Le processus du salut dans le calvinisme et l'arminianisme

Lac sapins

1. Tableau comparatif

Voici un tableau comparatif présentant les différentes étapes du processus du salut dans l'arminianisme et le calvinisme. La succession des étapes respecte chacun des ordo salutis. On indique la cause initiale (ou ultime) des actions impliquées ainsi que les responsabilités associées. On donne aussi à titre indicatif les formes de grâce divine ainsi que les étapes qu'elles concernent généralement.

Processus de salut arminianisme calvinisme

Commentaires sur les forme de grace :
Dans l'arminianisme, la grâce prévenante s'adresse autant aux élus qu'aux non élus.

Dans le calvinisme, l'appel efficace s'adresse aux élus et la grâce évanescente aux non-élus, cette dernière faisant partie de la grâce commune.

Dans l'arminianisme, la grâce justifiante et sanctifiante sont résistibles.

Dans le calvinisme, la grâce irrésistible et celle associée à la « persévérance des saints » sont irrésistibles.

2. Auteurs des actions (points d'accord)

Calvinisme et arminianisme :

  1. Dieu est la cause initiale de la vocation.
  2. Dieu est la cause initiale du don de la foi.
  3. Dieu est la cause initiale de la régénération.

3. Auteurs des actions (point de désaccord)

  1. Arminianisme :  L'homme est la cause initiale de l'acceptation de la foi.
  2. Calvinisme : Dieu est la cause initiale de l'acceptation de la foi.

4. Responsabilités des actions (point d'accord)

Calvinisme1BIGNON, Guillaume. Excusing Sinners and Blaming God. Eugene, OR : Pickwick Publications, 2017, p. 232. « Dans une tentative d'exclure la vantardise, les théologiens (les calvinistes en particulier) pourraient être tentés de dire qu'il n'y a aucun éloge dans toute action juste en général, et dans la décision de se repentir et de croire en particulier. Cette démarche est louable dans son intention, mais non viable dans son application. L'éloge et le blâme sont les deux faces de la même pièce de monnaie que constitue la responsabilité morale. Si l'une disparaît, l'autre disparaît aussi, et nier la louabilité reviendrait, je le crains, à nier aussi la blâmabilité, ce qui est inacceptable compte tenu des conceptions orthodoxes du jugement divin. Une grande partie du présent travail a consisté à défendre la compatibilité de la responsabilité morale avec le déterminisme, dans l'espoir évident de maintenir la vérité des deux. Ainsi, les déterministes ne devraient pas nier l'éloge moral des actes justes, car il n'y a pas d'asymétrie à ce niveau entre l'éloge du bien et le blâme du mal : les deux sont impliqués par la responsabilité morale humaine. [...] Le pécheur qui, sous l'intervention active de Dieu, s'abstient de pécher est moralement responsable (louable) de son choix juste, mais il ne doit pas se vanter précisément parce qu'il aurait péché sans l'intervention spéciale de Dieu. [...] [L]es sauvés peuvent difficilement se vanter d'être sauvés, étant donné qu'ils auraient rejeté l'Évangile sans l'amour électif de Dieu et l'extension providentielle de la grâce effective. » et arminianisme :

  1. Dieu est responsable de la vocation, du don de la foi et de la régénération.
  2. L'homme est responsable de l'acceptation de la foi.

Remarques de conclusion

Calvinistes et arminiens s'accordent sur le fait que l'acceptation de la foi est une responsabilité donnée par Dieu à l'homme. Les calvinistes défendent une vision d'un Dieu monocausal qui se traduit par un déterminisme théologique. Le désaccord provient du fait que dans cette vision, Dieu est la cause initiale de tout, y compris de l'acceptation de la foi. En revanche, les arminiens soutiennent que si Dieu confie une responsabilité à l'homme, cela implique que l'homme soit la cause initiale de son choix, qu'il accepte ou rejette la foi.


Pour plus de détails, voir : Monergisme et synergisme dans le processus du salut

Toute reproduction interdite

Références

  • 1
    BIGNON, Guillaume. Excusing Sinners and Blaming God. Eugene, OR : Pickwick Publications, 2017, p. 232. « Dans une tentative d'exclure la vantardise, les théologiens (les calvinistes en particulier) pourraient être tentés de dire qu'il n'y a aucun éloge dans toute action juste en général, et dans la décision de se repentir et de croire en particulier. Cette démarche est louable dans son intention, mais non viable dans son application. L'éloge et le blâme sont les deux faces de la même pièce de monnaie que constitue la responsabilité morale. Si l'une disparaît, l'autre disparaît aussi, et nier la louabilité reviendrait, je le crains, à nier aussi la blâmabilité, ce qui est inacceptable compte tenu des conceptions orthodoxes du jugement divin. Une grande partie du présent travail a consisté à défendre la compatibilité de la responsabilité morale avec le déterminisme, dans l'espoir évident de maintenir la vérité des deux. Ainsi, les déterministes ne devraient pas nier l'éloge moral des actes justes, car il n'y a pas d'asymétrie à ce niveau entre l'éloge du bien et le blâme du mal : les deux sont impliqués par la responsabilité morale humaine. [...] Le pécheur qui, sous l'intervention active de Dieu, s'abstient de pécher est moralement responsable (louable) de son choix juste, mais il ne doit pas se vanter précisément parce qu'il aurait péché sans l'intervention spéciale de Dieu. [...] [L]es sauvés peuvent difficilement se vanter d'être sauvés, étant donné qu'ils auraient rejeté l'Évangile sans l'amour électif de Dieu et l'extension providentielle de la grâce effective. »