. »
  • 36
    KIRKPATRICK, Daniel. Monergism or Synergism: Is Salvation Cooperative or the Work of God Alone?. Eugene, OR : Wipf and Stock Publishers, 2018, chap. 6. « Le purgatoire est, en réalité, une cause instrumentale dans l’acquisition de la justice. »
  • 37
    WILEY, Henry Orton. Christian theology. Kansas City, MO : Beacon Hill Press, 1943, vol. 3, p. 241. Disponible à l’adresse : https://whdl.org/en/browse/resources/6496. « Augustin a enseigné, à propos du purgatoire, premièrement que les âmes d’une certaine catégorie d’hommes qui seront finalement sauvés souffrent après la mort ; et deuxièmement qu’elles sont aidées par l’Eucharistie, ainsi que par les aumônes et les prières des fidèles. »
  • 38
    WILEY, Henry Orton. Christian theology. Kansas City, MO : Beacon Hill Press, 1943, vol. 3, p. 241. Disponible à l’adresse : https://whdl.org/en/browse/resources/6496. « Grégoire le Grand (604) rassembla les vues vagues et contradictoires sur le purgatoire et donna à cette doctrine une forme telle qu’elle devint efficace à la fois pour la discipline et pour les revenus. C’est pourquoi il est couramment désigné comme "l’inventeur du purgatoire". […] À partir du VIIIᵉ siècle et tout au long du Moyen Âge, la doctrine du purgatoire s’imposa fortement dans l’imaginaire populaire et devint l’un des sujets les plus en vue dans les conversations publiques. Les scolastiques comme les mystiques en donnaient des descriptions précises et saisissantes, et la croyance était soutenue par une multitude de rêves et de visions. Parmi celles-ci figuraient les visions de Fursey et de Dryethelm, rapportées par Bède (736). »
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    WILEY, Henry Orton. Christian theology. Kansas City, MO : Beacon Hill Press, 1943, vol. 3, p. 230-231. Disponible à l’adresse : https://whdl.org/en/browse/resources/6496. « Le purgatoire est considéré comme la demeure intermédiaire de ceux qui meurent en paix avec l'Église, mais qui ont encore besoin d'être purifiés avant d'entrer dans l'état final du ciel. […] L'Eucharistie, ou messe, est considérée comme un sacrifice propitiatoire destiné à obtenir le pardon des péchés postérieurs au baptême ; et, comme son efficacité dépend de l'intention du prêtre, celui-ci peut, s'il le souhaite, l'appliquer aux âmes du purgatoire. »
  • 40
    CHIRAT, Henri. Les origines et la nature de l'indulgence d'après une publication récente. In : Revue des Sciences Religieuses, 1954, vol. 28, n°1, p. 49, Disponible à l’adresse : https://doi.org/10.3406/rscir.1954.2033. « Au XIIIe siècle deux facteurs ont contribué à assurer la constitution d'une doctrine qui devint, dans une certaine mesure, commune : un changement de perspective dans la conception que l'on se fit de l'effet de l'indulgence et, d'autre part, le recours à la doctrine du « trésor de l'Eglise » (thesaurus ecclesiae) pour expliquer cette efficacité. Au lieu de voir d'abord dans l'indulgence, comme on le faisait au XIIe siècle, une remise de la pénitence imposée, on se mit à l'envisager directement comme une remise des peines du purgatoire : remissio a poena condigna »
  • 41
    WILEY, Henry Orton. Christian theology. Kansas City, MO : Beacon Hill Press, 1941, vol. 2, p. 239-240. « La distinction entre satisfaction et mérite, ainsi que celle entre expiation absolue et expiation relative, ont rendu possible la surabondance du mérite du Christ, ou superabundans satisjactio. Ceci, ajouté à l'idée d'un mérite superflu des saints, a constitué la source du système médiéval des indulgences. »
  • 42
    DEMAREST, Bruce. The Cross and Salvation: The Doctrine of Salvation. Wheaton : Crossway Books, 1997, p. 72 « [Le concile de Trente affirme] qu’une grâce supplémentaire peut être accordée par la vie exemplaire de Marie, sa souffrance lors de la mort de Jésus, et ses prières adressées à son Fils au ciel. Une grâce additionnelle provient aussi du surplus de mérites accumulés par les saints. »
  • 43
    WILEY, Henry Orton. Christian theology. Kansas City, MO : Beacon Hill Press, 1943, vol. 3, p. 230-231. Disponible à l’adresse : https://whdl.org/en/browse/resources/6496. « L'Eucharistie, ou messe, est considérée comme un sacrifice propitiatoire destiné à obtenir le pardon des péchés postérieurs au baptême ; et, comme son efficacité dépend de l'intention du prêtre, celui-ci peut, s'il le souhaite, l'appliquer aux âmes du purgatoire. »
  • 44
    WILEY, Henry Orton. Christian theology. Kansas City, MO : Beacon Hill Press, 1943, vol. 3, p. 231. Disponible à l’adresse : https://whdl.org/en/browse/resources/6496. « Je tiens fermement qu’il existe un purgatoire, et que les âmes qui y sont retenues sont aidées par les suffrages des fidèles. (Catech. Trident. Chap. VI). »
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    DUGGAN, L. G.. indulgence. In : Encyclopedia Britannica [en ligne]. 2025. Disponible à l’adresse : https://www.britannica.com/topic/indulgence
  • 46
    Catéchisme de l'Église catholique : Édition définitive avec guide de lecture. [Paris] : Fleurus-Mame, 2011, par. 1031 : « L’Église appelle Purgatoire cette purification finale des élus qui est tout à fait distincte du châtiment des damnés. »
  • 47
    Catéchisme de l'Église catholique : Édition définitive avec guide de lecture. [Paris] : Fleurus-Mame, 2011, par. 1032 : « L’Église recommande aussi les aumônes, les indulgences et les œuvres de pénitence en faveur des défunts. »
  • 48
    Catéchisme de l'Église catholique : Édition définitive avec guide de lecture. [Paris] : Fleurus-Mame, 2011, par. 1471. « L’indulgence est la rémission devant Dieu de la peine temporelle due pour les péchés […] ».
  • 49
    Catéchisme de l'Église catholique : Édition définitive avec guide de lecture. [Paris] : Fleurus-Mame, 2011, par. 1476-1477. « Le trésor de l’Église [est constitué] des mérites du Christ, […] [des] prières et les bonnes œuvres de la bienheureuse Vierge Marie et de tous les saints. [...] [ceux-ci] ont coopéré également au salut de leurs frères. »
  • 50
    WILEY, Henry Orton. Christian theology. Kansas City, MO : Beacon Hill Press, 1941, vol. 2, p. 389. Disponible à l’adresse : https://whdl.org/en/browse/resources/6496 « [B]ien que l’on doive croire que les péchés ne sont remis que par la miséricorde de Dieu à cause du Christ, nul ne peut affirmer avec une certitude de foi qu’il a obtenu la rémission de ses péchés, à moins qu’il n’ait reçu une révélation spéciale [Décrets du Concile de Trente, session 6, chap. 9] »
  • 51
    Catéchisme de l'Église catholique : Édition définitive avec guide de lecture. [Paris] : Fleurus-Mame, 2011, par. 2005. « Puisque la grâce est de l’ordre surnaturel, elle échappe à notre expérience et ne peut être connue que par la foi. Nous ne pouvons pas nous fonder sur nos sentiments ni sur nos œuvres pour en tirer la certitude de notre justification ou de notre salut. »
  • 52
    KEATHLEY, Kenneth. Salvation and Sovereignty: A Molinist Approach. Nashville : B&H Publishing Group. 2010, p. 168. « Si le salut est un processus qui dure toute la vie et qui peut ou non être mené à bien, alors l’assurance du salut n’est pas possible. Suivant Augustin, la doctrine catholique officielle considère la justification comme un processus qui se déroule à l’intérieur du chrétien au cours de sa vie, et qui peut même se poursuivre après la mort. Nul ne peut savoir avec certitude où il en est sur le chemin de la foi, ni s’il poursuivra la tâche difficile de marcher dans la Voie. »
  • 53
    WILEY, Henry Orton. Christian theology. Kansas City, MO : Beacon Hill Press, 1941, vol. 2, p. 387. Disponible à l’adresse : https://whdl.org/en/browse/resources/6496. « Le protestantisme a toujours soutenu que le premier acte de Dieu dans le salut de l’homme doit être la justification, c’est-à-dire un changement de relation passant de la condamnation à la justice. Il affirme aussi que, conjointement à l’acte de justification, s’opère un changement intérieur [de nature morale] qu’est la sanctification, ou l’impartation de la justice. »
  • 54
    SCHREINER, Thomas, BARRETT, Matthew. Faith Alone---The Doctrine of Justification. Grand Rapids, MI : Zondervan Academic, 2015, p. 218. « Certes, des progrès ont été réalisés, mais la Déclaration commune n'accomplit pas autant que ce qui est annoncé. Le problème fondamental de nombreux documents œcuméniques réside dans leur ambiguïté. Les deux parties interprètent l'accord d'une manière conforme à leur tradition théologique. En d'autres termes, tant les catholiques que les luthériens ont pu approuver la Déclaration commune sans modifier de manière significative leur théologie. »
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    McCALL, H. Thomas, FRIEDEMAN, T. Caleb, Friedeman, and T. Matt. The Doctrine of Good Works. Grand Rapids, MI : Baker Academic, 2023, p. 24. « [C]e serait également une erreur d’ignorer ou de minimiser l’important terrain commun partagé par les conceptions luthérienne, réformée, anglicane et wesleyenne de la sanctification. Toutes rejettent l’idée que la sanctification serait une sorte d’option facultative du salut — comme si être véritablement sauvé se réduisait à être justifié. Toutes affirment que lorsque Dieu sauve une personne, non seulement son statut légal est changé, mais la personne elle-même l’est aussi. Toutes rejettent les conceptions qui réduisent le salut à la justification, et toutes affirment que le salut produit une transformation décisive. Toutes croient que le salut transforme les pécheurs en saints. »
  • 56
    WALLS, Jerry L. Purgatory: The Logic of Total Transformation. Oxford: Oxford University Press, 2011, p. 41. « [L]e "purgatoire" […] n’est tout au plus qu’une réalité partielle selon la théologie luthérienne. La sanctification reste incomplète dans cette vie, de sorte que la perfection requise par le ciel doit encore s’accomplir au moment de la mort ou après celle-ci. »
  • 57
    KIRKPATRICK, Daniel. Monergism or Synergism: Is Salvation Cooperative or the Work of God Alone?. Eugene, OR : Wipf and Stock Publishers, 2018, chap. 6. « La souffrance dans le purgatoire, en tant que purification des péchés, est entièrement passive (et non active) de la part de l’individu. C’est une observation intéressante, car […] Dieu (dans cette tradition) souhaite que chaque personne exerce son libre arbitre pour acquérir la justice. Dieu n’agit pas de manière passive (selon Küng) lorsqu’il s’agit de justifier les individus en vue du paradis. »
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    GRIDER, J. Kenneth. A Wesleyan Holiness Theology. Kansas City, MO : Beacon Hill Press of Kansas City, 1994, chap. 21. « De nombreux « abus », selon Luther, surgirent en lien avec la doctrine du purgatoire. L'achat d'indulgences permettait de raccourcir le séjour d'une personne au purgatoire, et les acheteurs n'étaient pas tenus de véritablement se repentir. »
  • 59
    BOUNDS, Christopher T.. How are People Saved? The Major Views of Salvation with a Focus on Wesleyan Perspectives and their Implications. Wesley and Methodist Studies, 2011, vol. 3, p. 43-45. « L'augustinisme existe principalement dans la tradition protestante réformée, avec des racines dans la théologie de Martin Luther et de Jean Calvin. »
  • 60
    HELM, Paul. Calvin at the Centre. Oxford : Oxford University Press, 2010, p. 230. « [Calvin] considère que sa vision déterministe est compatible avec la responsabilité humaine. »
  • 61
    FISHER, John M.. Semicompatibilism. In : TIMPE, Kevin [ed.], GRIFFITH, Meghan [ed.], LEVY, Neil [ed.]. The Routledge Companion to Free Will. New York, NY : Routledge Taylor & Francis, 2017, p. 5. « En ce qui concerne le déterminisme causal, le semi-compatibilisme est l'opinion selon laquelle le déterminisme causal est compatible avec la responsabilité morale, indépendamment de la question de savoir si le déterminisme causal exclut la liberté de faire autrement. Là encore, le semi-compatibilisme ne prend pas position sur la question de savoir si le déterminisme causal exclut la liberté de faire autrement ; il est donc compatible à la fois avec le compatibilisme classique [...] et le rejet du compatibilisme classique. ».
  • 62
    CALVIN, Jean. Institution de la religion chrétienne. Aix-en-Provence : Kerygma, 2009, 3.2.7, p. 864. « Nous disons donc, comme l’Écriture le montre avec clarté, que Dieu a décrété une fois, en son conseil éternel et immuable, qui il voulait recevoir en son salut et qui il voulait vouer à la perdition. »
  • 63
    JAMES, Frank A. III. Neglected Sources of the Reformation Doctrine of Predestination Ulrich Zwingli and Peter Martyr Vermigli. Modern Reformation. 1998, vol. 7. « [...] Dieu est absous de toute culpabilité personnelle, ainsi Zwingli peut affirmer que Dieu est "l'auteur, le moteur et l'instigateur" du péché humain. »
  • 64
    CLARK, Gordon H. Religion, Reason, and Revelation. Philadelphia : Presbyterian and Reformed, 1961, p. 237-238. « Qu'il soit dit sans équivoque que cette vision [du déterminisme théologique calviniste] fait certainement de Dieu la cause du péché. Dieu est la seule cause ultime de tout. Il n'y a absolument rien qui soit indépendant de lui. Lui seul est l'être éternel. Lui seul est tout-puissant. Lui seul est souverain. »
  • 65
    KIRKPATRICK, Daniel. Monergism or Synergism: Is Salvation Cooperative or the Work of God Alone?. Eugene, OR : Wipf and Stock Publishers, 2018, p. 136, 148. « Parce que la régénération (un aspect passif) est l’œuvre de Dieu seul, une telle cause instrumentale rend la conversion (son effet) passive. […] Sans la cause de la régénération, l’effet de la conversion n’aurait pas lieu. Ainsi, il n’y a aucune notion de synergisme dans le point de vue réformé sur la conversion. »
  • 66
    OLSON, Roger. Against Calvinism. Grand Rapids : Zondervan, 2011, p. 156. « Ainsi, le Saint-Esprit doit transformer la personne intérieurement de manière efficace, ce qu’on appelle la régénération. Ensuite, la personne née de nouveau désire venir à Christ ; c’est alors qu’elle reçoit la repentance et la foi (la conversion), ainsi que la justification (le pardon et l’imputation de la justice du Christ). »
  • 67
    EVANS, Jeremy A.. Reflections on Determinism and Human Freedom. In : ALLEN, David L.., LEMKE, Steve W. [ed.]. Whosoever Will: A Biblical-Theological Critique of Five-Point Calvinism. Nashville, TN : B&H, 2010, p. 263. « La responsabilité ultime […] réside là où se trouve la cause ultime. »
  • 68
    DAVIS, John Jefferson. The Perseverance of the Saints: A History of the Doctrine. JETS, 1991, vol. 34, n°2, p. 216. Disponible à l’adresse : https://evangelicalarminians.org/wp-content/uploads/2009/12/Davis-History-of-the-Perseverance-of-the-Saints.pdf « La question de savoir si le croyant, maintenant en état de grâce, resterait en grâce jusqu’à la fin était pour Luther une question ouverte. »
  • 69
    CALVIN, Jean. De la Prédestination éternelle de Dieu. Genève : Jean Crespin, 1552, p. 170. Disponible à l’adresse : https://books.google.fr/books?id=SQPsWRpZBIsC. « [Citant Augustin] Pendant qu'ils vivent bien, on les nomme enfants de Dieu : mais pour ce que leur fin doit être mauvaise, la prescience de Dieu ne les nomme pas ainsi. Car il y a des enfants de Dieu, qui sont tels quant à lui, et ne le sont pas encore quant à nous. Et il y en a d'autres, que nous appelons ainsi, pour la grâce temporelle qui est en eux : mais Dieu ne les tient point pour tels. » (Adapté de l’ancien français, gras ajouté)
  • 70
    CALVIN, Jean. Institution de la religion chrétienne. Aix-en-Provence : Kerygma, 2009, 3.2.11-12, p. 492-497.
  • 71
    CALVIN, Jean. Commentaire de Jean Calvin sur le Nouveau Testament. Paris : Librairie de Ch. Meyrueis, 1855, vol. 4, Hébreux 6:4-5, p. 421. Disponible à l'adresse : http://www.unige.ch/theologie/numerisation/Calvin_NT/volume4.pdf. « Mais je dis que ceci n'empêche point que [Dieu] n'arrose aussi les réprouvés du goût de sa grâce, qu'il n'illumine leurs esprits de quelques étincelles de sa lumière, qu'il ne leur fasse sentir sa bonté, et qu'il ne grave aucunement sa parole en leurs cœurs. Autrement, où serait cette foi temporelle de laquelle S. Marc, IV, 17, fait mention ? Il y a donc quelques connaissances même dans le réprouvé, laquelle s’évanouit peu après, ou parce qu'elle n'avait pas si profondes racines qu'elle devait bien avoir, ou parce qu'étant étouffée, elle flétrit. » (Adapté de l’ancien français, gras ajouté)
  • 72
    CALVIN, Jean. Institution de la religion chrétienne. Aix-en-Provence : Kerygma, 2009, 3.2.11, p. 492-493. « [L]’expérience montre que les réprouvés sont parfois touchés d’un sentiment presque semblable à celui des élus, de sorte qu’à leur avis, ils doivent être rangés parmi les croyants. […] Dieu, afin de les maintenir dans cette position et de leur enlever toute excuse, s’insinue dans leur compréhension dans la mesure où sa bonté peut être goûtée sans l’Esprit d’adoption. […] Cela n'empêche pas que le Saint-Esprit accomplisse des actions de moindre envergure chez les réprouvés. [...] Ainsi tombe l’objection qui pourrait être soulevée : si Dieu montre sa grâce, cela devrait être fait de façon certaine et permanente. Mais rien n’empêche Dieu d’illuminer, pour un temps, le cœur de certains par un sentiment de sa grâce, qui s’évanouit ensuite. »
  • 73
    CALVIN, Jean. Institution de la religion chrétienne. Aix-en-Provence : Kerygma, 2009, 3.2.12, p. 494. « [Le réprouvé sujet à la grâce évanescente est] comme un arbre planté trop peu profond pour avoir des racines vivaces, mais qui, pendant quelques années, produit des fleurs et des feuilles et même quelques fruits, et qui finalement se dessèche et meurt. »
  • 74
    KEATHLEY, Kenneth. Salvation and Sovereignty: A Molinist Approach. Nashville : B&H Publishing Group. 2010, chap. 6. « La doctrine de la foi temporaire, une notion d'abord formulée par Calvin mais plus tard développée par Bèze et William Perkins, a encore intensifié le problème de l'assurance dans la théologie calviniste et puritaine. Selon eux, Dieu donne aux réprouvés, qu'il n'a jamais eu l'intention de sauver en premier lieu, un "aperçu" de sa grâce. Se basant sur des passages tels que Matt 7:21–23; Héb 6:4–6, et la parabole du Semeur, Bèze et Perkins attribuent cette fausse foi temporaire à une œuvre inefficace du Saint-Esprit. »
  • 75
    GRIBBEN, Crawford, TWEEDDALE, John W.. T&T Clark Handbook of John Owen, London, T&T Clark, 2022, p. 402. « [...] Owen admet volontiers que l'Esprit induit occasionnellement une illumination partielle de la vérité de l'évangile, qui pourrait produire une certaine conviction de péché et une réforme du comportement. [...] Car, quelle que soit sa ressemblance superficielle avec une véritable conversion, elle est en deçà de cette réalité et explique le phénomène d'une illumination apparemment temporaire décrite en Héb. 6:4. »
  • 76
    PINK, Arthur W.. Studies on Saving Faith. Zeeland, MI : Reformed church Publications, 2009, p. 18-19. « Les Écritures enseignent également que les individus peuvent posséder une foi inspirée par le Saint-Esprit, mais qui ne conduit pas au salut. Cette foi, à laquelle nous faisons référence, est caractérisée par deux éléments que ni l'éducation ni les efforts personnels ne peuvent susciter : la lumière spirituelle et une puissance divine qui incite l'esprit à donner son assentiment. Ainsi, il est possible qu'une personne bénéficie de cette illumination et de cette inclination divines sans pour autant être régénérée. Un exemple solennel de cette situation est exposé dans Hébreux 6:4-6. »
  • 77
    BOETTNER, Loraine. The Reformed Doctrine of Predestination. Philadelphia : The Presbyterian and Reformed Publishing Company, 1932, chap. 14, disponible à l’adresse : https://ccel.org/ccel/b/boettner/predest/cache/predest.pdf « [I]l faut admettre que souvent les opérations communes de l'Esprit sur la conscience éclairée conduisent à la réforme et à une vie religieuse extérieure. Ceux qui sont ainsi influencés sont souvent très stricts dans leur conduite et diligents dans leurs devoirs religieux. Au pécheur éveillé, les promesses de l'Évangile et l'exposition du plan de salut contenus dans les Écritures apparaissent non seulement comme vrais, mais aussi adaptées à sa condition. Il les reçoit avec joie et croit avec une foi fondée sur la force morale de la vérité. Cette foi perdure aussi longtemps que perdure l'état d'esprit par lequel elle est produite. Lorsque cela change, il retombe dans son état habituel d'insensibilité et sa foi disparaît. [...] Souvent, il est impossible pour un observateur ou même la personne elle-même de distinguer ces expériences de celles des vraiment régénérés. » (Gras ajoutés)
  • 78
    GRUDEM, Wayne. Systematic Theology: An Introduction to Biblical Doctrine, Leicester, England & Grand Rapids, MI, Inter-Varsity Press & Zondervan, 1994, p. 860. « [C]ette doctrine de la persévérance des saints, si elle est correctement comprise, devrait susciter une réelle inquiétude, voire de la peur, dans le cœur de ceux qui s’éloignent de Christ. De telles personnes doivent clairement être averties que seuls ceux qui persévèrent jusqu’à la fin sont réellement nés de nouveau. »
  • 79
    WALLS, Jerry L., DONGELL, Jospeh. Why I am not a Calvinist. Downers Grove, IL : InterVarsity Press, 2004, p. 201-202. « Ce qui est vraiment remarquable ici, c'est que des personnes qui reçoivent cette illumination partielle et temporaire semblent pendant un temps être véritablement élues, mais ne le sont en réalité pas. Elles sont trompées par un faux espoir. Cette possibilité effroyable est ce qui hante les calvinistes qui luttent avec l'assurance et la certitude du salut. »
  • 80
    CALVIN, Jean. De la Prédestination éternelle de Dieu. Genève : Jean Crespin, 1552, p. 170. « Telles gens demandent en premier lieu comment nous pourrions être assurés de notre salut, qui selon mon dire, est caché dans le conseil étroit de Dieu. J’ai répondu en mon institution, puisque la certitude de salut nous est proposée en Jésus Christ, que tous ceux qui laissent cette fontaine de vie, de laquelle il nous était aisé de puiser, et vont chercher leur salut aux abîmes qui leurs sont cachées pour le tirer de là, pervertissent tout ordre et font grande injure à Jésus Christ ». (Adapté de l’ancien français, gras ajouté).
  • 81
    CALVIN, Jean. Institution de la religion chrétienne. Aix-en-Provence : Kerygma, 2009, 3.24.9, p. 909. « Grégoire a donc très mal parlé en disant que nous sommes au clair sur notre vocation, mais que nous sommes incertains en ce qui concerne notre élection. »
  • 82
    KEATHLEY, Kenneth. Salvation and Sovereignty: A Molinist Approach. Nashville : B&H Publishing Group. 2010, chap. 6. « Les calvinistes et puritains de l'après-Réforme étaient attachés à un point de vue [...] qui considérait l'assurance comme une grâce donnée après la conversion et discernée par un auto-examen minutieux. »
  • 83
    STANGLIN, Keith. L'assurance du salut selon le calvinisme : quelles perspectives ?. In : Arminianisme Évangélique [en ligne]. 2018. Disponible à l’adresse : https://arminianisme-evangelique.fr/lassurance-du-salut-selon-le-calvinisme-quelles-perspectives/
  • 84
    KEATHLEY, Kenneth. Salvation and Sovereignty: A Molinist Approach. Nashville : B&H Publishing Group. 2010, chap. 6. « Les calvinistes et puritains ultérieurs ont utilisé deux syllogismes, le syllogisme pratique et le syllogisme mystique, dans leur tentative de déterminer l'assurance par déduction logique. Le syllogisme pratique est le suivant : Prémisse majeure : Si la grâce irrésistible se manifeste en moi par de bonnes œuvres, alors je suis élu. Prémisse mineure (pratique) : Je manifeste de bonnes œuvres. Conclusion : Par conséquent, je suis l'un des élus. Mais comment sait-on que la prémisse mineure du syllogisme pratique est vraie pour lui ? Les puritains ont tenté de répondre à cette question par un auto-examen introspectif en utilisant le syllogisme mystique. Le syllogisme mystique est le suivant : Prémisse majeure : Si j'éprouve la confirmation intérieure de l'Esprit, alors je suis élu. Prémisse mineure (mystique) : J'éprouve la confirmation de l'Esprit. Conclusion : Par conséquent, je suis l'un des élus. »
  • 85
    EGBERTS, Egbert. Une « tulipe » peu ordinaire : le calvinisme en question. Olonzac : Éditions l’Oasis, 2016, par. Une réconciliation limitée ? « Il est à craindre que s’opère dans ce genre de Calvinisme ce qui s’est passé dans le Judaïsme : la foi vivante et personnelle est évacuée au profit de l’élection. On n’est plus sauvé par la foi, mais par l’élection. Un tel glissement serait fatal. Je m’empresse de dire qu’il y a des croyants profonds et exemplaires dans le milieu calviniste. Pourtant, cette tendance ne plaide pas en faveur d’une recherche de cette foi sans laquelle il est impossible de plaire à Dieu (Hébreux 11.6). »
  • 86
    WYNKOOP, Mildred Bangs. Les fondements de la théologie wesleyo-arminienne. Chennevière-sur-Marne : Maison des publications nazaréennes, 1999, p. 115. « C'est le caractère conditionnel même du salut biblique qui conduit à une compréhension très sérieuse et très profonde de la sanctification. L'assurance du salut n'est pas un positionnement statique, amoral ou antinomien. [...] L'antithèse vraie du Calvinisme est la conception wesleyenne (et biblique, croyons-nous) de la sanctification avec ce que cela suppose comme dynamisme et engagement ».
  • 87
    KEATHELY, Kenneth D. The Work of God: Salvation. In : AKIN, Daniel L. [ed.]. A Theology for the Church. Nashville: B&H Academic, chap. 12.
  • 88
    BOUNDS, Christopher T.. How are People Saved? The Major Views of Salvation with a Focus on Wesleyan Perspectives and their Implications. Wesley and Methodist Studies, 2011, vol. 3, p. 39-43. « […] les théologiens en dehors de la tradition wesleyenne ont utilisé le terme [semi-augustinisme] pour décrire la position arminienne, et de plus en plus, les wesleyens utilisent le terme pour décrire leur position et montrer sa relation avec l’augustinisme. »
  • 89
    OLSON, Roger E. The Classical Free Will Theist Model of God. In : WARE, Bruce. Perspectives on the Doctrine of God: Four Views. Nashville, TN : B&H Publishing Group, 2008, p. 149. « Le théisme classique du libre arbitre est ce modèle trouvé implicitement chez les anciens pères de l’Eglise grecs, la plupart des philosophes et théologiens médiévaux. […] Le théisme classique du libre arbitre décrit le libre arbitre comme incompatible avec le déterminisme. »
  • 90
    MORELAND, J. P., CRAIG, William Lane. Philosophical Foundations for a Christian Worldview: 2nd Edition. Downers Grove, IL : IVP Academic, an imprint of InterVarsity Press, 2017, chap. Free will and determinism.
  • 91
    OLSON, Roger. Against Calvinism. Grand Rapids : Zondervan, 2011, p. 67. « La théologie arminienne classique, notamment celle de John Wesley (1703–1791), affirme la dépravation totale de l’être humain et son incapacité absolue à tourner sa volonté vers Dieu sans une intervention surnaturelle. Elle enseigne que c’est par l’action de la grâce prévenante — cette œuvre de l’Esprit qui éclaire, convainc, appelle et rend capable — que le pécheur reçoit la possibilité de répondre à l’Évangile par la foi et la repentance. Cette grâce, tout en rendant l’être humain libre intérieurement, peut être acceptée ou refusée. »
  • 92
    McCALL, H. Thomas, FRIEDEMAN, T. Caleb, Friedeman, and T. Matt. The Doctrine of Good Works. Grand Rapids, MI : Baker Academic, 2023, p. 24. « Tandis que la justification concerne le statut légal et renvoie à une justice forensique qui est imputée, la sanctification concerne la personne et renvoie à une justice réelle ou effective, qui est infusée ou transmise [anglais « impartation »], et qui est donc inhérente au croyant. Alors que la déclaration de justification est instantanée, l’œuvre de sanctification est progressive et continue (quoique marquée par des moments ponctuels particulièrement importants). »
  • 93
    GANN, Gerald. Arminius on Apostasy. The Arminian Magazine, 2014, vol. 32, n°2, p. 5-6. Disponible à l’adresse : https://evangelicalarminians.org/arminius-on-apostasy/
  • 94
    L’opinion des remontrants. In : Arminianisme Évangélique [en ligne]. 2020, chap. 5, art. 5. Disponible à l’adresse : https://arminianisme-evangelique.fr/lopinion-des-remontrants/. « Cependant, bien que les vrais croyants puissent tomber dans ces graves péchés détruisant leur conscience, nous ne croyons pas qu’ils soient immédiatement privés de tout espoir de repentance ; bien que nous reconnaissions qu’il soit possible que cette situation puisse en arriver là, nous croyons que Dieu, selon la grandeur de sa miséricorde, peut à nouveau les rappeler à la repentance par sa grâce. Nous pensons même que de tels rappels ont souvent lieu, quand bien même les croyants déchus n’en ont pas une « pleine conscience », cela ne signifie pas que cet acte de grâce n’ait pas eu lieu. » (Adapté de l’ancien français)
  • 95
    WESLEY, John. Sérieuses réflexions sur la persévérance des saints. In : Arminianisme Évangélique [en ligne]. 2020. Disponible à l’adresse : https://arminianisme-evangelique.fr/serieuses-reflexions-sur-la-perseverance-des-saints/. « Si un croyant fait naufrage quant à la foi, il n’est plus un enfant de Dieu. Donc il peut aller en enfer, oui, et il ira même certainement en enfer, s’il persiste à ne pas croire. »
  • 96
    PURKISER, W. T.. Concepts contradictoires de la sainteté. Lenexa, KS : Éditions Foi et Sainteté, 2008, p. 106. Disponible à l’adresse : https://www.whdl.org/sites/default/files/resource/book/FR_purkiser_concepts_0.pdf
  • 97
    HENSHAW, Ben. L'assurance du salut dans l'arminianisme et le calvinisme. In : Arminianisme Évangélique. [En ligne], 2021. Disponible à l’adresse : https://arminianisme-evangelique.fr/lassurance-du-salut-dans-larminianisme-et-le-calvinisme/
  • 98
    STANGLIN, Keith. L'assurance du salut selon le calvinisme : quelles perspectives ?. In : Arminianisme Évangélique [en ligne]. 2018. Disponible à l’adresse : https://arminianisme-evangelique.fr/lassurance-du-salut-selon-le-calvinisme-quelles-perspectives/