À la question, « L'homme participe-t-il à l'œuvre du salut ? » les arminiens répondent : « Dieu est le seul auteur du salut et a prévu que l'homme participe à sa réception ». Ceci engendre chez nos frères calvinistes une objection récurrente traitée ici :
Objection
Dans le cadre du théisme du libre arbitre, quel est le pourcentage accompli par l'homme dans l'œuvre du salut ? Le scénario le plus favorable dans l'arminianisme pourrait conduire à un ratio de 1 % pour l'homme et 99 % pour Dieu. Quel qu'il soit exactement, dans ce cadre l'homme participe toujours à son salut et celui-ci ne peut donc être crédité à Dieu à 100 %1COORDS, Richard. Choice Principles. In : Society of Evangelical Arminians [en ligne]. 2021-04-12 [consulté le 2022-01-06]. Disponible à l’adresse : https://evangelicalarminians.org/richard-coords-choice-principles/.
Réponse : La provision du salut doit être distinguée de son acceptation
Si on confond « la provision du salut » et « l'acceptation de la provision du salut », en appelant l'ensemble « l'oeuvre du salut », alors dans cette mesure l'homme contribue à son salut. De même si on confond « la provision d'un cadeau » et « l'acceptation d'un cadeau », en appelant l'ensemble « le don d'un cadeau », alors la personne qui reçoit un cadeau participe au don du cadeau.
« Nous pouvons répondre à l'objecteur que la prochaine fois qu'une personne lui offre un cadeau, elle ne peut, en toute conscience, l'accepter. En effet, si elle l'acceptait, cela contribuerait naturellement à un certain pourcentage de son cadeau, ce qui lui donnerait du crédit, et donc ne ferait plus du cadeau un cadeau. En acceptant le cadeau, il pourrait même s'établir comme « donateur », car ils n'auraient jamais reçu le cadeau s'ils n'avaient pas dit « oui ». L'absurdité de cette analogie devrait permettre de comprendre le problème2COORDS, Richard. Choice Principles. In : Society of Evangelical Arminians [en ligne]. 2021-04-12 [consulté le 2022-01-06]. Disponible à l’adresse : https://evangelicalarminians.org/richard-coords-choice-principles/. »
Si, du côté calviniste, l'acceptation de la foi n'était plus perçue comme une participation méritoire à l'œuvre du salut, cela mettrait définitivement fin au débat. Par exemple, le théologien calviniste John Piper a, dans le passé, affirmé que l'acceptation de la foi ne constituait pas une action méritoire3PIPER, John. Y a-t-il un mérite à notre foi ?. In: The Gospel Coalition [en ligne]. 1976-04-01 [consulté le 2022-12-08]. Disponible à l’adresse : https://evangile21.thegospelcoalition.org/article/y-a-t-il-un-merite-a-notre-foi/. Cependant, il semble qu’il ait depuis révisé cette position.
Conclusion
D'une part, la provision du salut est accomplie à 100 % par Dieu et à 0 % par l'homme. D'autre part, l'acceptation du salut doit être accomplie à 100 % par l'homme et à 0 % par Dieu. Comme le résume Flowers : « Ce n'est que lorsqu'un calviniste mélange le choix humain de se repentir humblement dans la foi avec le choix de Dieu de sauver quiconque s'y adonne, qu'un dilemme est créé. En d'autres termes, les calvinistes ont créé un dilemme en amalgamant deux choix distincts comme s'il n'en faisant qu'un et en les nommant ensemble « salut »4LEIGHTON, Flowers. A Critique of Unconditional Election. In : ALLEN, David L. Allen; LEMKE, Steve W Lemke. Calvinism: A Biblical and Theological Critique. B& H Publishing Group, 2022, p. 54-55..»
Pour plus de détails, voir : Monergisme et synergisme dans le processus du salut.