Réponses aux objections courantes sur l'expiation illimitée

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De nombreux calvinistes ne croient pas que l'expiation de Jésus à la croix a été effectuée en faveur de tous les hommes. Voici une réponse à leurs objections les plus courantes à l'expiation illimitée.

#1. Si l’expiation est illimitée, alors tous doivent être sauvés (universalisme), car sinon les damnés seraient condamnés alors même que leurs péchés auraient été payés par Christ, ce qui serait incompatible avec la justice de Dieu.

Il est important de distinguer la provision de l’imputation.

Initialement, le sacrifice de Christ offre une provision pour le pardon des péchés de chaque humain. Cette provision est imputée à une personne uniquement au moment où celle-ci s’unit à Christ par la foi. Les damnés sont des personnes pour lesquelles l’œuvre de Christ n’a jamais été imputée, les rendant ainsi toujours coupables de leurs péchés lors du jugement de Dieu.

#2. Dans l’expiation illimitée, le péché d’incrédulité semble avoir été exclu de l’œuvre de la croix, étant donné qu’une personne doit avoir la foi (sortir de l’incrédulité) pour être pardonnée.

L’incrédulité nous exclut du pardon, non du fait de l’absence de sa prise en compte à la croix, mais du fait que cette position signifie l’absence de la foi qui est la condition de l’imputation. Pour ce péché comme pour les autres, la distinction provision / imputation reste de mise. D’ailleurs, le fait qu’une personne ait la foi (en sortant de l’incrédulité) n’implique pas qu’elle n’aurait plus besoin d’être pardonnée de son incrédulité passée.

N. B. : Les principes des réponses #1 et #2 sont également vrais dans le cadre de l’expiation limitée. Les calvinistes, par exemple, ne voient rien d’injuste au fait que Dieu considère coupables les élus avant qu’ils aient foi en Christ (Ep 2:3). La problématique de ces deux points se porte sur la distinction provision/imputation, et non sur l’étendue de la provision.

#3. Plusieurs passages démontrent explicitement que Christ est mort uniquement pour les élus. Ex : « Le bon berger donne sa vie pour ses brebis. »

Le fait que des passages bibliques affirment que Christ est mort pour un groupe restreint n’indique pas que Christ est mort exclusivement pour le groupe en question. Dans Galates 2:20, Paul énonce que Christ s’est livré pour lui, et personne n’en déduit que Christ serait mort exclusivement pour Paul. Si des versets assurent l’universalité de l’expiation (et c’est le cas : 1Jn 2:2 ; 1Tm 2:4-6, 4:10 ; He 2:9 ; Rm 5:18 ; et d’autres), alors nous comprenons que les passages non universels le sont pour des raisons contextuelles et non normatives.

Concernant les passages mentionnant que Christ est mort ou s'est donné pour « beaucoup » (Es 53:12 ; Mt 20:28 ; Mc 10:45 ; 14:24 ; He 9:28), nous suivons la position de Calvin affirmant que dans ces passages « beaucoup » n'est pas en opposition à « tous »1Ésaïe 53:12 « J'approuve la lecture ordinaire, selon laquelle Il a porté seul le châtiment de beaucoup, parce que c'est sur Lui que reposait la culpabilité du monde entier. Il est évident, d'après d'autres passages, et notamment d'après le cinquième chapitre de l'épître aux Romains (Rm 5:12), que beaucoup désigne parfois tous. » CALVIN, John. Commentary on Isaiah 53. In : Calvin's Commentary on the Bible. 1840-57. Disponible à l'adresse : https://www.studylight.org/commentaries/eng/cal/isaiah-53.html2Matthieu 20:28 « Le mot "beaucoup" est employé, non pour un nombre défini, mais pour un grand nombre, en ce sens qu'il se place en regard des autres. Et c'est aussi son sens en Rom. 5:15, où Paul ne parle pas d'une partie de l'humanité, mais de toute la race humaine. » CALVIN, John. Commentary on Matthew 20. In : Calvin's Commentary on the Bible. 1840-57. Disponible à l'adresse : https://www.studylight.org/commentaries/eng/cal/matthew-20.html. Voir également les commentaires de Calvin sur Mc 14:24 ; Mt 26:28 ; He 9:28.. D'autres théologiens soutiennent cette ligne d'interprétation, notamment en argumentant que dans ce contexte, « beaucoup » fait référence à un idiome hébreu signifiant tous, en référence à Ésaïe 53:11-12.3ALLEN, David L. A Critique of Limited Atonement. In : Calvinism: A Biblical and Theological Critique. Nashville, TN : B&H Publishing Group, 2022, p. 81-82. Extrait disponible à l'adresse : https://www.google.fr/books/edition/Calvinism_A_Biblical_and_Theological_Cri/GWd9EAAAQBAJ?hl=fr&gbpv=1&pg=PT81&printsec=frontcover. De plus, le terme « beaucoup » est parfois utilisé pour faire un contraste avec « peu », et non avec « tous » (voir, par exemple, Romains 5:15)4GEISLER, Norman L. Chosen But Free. Grand Rapids, MI : Baker Publishing Group, 2010, p. 75-76. Extrait disponible à l'adresse : https://www.google.fr/books/edition/Chosen_But_Free/FRuvF3DukwQC?hl=fr&gbpv=1&pg=PA75&printsec=frontcover. La totalité d'un petit ensemble peut être décrit comme « peu » alors que la totalité d'un grand ensemble peut être décrit comme « beaucoup ». En d'autres mots, « beaucoup » dans ces passages, n'implique pas nécessairement comme lecture « beaucoup, mais pas tous », mais plus probablement « la totalité composée d'un grand nombre ».

#4. Une partie de l’œuvre expiatoire de Christ est donc inutile (gâchée). Cela manifeste une sorte de faiblesse dans le dessein de Dieu.

L’œuvre expiatoire de Christ n’est en aucun cas inutile. En effet, même pour les damnés, elle a pour effet de rendre leur salut possible et de manifester, à tous, la grandeur (sans partialité) de l’amour et de la miséricorde de Dieu (Rm 5:20).

#5. Dans cette position, seule l’étendue de l’œuvre expiatoire de Christ est illimitée, alors que son efficacité est limitée, car elle ne sauve personne à elle seule (contrairement, soi-disant, à la position de l’expiation limitée).

L’efficacité est identique au sein des deux positions (illimitée/limitée). En effet, chacune des positions affirme que sans la foi le pardon n’est pas imputé aux personnes. Il n’y a donc aucune différence d’efficacité au sujet du sacrifice de Christ. Le même objectif est pleinement accompli : provisionner le salut et ainsi sauver ceux qui s’unissent à Christ par la foi.

Références