Le sceau du Saint-Esprit, symbolisme et implications (Éphésiens 1:13 et 4:30)

En lui vous aussi, après avoir entendu la parole de la vérité, l’Évangile de votre salut, en lui vous avez cru et vous avez été scellés du Saint-Esprit qui avait été promis, lequel est un gage de notre héritage, pour la rédemption de ceux que Dieu s’est acquis, pour célébrer sa gloire. [...] N’attristez pas le Saint-Esprit de Dieu, par lequel vous avez été scellés pour le jour de la rédemption. (Eph. 1:13, 14; 4:30)

1. La signification du mot « sceau » à l'époque où Paul écrivait

Un sceau n'est pas un cadenas. Souvent, il s'agissait d'un sceau de cire réalisé à l'aide d'un cachet gravé pour montrer qu'un objet n'avait pas été ouvert. Cela pouvait par exemple concerner un rouleau (Apocalypse 5:1) ou un contenant quelconque ayant été fermé (Daniel 6:17).

Dans les temps anciens, lorsque les hommes achetaient des sacs de marchandises sur un marché, s'ils devaient revenir plus tard pour récupérer les sacs, (car en effet ils devaient revenir avec le montant total de l'achat) ils fermaient parfois les sacs et plaçaient des sceaux de cire sur les ouvertures des sacs pour montrer que :
1) ces sacs appartenaient à l'homme qui possédait ce sceau particulier et
2) le contenu des sacs n'avait pas été altéré pendant l'absence de l'acheteur.

Similairement, si je suis dans une épicerie et que mon enfant joue avec des bocaux sur les étagères du magasin, je pourrais lui dire : « Ne touche pas au couvercle des bocaux, dont le contenu est scellé jusqu'au jour où ils seront achetés ». Je ne dis pas que le bocal sera scellé quoi qu'il arrive, mais plutôt que puisque le couvercle est ce qui scelle le contenu du bocal, je dis de ne pas le manipuler incorrectement, de peur que le sceau ne soit brisé et que le bocal soit rejeté par les clients.

Ainsi le Saint-Esprit est de manière fonctionnelle notre sceau. Éphésiens 4:30 est donc une mise en garde contre la violation du sceau pendant que nous attendons le jour de la rédemption. [...]

2. Le symbolisme biblique du scellement par le Saint-Esprit

Beaucoup a été dit sur le « scellement » du Saint-Esprit par les défenseurs de la préservation inconditionnelle. Néanmoins, le « scellement » du Saint-Esprit est clairement conditionnel puisque nous pouvons « attrister » et voire « insulter » l'Esprit de grâce, ce qui constitue une apostasie totale (Eph. 4:30 et Héb. 10:29). Le Saint-Esprit est reçu par la foi (Gal. 3:2, 14) et ne peut nous sceller que si nous restons en Christ par la foi. Nous sommes, en fait, scellés en Christ, par le Saint-Esprit, en conséquence directe de la foi (Eph. 1:13). Le scellement du Saint-Esprit présuppose la possession du Saint-Esprit, et seuls les croyants peuvent posséder le Saint-Esprit (Rom. 8:9). Il est donc le garant d'un héritage pour les croyants et non pour les incroyants.

Ceci est très important et doit être compris dans le contexte de notre union avec Christ. Par l'union avec le Christ, nous sommes « prédestinés » à l'adoption et à l'héritage en tant qu'enfants de Dieu, étant « cohéritiers » avec le Christ par l'union de la foi avec Lui (Eph. 1:5, 10-11 ; cf. Rom. 8:17 ; Ga 3:29, 4:7). C'est ce qui est en vue lorsque Paul parle d'être scellé « pour le jour de la rédemption ». L'Esprit nous scelle en Christ par qui seul, nous pouvons atteindre notre destination finale. Mais il ne faut pas supposer que ce scellement est permanent ou incassable. Le texte ne le dit pas du tout.

Il est possible de faire un parallèle avec la circoncision qui était aussi un « sceau » pour ceux sous l'ancienne alliance (Rom. 4:11). Nous savons que ce sceau avait été brisé et n'a rien garanti lorsque ceux qui étaient circoncis ont rompu l'alliance et ont été retranchés du peuple de Dieu (Romains 2:25). Le sceau était conditionné par une foi et une obéissance continues (Rm 2:26-29). Le Saint-Esprit nous marque comme enfants de la nouvelle alliance par la foi en Christ, mais si nous abandonnons la foi, alors l'Esprit de Dieu ne reste plus en nous et nous ne sommes plus scellés en Christ (participants aux bénédictions de l'alliance qui se trouvent dans Lui seul - Eph. 1:3, 7, 10, 11). Seuls ceux qui persévèrent dans une foi obéissante restent scellés par la présence intérieure de l'Esprit (Actes 5:32, Jean 14:15-17 ; Rom. 8:5, 6, 9).

Romains 4:11 est dévastateur pour tout argument qui insiste sur le fait que l'utilisation du mot « scellé » dans Eph. 4:30 doit faire référence à un sceau incassable et permanent ; si tel était le cas, alors le « sceau » (le même mot grec) dont parle Rom. 4:11 doit également avoir été incassable et permanent. Mais ce n'est clairement pas le cas. Au lieu de cela, le scellement de la circoncision était conditionnel et cassable par l'incrédulité (voir Rom. 11:20-23 - les Juifs circoncis sont brisés par l'incrédulité, cf. Rom. 2:25-29). Le scellement décrit dans Rom. 4:11 est directement lié et entièrement dépendant de la « foi » continue. Il s'ensuit donc que tant qu'une personne croit, celle-ci est scellée. Mais il ne s'ensuit pas que le scellement garantit une fidélité continue ou l'atteinte inexorable de la destinée future.

Notez que le scellement du Saint-Esprit est associé à un avertissement de ne pas « l'attrister » dans Éphésiens 4:30. Cela semblerait indiquer qu'il y a un danger à attrister l'Esprit qui nous scelle. Ainsi la référence au scellement est probablement faite dans le but principal de rappeler aux Éphésiens qu'attrister l'Esprit, c'est attrister celui qui nous unit à Christ. Cela rend l'avertissement beaucoup plus emphatique et avertit le croyant de surveiller sa façon de vivre de peur que les péchés qui l'affligent ne le conduisent à l'incrédulité par lequel le sceau est brisé et l'Esprit est finalement « insulté ». Le scellement du Saint-Esprit ne s'applique donc qu'aussi longtemps que « nous n'attristions » pas (Eph. 4:30), et finalement « insultions » (Héb. 10:29) « l'Esprit de grâce » par une désobéissance continue, débouchant potentiellement vers l'apostasie pure et simple.

Ceci est très important. Alors que les calvinistes et les partisans de la sécurité éternelle mettent l'accent sur le « scellement » de la rédemption, ils ont tendance à négliger la signification de l'avertissement attenant d'attrister le Saint-Esprit. Paul a certainement rattaché le bénéfice d'être scellé à l'avertissement de ne pas attrister l'agent du scellement (le Saint-Esprit) pour une raison spécifique. Il est significatif que, dans l'Ancien Testament, Dieu parle des Israélites qui ont « attristé » son Saint-Esprit dans leur rébellion (Ésaïe 63:10). Ces Israélites ont été retranchés de la promesse d'entrer dans le repos de Dieu. Dans leur apostasie, ils sont devenus les ennemis de Dieu,

« Mais ils ont été rebelles, ils ont attristé son Esprit saint; Et il est devenu leur ennemi, il a combattu contre eux. » (Ésaïe 63:10)

Mais concernant la génération future et fidèle, Ésaïe parle de l'Esprit de l’Éternel menant son peuple vers le « repos ». (Ésaïe 63:14). Dans le Nouveau Testament, le « repos » en vue pour les croyants est le repos éternel que tous les croyants atteindront sur la Nouvelle Terre et dans la Nouvelle Jérusalem. L'auteur d'Hébreux a continuellement parlé de la promesse eschatologique pour les croyants du repos éternel, et a averti son audience de croyants de ne pas manquer ce repos promis en endurcissant leur cœur dans l'incrédulité, tout comme l'ont fait les Israélites qui se sont rebellés contre Dieu dans le désert (Héb. 2:1-4, 3:5-4:11, 6:4-8, 10:26-3, 11:13-16, 12:15-25, etc.). [En complément voir : Les passages d’avertissement de l’épître aux Hébreux]

Il semble donc très probable que Paul ait eu ces motifs à l'esprit en écrivant Eph. 4:30. L'Esprit scelle les croyants pour le « jour de la rédemption » (le jour du repos eschatologique final pour le peuple de Dieu). C'est pour cette raison que les croyants doivent être sur leurs gardes afin de ne pas attrister le Saint-Esprit qui les scelle, au risque de briser effectivement ce sceau par l'incrédulité. Ce faisant, ils se rendraient à nouveau ennemis de Dieu, et manqueraient effectivement le repos promis et garanti à tous croyants, à la condition d'avoir une foi durable. Ainsi, lorsque nous comprenons le but de Paul en associant l'avertissement à la promesse d'Eph. 4:30, nous voyons que le passage soutient bien plus la préservation conditionnelle que la préservation inconditionnelle.

Par conséquent, il n'y a aucune raison biblique de voir le scellement du Saint-Esprit comme inconditionnel ou irrévocable, alors qu'il y a beaucoup de raisons de le voir comme conditionnel à une foi continue. En fait, les avertissements à l'encontre de l'apostasie impliquent à eux seuls la conditionnalité du sceau du Saint-Esprit.


Article original, §1 : KERRIGAN, Jason W.. The Arminian Bible Commentary: Parallel Commentary on Hundreds of Scriptures Commonly Misinterpreted in Our Modern Day. [s. l.] : Lulu.com, 2021, p. 506-508.
Article original, §2 : HENSHAW, Ben. Some Further Reflections on the Nature of the Sealing of the Holy Spirit in Eph. 1:13 and 4:30. In : Arminian Perspectives. [en ligne], 2010-04-16. [consulté le 2021-04-05] Disponible à l’adresse : https://arminianperspectives.wordpress.com/2010/02/16/some-further-reflections-on-the-nature-of-the-sealing-of-the-holy-spirit-in-eph-113-and-430/

Source des citations bibliques : La Sainte Bible : nouvelle édition de Genève 1979. Genève : Société Biblique de Genève, 1979.