L'homme participe-t-il à l'œuvre du salut ?

[À la question, « L'homme participe-t-il à l'œuvre du salut ? » les arminiens répondent : « Dieu est le seul auteur du salut, mais a prévu que l'homme participe à sa réception ».  Ceci engendre chez nos frères calvinistes des objections récurrentes traitées ici :]

Objection 1

Qui a le dernier mot en matière de salut ? Qui fait le choix décisif ? Dieu ou l'homme ? Une théologie centrée sur Dieu fait reposer le choix sur Dieu, tandis qu'une théologie centrée sur l'homme fait reposer le choix sur l'homme.

Réponse

Dieu a déterminé que le salut serait donné à ceux qui croient en son Fils. Dans cette perspective, l'homme détermine s'il accepte le don gratuit de Dieu avec l'aide de sa grâce. Lorsque les calvinistes confondent ces deux choix, c'est-à-dire le choix de l'homme et le choix de Dieu, comme s'il s'agissait d'une seule et même chose, Dieu devient celui qui choisit non seulement les conditions de la vie éternelle, mais qui choisit également qui les remplira et qui ne les remplira pas. Cela conduit à la confusion et à une représentation erronée de Dieu1LEIGHTON, Flowers. A Critique of Unconditional Election. In : ALLEN, David L. Allen; LEMKE, Steve W Lemke. Calvinism: A Biblical and Theological Critique. B& H Publishing Group, 2022, p. 54-55. « Ce n'est que lorsqu'un calviniste mélange le choix humain de se repentir humblement dans la foi avec le choix de Dieu de sauver quiconque s'y adonne, qu'un dilemme est créé. En d'autres termes, les calvinistes ont créé un dilemme en amalgamant deux choix distincts comme s'il n'en faisant qu'un et en les nommant ensemble « salut ».. [...]

Objection 2

Dans le cadre du théisme du libre arbitre, quel est le pourcentage, ou le ratio, accompli par l'homme en dehors de Dieu dans l'œuvre du salut ?  [...] Dans le semi-pélagianisme, ou d'autres formes comme l'arminianisme, le scénario le plus favorable pourrait conduire à un ratio de 99/1. Néanmoins, cela implique toujours que l'homme participe à son propre salut, et qu'ainsi le salut ne peut pas être crédité 100 % à Dieu.

Réponse

Pour résumer, l'objecteur pense que la voie valable est celle de la grâce irrésistible, qui fait de Dieu le seul contributeur [...]. Il faut comprendre que cela découle de la perspective calviniste selon laquelle si, nous étions la cause première de l'acceptation du don gratuit du salut de la part de Dieu, alors nous contribuerions dans une certaine mesure nous-mêmes au salut.

Par analogie, nous pouvons répondre à l'objecteur que la prochaine fois qu'une personne lui offre un cadeau, elle ne peut, en toute conscience, l'accepter. En effet, si elle l'acceptait, cela contribuerait naturellement à un certain pourcentage de son cadeau, ce qui lui donnerait du crédit, et donc ne ferait plus du cadeau un cadeau. En acceptant le cadeau, il pourrait même s'établir comme « donateur », car ils n'auraient jamais reçu le cadeau s'ils n'avaient pas dit « oui ». L'absurdité de cette analogie devrait permettre de comprendre le problème.

[...] Le Calvaire n'était dû à personne, mais Dieu est à 100% la cause de son choix d'offrir le pardon, simplement par la bonté de son cœur, et il envoie continuellement des serviteurs pour répandre son message de réconciliation. Le choix de l'homme de recevoir ou de rejeter le don gracieux de Dieu est aussi à 100 % causé par lui [...]. [Le fait de simplement reconnaître la responsabilité de l'homme dans l'acceptation et/ou le rejet des appels de Dieu à la réconciliation n'affecte en rien ce pourcentage. Ce n'est que lorsqu'un calviniste mélange le choix humain de se repentir humblement dans la foi avec le choix de Dieu de sauver quiconque, le fait que ce genre de dilemme est créé. En d'autres termes, les calvinistes ont créé un dilemme en amalgamant deux choix distincts comme s'il n'en faisant qu'un et en les nommant ensemble « salut »2LEIGHTON, Flowers. A Critique of Unconditional Election. In : ALLEN, David L. Allen; LEMKE, Steve W Lemke. Calvinism: A Biblical and Theological Critique. In : B&H Publishing Group, 2022, p. 54-55..

Conclusion

[N.D.L.R. : Les arminiens et les calvinistes sont d'accords sur les points suivants :

1. Dieu est celui qui cause la provision du salut à 100%, ce qui sous-entend que :
- Dieu seul est celui qui cause la capacité de choisir et de vouloir la foi par l'humain, soit par la grâce prévenante (arminiens), soit par l'appel efficace (calvinistes).
- Dieu seul est celui qui créer la foi dans l'homme, soit par la grâce résistible (arminiens), soit par la grâce irrésistible (calvinistes).
- Dieu seul est celui qui cause la régénération par la grâce régénératrice (arminiens et calvinistes).

2. L'homme est 100% responsable de l'acceptation de la foi (arminiens et calvinistes)3Sur le plan terminologique, l'association ou non de la foi à celle d'« œuvre méritoire », d'« œuvre bonne », d'« œuvre louable » est conditionnée par le sens que l'on donne à la notion de mérite, de pertinence, de louange. Si de telles expressions impliquent une participation à la provision du salut, alors dans ce sens, la foi n'est pas une œuvre méritoire, bonne ou louable. Si de telles expressions décrivent uniquement la pertinence de l'acceptation de la provision du salut, alors dans ce sens, la foi est une œuvre méritoire, bonne ou louable.. En effet, chacun des systèmes, qu'il soit déterministe semi-compatibiliste (calviniste) ou incompatibiliste (arminien) promeut la pleine responsabilité morale de l'homme pour tous ses actes sans exception4BIGNON, Guillaume. Excusing Sinners and Blaming God. Eugene, OR : Pickwick Publications, 2017, p. 232. « Dans une tentative d'exclure la vantardise, les théologiens (les calvinistes en particulier) pourraient être tentés de dire qu'il n'y a aucun éloge dans toute action juste en général, et dans la décision de se repentir et de croire en particulier. Cette démarche est louable dans son intention, mais non viable dans son application. L'éloge et le blâme sont les deux faces de la même pièce de monnaie que constitue la responsabilité morale. Si l'une disparaît, l'autre disparaît aussi, et nier la louabilité reviendrait, je le crains, à nier aussi la blâmabilité, ce qui est inacceptable compte tenu des conceptions orthodoxes du jugement divin. Une grande partie du présent travail a consisté à défendre la compatibilité de la responsabilité morale avec le déterminisme, dans l'espoir évident de maintenir la vérité des deux. Ainsi, les déterministes ne devraient pas nier l'éloge moral des actes justes, car il n'y a pas d'asymétrie à ce niveau entre l'éloge du bien et le blâme du mal : les deux sont impliqués par la responsabilité morale humaine. [...] Le pécheur qui, sous l'intervention active de Dieu, s'abstient de pécher est moralement responsable (louable) de son choix juste, mais il ne doit pas se vanter précisément parce qu'il aurait péché sans l'intervention spéciale de Dieu. [...] [L]es sauvés peuvent difficilement se vanter d'être sauvés, étant donné qu'ils auraient rejeté l'Évangile sans l'amour électif de Dieu et l'extension providentielle de la grâce effective. ».

Le point de divergence est la réception du salut :
- Dans l'arminianisme, l'acceptation de la foi est causée par l'homme, par sa non-résistance à la grâce prévenante divine.
- Dans le calvinisme, l'acceptation de la foi est causée par Dieu, par la grâce irrésistible.
Pour cette raison, certains calvinistes considèrent que la foi des arminiens est une œuvre de participation au salut. L'article a tenté de montrer à combien cette affirmation est absurde.

Pour plus de détails, voir : Monergisme et synergisme dans le processus du salut]


Article original : COORDS, Richard. Choice Principles. In : Society of Evangelical Arminians [en ligne]. 2021-04-12 [consulté le 2022-01-06]. Disponible à l’adresse : https://evangelicalarminians.org/richard-coords-choice-principles/

Références

  • 1
    LEIGHTON, Flowers. A Critique of Unconditional Election. In : ALLEN, David L. Allen; LEMKE, Steve W Lemke. Calvinism: A Biblical and Theological Critique. B& H Publishing Group, 2022, p. 54-55. « Ce n'est que lorsqu'un calviniste mélange le choix humain de se repentir humblement dans la foi avec le choix de Dieu de sauver quiconque s'y adonne, qu'un dilemme est créé. En d'autres termes, les calvinistes ont créé un dilemme en amalgamant deux choix distincts comme s'il n'en faisant qu'un et en les nommant ensemble « salut ».
  • 2
    LEIGHTON, Flowers. A Critique of Unconditional Election. In : ALLEN, David L. Allen; LEMKE, Steve W Lemke. Calvinism: A Biblical and Theological Critique. In : B&H Publishing Group, 2022, p. 54-55.
  • 3
    Sur le plan terminologique, l'association ou non de la foi à celle d'« œuvre méritoire », d'« œuvre bonne », d'« œuvre louable » est conditionnée par le sens que l'on donne à la notion de mérite, de pertinence, de louange. Si de telles expressions impliquent une participation à la provision du salut, alors dans ce sens, la foi n'est pas une œuvre méritoire, bonne ou louable. Si de telles expressions décrivent uniquement la pertinence de l'acceptation de la provision du salut, alors dans ce sens, la foi est une œuvre méritoire, bonne ou louable.
  • 4
    BIGNON, Guillaume. Excusing Sinners and Blaming God. Eugene, OR : Pickwick Publications, 2017, p. 232. « Dans une tentative d'exclure la vantardise, les théologiens (les calvinistes en particulier) pourraient être tentés de dire qu'il n'y a aucun éloge dans toute action juste en général, et dans la décision de se repentir et de croire en particulier. Cette démarche est louable dans son intention, mais non viable dans son application. L'éloge et le blâme sont les deux faces de la même pièce de monnaie que constitue la responsabilité morale. Si l'une disparaît, l'autre disparaît aussi, et nier la louabilité reviendrait, je le crains, à nier aussi la blâmabilité, ce qui est inacceptable compte tenu des conceptions orthodoxes du jugement divin. Une grande partie du présent travail a consisté à défendre la compatibilité de la responsabilité morale avec le déterminisme, dans l'espoir évident de maintenir la vérité des deux. Ainsi, les déterministes ne devraient pas nier l'éloge moral des actes justes, car il n'y a pas d'asymétrie à ce niveau entre l'éloge du bien et le blâme du mal : les deux sont impliqués par la responsabilité morale humaine. [...] Le pécheur qui, sous l'intervention active de Dieu, s'abstient de pécher est moralement responsable (louable) de son choix juste, mais il ne doit pas se vanter précisément parce qu'il aurait péché sans l'intervention spéciale de Dieu. [...] [L]es sauvés peuvent difficilement se vanter d'être sauvés, étant donné qu'ils auraient rejeté l'Évangile sans l'amour électif de Dieu et l'extension providentielle de la grâce effective. »